Info édition : Avec un vernis sélectif sur la couverture et le verso.
Résumé: La révolution n’est pas qu’une affaire d’hommes...
Marie n’est pas une intellectuelle, ni une aristocrate, encore moins une militante. La Commune, elle aurait pu ne pas la vivre, et continuer à accumuler de la rancœur et de l’amertume dans sa vie de servante, d’ouvrière à la journée. Seulement, la Commune est là et, avec elle, une occasion en or de régler les comptes, de laisser sortir enfin cette froide colère qui lui tord le ventre, de redresser la tête, de faire payer ceux qui ont fait de sa meilleure amie Eugénie : un fantôme dont le rire dément résonne dans une crypte de damnées. La Commune promet que les lâches et les oppresseurs d’hier vont payer. Ça tombe bien, Marie en connaît quelques-uns. Et elle est prête à se salir les mains...
L
e projet de Wilfrid Lupano, dont le talent n’est plus à démontrer (Alim le tanneur, Les vieux fourneaux, L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu, …), est de chroniquer l’insurrection parisienne du printemps 1871. Sa vision n’est pas généraliste comme celle de Jacques Tardi avec Le Cri du peuple. Il s’attache plus particulièrement à narrer l’implication des femmes dans la Commune, d’où le titre de la série. Chaque album est indépendant des autres et raconte un parcours individuel.
Avec ce troisième volume, Lupano fait vivre Marie, domestique au service d’une famille dont le chef, colonel de l’armée française, de retour du Dahomey, inonde le logis de trophées de chasse et d’idéologie réactionnaire. Marie est attachée à Eugénie, la fille du colonel. Amitié et complicité ont remplacé hiérarchie et domesticité entre les deux jeunes femmes. Marie couvrira d’ailleurs la relation amoureuse qu’Eugénie entretient avec Edouard, un relieur, jusqu’au jour où sa grossesse sera découverte par ses parents. Le colonel, pour laver tout déshonneur, enferme alors sa fille au couvent de Picpus. Treize années plus tard, engagée auprès des insurgés, Marie retrouve Edouard, puis Eugénie.
L’album est techniquement irréprochable. Le scénario, subtilement mené et découpé, s’appuie avec pertinence sur des témoignages et des documents historiques, ce qui donne une profondeur et une vraisemblance de bon aloi au récit. Il en est de même pour le dessin, assuré, pour cet épisode, par Xavier Fourquemin (Miss Endicot, Le Train des orphelins). Son style classique et élégant rend hommage au Paris de la seconde moitié du 19e siècle. Il fait merveille, également, dans la réalisation de trognes expressives, livrant au lecteur une galerie de portraits pittoresques et attachants. Enfin, la dynamique de son trait se prête tout particulièrement aux scènes de batailles, où tout est en mouvement. Cadrage, découpage et couleurs immergent le lecteur dans le tohu-bohu et la violence d’un affrontement.
Au-delà de cette narration et de cette mise en images intelligentes et efficaces, s’exprime, en filigrane, un message historique et universel. Lupano dit à nouveau combien ce siècle français a pu être contradictoire. Le positivisme économique et scientifique a côtoyé l’obscurantisme religieux et social. Ce siècle a été dramatiquement machiste et anti-féministe. Il fut une négation du désir charnel, l’expression souvent tragique de la suprématie de l’homme européen (l’Amérique et l’Afrique de l’époque en firent les frais) et l’édification de cloisons sociales plus dures que jamais entre hommes et femmes, riches et pauvres, bourgeoisie et prolétariat.
Le message est clair, honorable et recueille l’adhésion. Transposé aux grandes interactions qui animent le monde de 2016, il garde sa pertinence. Néanmoins, la seule lourdeur de cet album fort réussi réside dans la démonstration du dénouement. Plus de confiance dans l’acuité du lecteur aurait permis de ne pas mettre la scénographie au profit de la thèse à défendre. L’œuvre artistique engagée n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle évite la démonstration et qu’elle se contente de la suggestion. Il y a peut-être une légère erreur de dosage sur les dernières pages.
Nous ne dirons rien de leurs femelles…, titre éloquent emprunté à la prose obscurantiste d’Alexandre Dumas fils, dans un article du Figaro, est une véritable réussite narrative et graphique, dans un genre difficile et saturé : la bande dessinée historique. Comme tout récit ancré dans un passé plus ou moins lointain, celui-ci nous en apprend aussi beaucoup sur la période à laquelle il a été élaboré.
La preview
Les avis
Eric DEMAISON
Le 28/11/2020 à 15:50:08
Ce livre peut être acheté et lu sans avoir lu les deux autres.
L'histoire offre un point de vue original de la Commune de Paris, d'une femme du peuple, une sans grade. La société est assez bien décrite dans sa diversité et le récit est enlevé. Bref on passe un bon moment en plus instructif. Le dessin est agréable.
Mon seul regret est que les personnages sont un peu trop manichéens.
gazouz
Le 17/08/2017 à 16:23:39
Très bon album.
Une période (très) violente et (très) mal connue de notre histoire.
Des personnages aux caractères (très) forts et d'autres (très) faibles, aux destins brisés.
Cette histoire prend aux tripes, on en sort forcément désabusé.
Je conseillerai à un ami.
judoc
Le 04/04/2016 à 11:35:40
Bel album, le plus réussit des 3 au niveau du scénario en ce qui me concerne. Les dessins sont plaisants et les personnages forcent l’empathie. On souffre avec Marie et ses amies. Une page de notre histoire que l'on aimerait (j’espère) oublier.
bedeland
Le 30/03/2016 à 06:32:56
ce troisieme tome est une vraie reussite ,meme si le debut de l album reste tres classique l intrigue s epaissi au fur et a mesure et embarque le lecteur dans l histoire lupano reussi son pari de parler de la commune et de l humain en meme temps il fait partie des tres bons album de ce debut d annee
Mimi275
Le 23/03/2016 à 12:24:51
Mon prefere des 3.
Le plus abouti au noveau dufinal. Meme si j'ai aime les 3 et que j'ai prefere les dessins d'anthony Jean.
Le personnage de Marie est plein de fougue et de rage. J'adore