Info édition : Format carré. Vendu dans un foureau. Noté "PREMIÈRE ÉDITION".
Résumé: Hervé Bourhis et Brüno racontent leur amour des musiques noires. Sans évoquer le jazz – sujet monumental –, ils parlent juste des musiques populaires, et uniquement celles issues des États-Unis d'Amérique, entre 1945 et 2015 : de Louis Jordan à Kendrick Lamar, du blues à Beyoncé. Année après année, ils rappellent les événements marquants, les symboles et mentionnent certaines grandes figures culturelles, politiques ou même sportives. À travers une évolution musicale et visuelle se dessine ainsi le récit de l'émancipation lente et toujours inachevée d'un peuple, depuis la ségrégation jusqu'à Obama.
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our son nouveau Petit livre, Hervé Bourhis s’est associé avec Brüno pour dérouler l’histoire de la Black Music. Derrière ce titre un peu trompeur - en effet les auteurs se concentrent uniquement sur la musique noire nord-américaine (en omettant le jazz par manque de place malheureusement) - se cache une chronologie mettant en exergue un album emblématique par année, accompagné de quelques anecdotes remarquables (ou pas).
Pas de doute, le duo a bien potassé son sujet. La sélection et les commentaires – souvent pleins d’esprit – sont globalement éclairants et décrivent bien l’enchaînement des genres et des modes. Malgré tout, l’ouvrage se renferme avec un sentiment d’inachevé. Trop synthétique et fragmentaire, cette abondante discographie souffre d’un manque de mise en contexte socio-historique (les grands événements de la lutte des droits civiques sont à peine évoqués, le côté business est totalement absent, l’influence de la world music également, etc.). Le choix de se concentrer uniquement sur les tubes et les potins est compréhensible et, ne boudons pas notre plaisir coupable, agréable à parcourir, mais finalement très gratuit.
Graphiquement et en noir et blanc évidemment, les deux artistes se sont visiblement régalés en illustrant cette tranche d’Histoire. Brüno, tout particulièrement, revisite avec son style unique pochettes de disques et autres photographies emblématiques. L’ensemble est admirable, autant techniquement qu’artistiquement ; ses relectures se révèlent à la fois fidèles et totalement personnelles. Dommage que la mise en page de ce travail à quatre mains se montre un peu foutraque et que l'accumulation des nombreux commentaires plus ou moins judicieux rendent la lecture fatigante sur la longueur.
Se cachant derrière un aspect faussement encyclopédique, Le petit livre de la Black Music se résume à une introduction très, voire trop généraliste. Résultat, le connaisseur sera déçu, tandis que le novice sera perdu : ils en seront quand même quitte pour les très belles illustrations.