Info édition : Noté "Première édition". Avec 3 pages en fin d'album sur la chronologie historique des années 1961 et 1962 en fin de volume. Avec un vernis sélectif sur la couverture et le 4e plat.
P
etit à petit, Éric Warnauts et Raives dessinent une fresque de l’histoire belge du milieu du XXe siècle. À travers les vies d’une galerie de personnages récurrents, les auteurs ont d’abord exploré les années précédant la Deuxième Guerre (Les temps nouveaux, deux tomes), le conflit lui-même (L’innocente, un tome) et la période qui suit (L’après-guerre, deux tomes). Le quatrième cycle, lui aussi en deux volets, s’est dans un premier temps arrêté en 1958, pour se conclure en 1961.
L’époque est pour le moins houleuse : vive répression de manifestations à Paris, érection d’un mur à Berlin et révolte des Congolais contre le colonisateur belge. Le hasard fait bien les choses puisque les héros de la saga sont aux premières loges de ces tristes spectacles. Nina passe à l’ouest, juste avant que la ville ne soit fractionnée. Elle se réfugie ensuite à Paris où elle assiste, impuissante, aux scènes de violence policière. À des milliers de kilomètres de là, en Afrique, Hortense est assassinée par les révolutionnaires ; son compagnon, Thomas, la vengera brutalement. Mais ce n’est pas tout. Dans cet album, il y a également des tensions familiales, de l’adultère, un mariage interracial et une mère célibataire bisexuelle.
Hésitant entre drame et chronique politique, le récit souffre d’une certaine rigidité, notamment dans les dialogues lorsque les créateurs tentent, tant bien que mal, de situer l’action dans son cadre historique. Une simple contextualisation, sous forme de prologue (plutôt qu’une chronologie des événements en fin de livre), aurait probablement suffi et permis aux auteurs de se centrer sur la narration pour ainsi alléger leur propos.
Le dessin de Warnauts et Raives demeure de belle qualité. Le duo a fait ses devoirs et sa reconstitution des années 1960 est d’une grande précision (publicités de Dubonnet et de VéloSoleX, affiche du film À bout de souffle, etc.). Les images sont par ailleurs magnifiquement mises en couleur par Raives qui réalise seul cette partie du travail, alors que le scénario et les illustrations se font à quatre mains.
Un récit éparpillé. Trop de lieux, trop de personnages, trop de tout et pas suffisamment d’analyse.