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944, alors que la défaite des Nazis est quasi-définitive et que la France et Paris sont enfin libérés, la reconstruction commence immédiatement. Les différentes factions qui ont lutté de concert contre l'occupant se retrouvent maintenant en concurrence. C'est entendu, De Gaulle triomphe, mais les Communistes espèrent bien être de la partie. Encore plus à l'arrière-plan, d'anciens collaborateurs jouent leur va-tout pour échapper à l'épuration et rester en place. Si les combats dans les rues sont terminés, d'autres débutent dans les coulisses du pouvoir…
Adaptation du livre éponyme de Gérard Delteil, Les années rouge & noir se veut le roman des débuts de l'après-guerre. Quand De Gaulle prend les rênes du pays, sa première tâche est de remettre en marche le plus rapidement toute la machine administrative. Au cœur de l'intrigue, un fichier classé top secret du ministère de l'Intérieur sert de fil rouge. Pour certains, il s'agit d'effacer définitivement des preuves de leur compromission, pour d'autre, il s'agit d'une monnaie d'échange pour négocier sa liberté. L'excellente distribution de personnages à la psychologie très fouillée s'avère impressionnante et met bien en avant la zone grise dans laquelle les protagonistes se débattaient. Les lecteurs d'Il était une fois en France devraient parfaitement se retrouver dans les agissements d'Agnès Laborde, la résistante, et d'Aimé Bacchelli, son « contact » à la préfecture de police.
Premier tome très dense, Agnès est avant tout un tome d'introduction et de présentation. Si Pierre Boisserie et Didier Convard ont eu parfois un peu de peine à caser tous les éléments du texte original, leur version est globalement maîtrisée, quoique très bavarde. Le fil est tendu, mais les différentes scènes se répondent bien. Le mélange entre faits réels et romanesques est particulièrement homogène et pertinent.
Le seul bémol à cette saga en devenir est à porter au débit de Stéphane Douay. En effet, sans démériter sur le fond, son trait se voulant réaliste n'est pas assez constant pour totalement convaincre. Les acteurs sont parfois difficilement reconnaissables, tandis que les décors restent très basiques. Certes, vue l'avalanche d'explications et de dialogues, il lui a peut-être été difficile de vraiment s'exprimer. Espérons juste que le dessinateur saura prendre le dessus pour la suite des événements, car, pris dans son ensemble, ce récit se révèle passionnant !