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omment fêter les 20 ans de Largo Winch, série-phare de la BD tout public ? En débutant l'album qui marque cet anniversaire par l'équivalent d'une note de service. Avouez-le, il fallait oser. En une page, dense, destinée aux collaborateurs du Groupe W. (cinq cent mille personnes quand même, on espère pour la planète qu'il sera envoyé par e-mail...), la synthèse sur la crise des subprimes, de la « logique » financière initiale à la gangrénisation des autres pans de l'économie mondiale, est claire et didactique. De quoi séduire l'occasionnel des « petits miquets » et lui fournir l'opportunité de s'étonner que la BD ne soit pas qu'une usine à produire des histoires pour gamins de tous âges et des gags à la chaîne (il a déjà oublié qu'il avait eu la même réaction à la lecture d'Il était une fois en France et... d'un Largo précédent, mais chut...). L'exposé rejoint la tonalité escomptée de W., supplément de l'Express annoncé pour la rentrée*, qui devait mêler réalité et fiction pour présenter l'Économie quand, dans sa saga, Jean Van Hamme introduit de la réalité dans sa fiction.
La circulaire compacte digérée, retour à la bande dessinée, avec, au passage, mise au point oculaire de rigueur pour passer du papier à la typo bureaucratique aux couleurs typiques de la série et effacer la moue sur le visage de celui venu pour voir de l'action et non pas recevoir une leçon. Oh ! mais pas si vite mon ami, trois planches seulement et place à une interview de trois pages du milliardaire en blue jeans. Le moment choisi pour exposer quelques conceptions pour faire du business différemment, pour gérer de manière plus humaine et passer en revue la situation connue des grands secteurs économiques puisque le groupe W. est présent dans chacun d'entre eux. Fort heureusement, l'échange tiré d'un Newsweek imaginaire est vivant. Il permet d'intégrer quelques références à des personnages et des épisodes passés, et offre au scénariste la possibilité d'opposer quelques arguments contradictoires à ceux présentés par son personnage (les siens ?), notamment en taxant le propos tenu d'angélisme par la voix d'un journalisme. En revanche, l'autocritique ne va pas jusqu'à relativiser l'éloge fait aux vertus de l'autarcie et de l'indépendance comme garantie pour survivre dans un système d'échanges ouvert et dans lequel les participations croisées sont légion. Joli coup, en revanche, avec la conclusion de cet entretien qui évoque un rendez-vous que le PDG ne manquerait pour rien au monde et qui laisse le lecteur interloqué avant de tourner la page et de revenir aux affaires courantes.
La suite, c'est du business as usual mis en scène par Philippe Francq : diptyque composé de deux titres qui se répondent (la suite de Mer noire sera dans Colère rouge), un enlèvement, des malversations et des crapules de plus ou moins grandes envergures, quelques transferts de fonds, deux pleins de jet prêt à décoller, deux emprunts de motos, un statut de fugitif avec flics et FBI aux fesses, quelques jeux de séduction et d'alcôve avec des créatures qui n'ont froid nulle part. Sans oublier le passé du fidèle Simon qui peut toujours se révéler utile, ni un avocat au physique de scénariste à succès. Au cours des escapades suisses et turques, pour fêter dignement l'anniversaire et mesurer le chemin parcouru, le duo d'auteurs prend même le soin d'inviter deux figures aperçues dans les deux premiers tomes, sans oublier de ménager une petite place pour les protagonistes habituels de la galaxie Winch. Autant d'ingrédients pour rester attentifs et ne pas s'ennuyer durant cette balade dans un environnement connu. À noter à ce sujet, la savoureuse remarque d'un inspecteur qui égrène la liste des collaborateurs de Largo disparus sous des cieux variés, qui marque la distance lucide de celui qui met ces mots dans sa bouche vis à vis de sa création et de situations qui auraient plutôt tendance à se répéter. Gérer c'est anticiper, y compris les critiques.
Avec Mer noire, le passage de 19 à 20 ans devrait s'accompagner d'un passage de 11 à 12 millions d'exemplaires vendus, sans que, ticket en poche pour la suite, il y ait à redire. Bon anniversaire, Largo Winczlav !
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*Finalement, le supplément qui paraîtra avec l'Express le 10 novembre sera dédié à l'Art de vivre au masculin. L'opportunité pour certaines marques de s'afficher avec le héros au moment où l'album envahira les linéaires. Largo ne se contente pas de parler de business, il est business.
La preview
Les avis
PEB
Le 02/04/2020 à 13:31:00
Nouvel album plaisant et sans surprise. Cette fois, Largo est confronté à des difficultés avec sa division marine marchande.
Quelques facilités scénaristiques (l'enquête de Simon en Suisse, la douanière turque qui tombe à point nommé...).
On reprend les mêmes ingrédients set on recommence. Pas révolutionnaire, mais plaisant.
BIBI37
Le 28/02/2016 à 13:00:19
Classique mais efficace.
Comme souvent dans ces histoires en 2 tomes le scénario du 1ier est souvent mieux construit avec une intrigue sur plusieurs niveaux. les dessins sont comme à chaque fois remarquables.
On pourra regretter de ne pas assez creuser les personnages secondaires de la série.
Une série sans prise de tête qui réussit parfaitement à nous divertir.
7/10
CaptMicka
Le 21/08/2011 à 02:30:07
J'avoue que l'histoire a tendance à se répéter, mais les petits détails, qui font la différence arrivent, à solliciter pleinement ma curiosité et mon évasion dans chacun de ses tomes.
Quoi qu'il en soit je suis fan depuis le 1er tome et je sais que j'attends avec toujours autant d'impatience la suite du milliardaire aventurier.
Ma seule véritable déception vient de l'adaptation cinématographique de cette BD, qui est un pur massacre (à croire qu'il n'y a jamais eu de Largo Winch avant les films...).
Hugui
Le 22/01/2011 à 17:01:00
On reprend un Largo par souvenir des plaisirs passés en s'attendant à revoir la même chose, et bien c'est le cas et pourtant ce nouvel opus est très plaisant. Le dessin égal à lui-même, à la fois très réaliste et pourtant typé, et toutes les recettes éprouvés sont la (action, sexe, humour, résonance avec l'actualité...), et ça fonctionne très bien.
A tel point qu'on arrive même à lire le petit cours d'économie au passage (plutôt gonflé dans une bd grand public) et l'interview un peu bisousnours de notre héros.
Bon on est juste un peu énervé que comme d'habitude il soit au fond du trou à la fin de l'album et qu'il va falloir attendre la suite, mais on savait déjà que nos auteurs sont à la fois de bons artisans et de bons business mans.
excessif
Le 15/01/2011 à 08:36:16
Bon, il y en a marre ! Marre de relire une fois de plus la même intrigue, avec les mêmes mécanismes, et le même déroulement : Largo Winch, qu'on a adoré, ronronne et radote, au point qu'il est incompréhensible que Van Damme n'ait pas la moindre véléité de renouveler sa série, qui ne manque pourtant pas de potentiel du fait de la pertinence de son sujet (le capitalisme peut-il être moral ? La seule aventure moderne est-elle celle de l'Argent ?) ! Dans ce registre, on notera quand même avec plaisir les tentatives - appliquées et scolaires, mais bon ! - de nourrir Largo Winch de la crise actuelle, tout en posant les bases (naïves, certes) de ce que pourrait être un capitalisme à visage social.
olirou0
Le 01/01/2011 à 19:42:21
Bonne surprise dans la composition de l'album : note de service, article de presse.
Cependant une histoire qui se répète. On va finir par se croire dans "l'amour du risque".
A acheter, le 1er N° met l'intrigue et les personnages en place, la suite sera surement plus intéressante.
jboss
Le 19/12/2010 à 10:11:36
Bon, on connait la série. Le pb des séries c'est que tout est en place pour une histoire attendue. Et là c'est le cas. Un album avant noël, j'ai quand même vérifié que les auteurs n'avaient pas changé, et résultat : encore une intrigue qui surprend peu. Je n'achèterai pas le prochain.
BIBI37
Le 20/11/2010 à 15:11:25
Dernier album en date de notre play boy milliardaire.
Coté scénario c'est sans surprise ni meilleur ni pire qu'un autre mais une histoire bien rodée qui se laisse lire avec beaucoup de plaisir.
Coté dessins rien à redire comme pendant toute la série d'ailleurs.
J'ai bien aimé le prologue et la longue explication des auteurs sur la crise des sub-primes, si la BD permet de se cultiver un peu on va bouder notre plaisir.
Du lourd.
8/10.
DixSept
Le 16/11/2010 à 22:00:37
La vie de gentleman milliardaire n’est pas une sinécure et Largo Winch doit, cette fois, enquêter sur un trafic d’armes auquel l’une de ses sociétés serait mêlée. Des Etats-Unis aux bords de la mer Noire en passant par la Suisse, Largo devra faire face à maintes péripéties dont certaines ne sont pas exemptes d’un certain charme…
Ecrit de main de maître, ce nouvel opus s’avère être un condensé de ce qui a fait le succès de la série : intrigue à rebondissements, créatures de rêve, ami(e)s fidèles, jet privé, CB sans limite…
Coté graphisme, Philippe Franck maîtrise parfaitement la situation et son trait est rarement pris à défaut.
Bref, un album parfaitement calibré …
kiboko
Le 14/11/2010 à 16:10:31
Une bonne surprise que ce tome 17, avec une histoire qui commence bien, de l'action, et surtout une dose d'humour de qualité je trouve, qui allège la lecture.
Le début de l'histoire ressemble cependant trop à celui du T3 : Largo n'a toujours pas sécurisé sa banque à Lucerne qui détient pourtant les parts de tout le groupe et donc toute sa fortune; on y rentre comme dans un moulin et ce n'est pas très crédible, mais bon...
Dessins superbes deFrancq, comme d'habitude.
herve26
Le 14/11/2010 à 16:09:10
J'ose l'affirmer ici: c'est un très bon cru que ce 17ème (déjà!)opus de Largo Winch.
Beaucoup d'humour ponctue le récit: les tirades de l'inspecteur sur les parachutes dorés ou encore sur le taux de criminalité à New York sont fort bien amenés. D'ailleurs, comme dans "Coke en stock" d'Hergé, Van Hamme fait réapparaitre une brochette de personnages rencontrés dès la première aventures de Largo Winch. Ces guest-stars jouent tous un rôle important dans cette aventure. Il faut noter également le clin d'oeil de Philippe Francq à son scénariste qui reprend le rôle de l'avocat de notre multi-milliardaire.(décidement après le dernier Wayne Shelton, JVH est très présent , dans tous les sens du terme, dans ses bande-dessinées).
Non seulement on retrouve d'anciens personnages mais certaines situations du passé se renouvellent (voir la une du journal suisse à la fin).
Distrayant, atypique (une interview de trois pages de Largo Winch est présente au cours de l'album), drôle et sans aucun temps mort, ce "Largo" se révèle être un des meilleurs de la série, pour le moment.
cachou
Le 14/11/2010 à 11:10:46
Enfin nous voilà avec le nouveau dyptique de Largo Winch.
Cette fois ci Largo est acusé d'avoir monté un assasinat.
Avec l'aide de Simon et de son pilote, il va en Suisse pour connaitre la vérité.
Toujours aussi bien, avec de l'action..., vraiment géniale.