Résumé: Le far-west... Un train parcourt le désert avec à son bord, un mystérieux prêtre du nom d'Ivan Isaak. L'un des wagons du train semble étrangement protégé. Quand tout à coup les Mat Riders, une bande de pilleurs attaquent le train afin de libérer leur chef, capturer par le marshal. C'est tout l'enfer débarque sur terre, car ils libèrent par la même occasion des mort-vivants déchainés tuant tous sur leur passage. Leur seul espoir réside en la personne du prêtre, qui arrive à les contenir.
Mais qui est donc ce mystérieux personnage qui aurait vendu son âme au diable ?...
I
van Isaak, prêtre de son état, se retrouve en pleine guerre avec des démons après avoir pactisé - pour une demie âme - avec Vessiel. Afin de sauver l'Humanité de la guerre, l'homme d'église devra affronter les membres d'une secte ainsi que toutes les atrocités émanant de l'Enfer comme du Ciel.
L’ecclésiastique est un être longiligne, sec, élégant. Sa longue chevelure ne sert qu'à cacher un regard dur, malsain et dont émane une bizarrerie, signe de son alliance mystique avec une créature innommable. Ses habits de pistolero parachèvent son apparence leonesque. Il est déterminé, implacable et intelligent ; ses qualités et son expérience font de lui un ennemi redoutable et sans pitié.
L'histoire débute simplement, mais instantanément la folie et noirceur du récit apparaît. Sans temps morts, le scénariste fait suivre l'introduction d'un très long flash-back présentant la tête pensante d'un groupe rebelle, Esther, proche du héros. L'artiste s'en donne à cœur joie en proposant une ribambelle de visages plus étranges les uns que les autres, renvoyant à un tout un pan de l'univers Mad Max et son contexte post-apocalyptique. Le retour en arrière prend la moitié du tome, décision surprenante, mais qui prendra tout son sens avec les prochains épisodes. Après cet interlude, le récit retourne au présent, l'action se situant cette fois-ci dans le village de Saint Baldias. Cette rupture dans la narration permet de renforcer l'importance de la rencontre entre le cow-boy et le onzième disciple de l'ange déchu. Les graphismes ultra-détaillés donnent un côté titanesque à l'affrontement.
L'influence du cinéma de Hong Kong avec ses fusillades à la John Woo ou de la pop culture américaine et son lot de zombies et de monstres poisseux confère un cachet particulier à cette œuvre qui ne recule devant rien pour surprendre. Ce premier volume fait la part belle à l'action, entre massacre impressionnant graphiquement et duels bibliques, le lecteur en a pour son argent. Le mystère nimbant le passé du prêtre damné inspire de nombreuses questions : pourquoi vendre un morceau de son âme ? Pourquoi un conflit entre Vessiel et le reste du panthéon démoniaque ? Que peuvent bien vouloir dire les symboles disséminés dans la BD ? Quel est le rôle de la cheftaine des brigands dans la vie du prédicant et ainsi de suite.
Les dessins sont de qualité, la réédition de Pika permettant d'en apprécier toutes les subtilités par son grand format. L'éditeur fait le choix de proposer une publication sans chapitres, ni sommaire, ce qui dérouter et rendre floue la compréhension chronologique de l'histoire. Quatre tomes sont prévus à partir de cette année et chacun espère que cette fois-ci la tentative de publication de ce monstre du manhwara connaisse une fin.
Hyung Min-woo, le manhwaga propose un cocktail explosif, mélange de surnaturel, de western et de gore à la sauce coréenne. L'entrée en matière est efficace : les amateurs de récits crépusculaires qui veulent découvrir un titre culte de la bande dessinée asiatique seront ravis.