Résumé: Jean Vanhamme : Les mémoires d'écriture d'un des plus grands scénaristes du milieu de la BD. « Pourquoi vouloir écrire ? Qui ou quoi peut bien vous en donner l'envie ? Pour un certain nombre d'auteurs, ce peut être le désir de raconter un pan de leur vie. Pour d'autres, il s'agit de partir d'un sujet fictif et d'en tirer une histoire à tendance philosophique, sociale, humaniste, sanglante ou tout simplement distrayante. Qu'est-ce qui m'a incité à vouloir vivre de ma plume ? Je dirais que c'était la vaste bibliothèque de mon père. Mon père, ce héros. »
S
i XIII, Thorgal et Largo Winch ont fait de lui LE scénariste à succès de la BD contemporaine, il aura néanmoins fallu une bonne dizaine d'année d'essais, d'apprentissage et de tâtonnements à Jean Van Hamme avant de trouver la formule gagnante. Arrivé à un âge respectable et quasi-retraité, il revient sur sa longue et fructueuse carrière. Souvenirs de diverses collaborations (réussies ou oubliées), d'anecdotes sur le métier et, surtout, rencontres avec des artistes qui deviendront des amis, Mémoires d'écriture se lit comme un rapport d'activité bien rempli ou un constat faussement modeste d'une carrière étincelante au service du Neuvième Art.
Avec une plume très légère (voir la photo de couverture), Van Hamme passe chronologiquement en revue ses œuvres. D'Epoxy avec Jean Cuvelier aux ultimes sursauts des XIII Mystery, c'est en ancien gestionnaire consciencieux qu'il liste ses albums. Deux-trois réminiscences sur sa façon d'aborder l'écriture et à propos de ses collaborateurs du moment, une pique sur tel ou tel défauts d'untel ou vers un éditeur ayant oublié de lui verser son dû, cette ballade bibliographique se révèle amusante, mais quelque peu superficielle, particulièrement pour les bédéphiles ayant suivi sa trajectoire. En effet, à l'inverse d'Itinéraire d'un enfant doué, ouvrage dans lequel Frédéric Niffle l'avait « soumis » à la question, le Bruxellois préfère, dans le cas présent, ne pas trop entrer dans les détails de son processus créatif.
Au final, deux éléments du caractère de l'homme ressortent au fil des pages. En premier lieu, la passion à raconter des histoires qu'il a entretenue tout au long de sa carrière : s'étonner soi-même et faire partager sa joie avec un public le plus large possible. Deuxièmement, son professionnalisme et sa prévenance envers les dessinateurs auxquels il a toujours fait attention d'offrir des cadres narratifs adaptés à leurs désirs graphiques, quitte à sortir de sa zone de confort. Quarante millions d'albums vendus plus tard, sa formule s'est révélée plus qu'au point.