Info édition : Code prix : DA11 (sans mention d'un prix en euros).
Résumé: Un homme est en garde à vue et deux flics le cuisinent. En douceur, sinon il risque de se verrouiller. L’homme s’appelle Polza Mancini, il a 38 ans, il est obèse et, avant de tout quitter pour tailler la route en direction de l’île de Pâques, il était écrivain. Maintenant, il est en garde à vue parce qu’il a fait quelque chose à Carole Oudinot, quelque chose de grave. Les flics sont là pour essayer de comprendre, et Polza se raconte, tranquillement. Tout a commencé le jour où il a vu son père mourant. C’est là qu’est arrivé le premier blast… Techniquement, le blast est l’effet que provoque une explosion sur l’organisme. Son blast à lui, c’était dans la tête, et ça l’a « modifié ». Explication que les flics, plutôt portés sur la rigueur des faits, ont du mal à gober : « Rhololo ! Les conneries… » S’ensuit un huis clos fascinant, d’où l’on s’évade au gré des souvenirs de Polza. Nous ne sommes qu’au début d’une série qui comportera cinq albums,
U
n fait divers de plus. Un homme en garde-à-vue suspecté d’avoir agressé une femme. Menottes, interrogatoire, des aveux, un rapport à consigner : la routine. Sauf que le client n’a rien d’ordinaire. Polza Mancini, 38 ans, obèse, un casier long comme le bras, défie les lois du genre comme celles de la gravité. Et s’il se confesse, ce sera à sa manière, à ses conditions. Aux enquêteurs de l’écouter, de démêler le vrai du faux, de remonter aux origines du drame, de trouver la faille du bloc de néant qui leur fait face.
Le huis clos de prendre des fausses allures de thriller psychologique tant il est difficile de faire la part de ce qui relève de l’invention, du délire d’un psychotique ou de la manipulation. Comment accorder du crédit à un homme qui prétend avoir fait l’expérience du « blast », une sorte de révélation métaphysique, de bouleversement interne ? Un écrivain au surplus, en d’autres termes, un falsificateur, un modeleur du réel qui semble autant se haïr qu’il hait ses congénères. Les flics vont pourtant le laisser recomposer son périple. Le voyage, déjà sujet à caution, s’annonce aussi erratique qu’éprouvant.
Manu Larcenet brosse l’itinéraire d’un fugueur volontaire, l’histoire d’un type qui déraille et choisit volontairement de vivre en marge. Polza Mancini s’est fait vagabond, ermite, clochard céleste. Un homme qui, au décès de son père, a renoncé à son chemin de croix pour emprunter des sentiers de traverse et s’enfoncer dans les bois. L’album de se présenter comme le récit d’une errance, une déambulation hasardeuse ordonnée par les seules nécessités du quotidien : dormir, se laver, se miner la tronche à force mélange de gin, de médocs et de barres chocolatées, puis, cuver et fixer béatement le paysage. Polza est un individu en rupture, libéré de toute contrainte extérieure, et qui a fait le choix de l’ensauvagement auprès d’une nature vénérée.
Blast, c’est la mise en chantier d’un univers en roue libre, autiste et détraqué, poussé par un étrange désir de spiritualité sans que l’on sache s’il s’agit d’une simple crise de delirium tremens, du délire d’un aliéné ou d’une forme de lucidité supérieure occasionnée par un choc mystique. Aux côtés de Polza, il ne s’agit pas simplement d’arpenter un territoire réel mais aussi de se plonger dans un monde intérieur dépourvu de repères et d’horizon, un espace illimité, celui de l’esprit, où le goût de l’isolement se fond dans un désir de néant. Polza fait figure d’égaré, de pèlerin d’un nouveau genre. Que cherche-t-il ? A disparaître sans laisser de trace, à s’abandonner à la contemplation ?
Cette errance, c’est aussi l’occasion pour l’auteur de mettre en page des paysages aux lumières superbement contrastées, de créer des ambiances crépusculaires, de renouer avec quelque chose de primitif : l’obscurité la plus noire, la clarté la plus blanche. Sur de grandes planches empreintes d’une mélancolie glacée, se déploient des lavis de noir à l’aquarelle, un dessin charbonneux à la mesure de l’inquiétude et de l’effroi qui ne cessent d’étreindre le lecteur. Surtout, la confession génère des non-dits, des gênes, des omissions volontaires, des hésitations. A mesure que, lentement, Polza se raconte, Manu Larcenet s’essaie à une narration plus cinématographique, à une ponctuation quasi naturaliste aux confins du réalisme, de l’impressionnisme. Il multiplie les blancs, les silences. Le personnage est parfait pour cela. Hors norme de par ses dimensions, "épais et tordu", il autorise toutes les expérimentations. Polza emplit la case de son physique écrasant, de cette carcasse dont il ne peut se défaire et qui comprime jusqu’aux autres personnages, réduits à interpréter les seconds rôles. Une manière aussi pour Larcenet de jouer sur les contrastes et les gros plans, de se laisser aller aussi à un graphisme émotionnel, sensitif, aussi épidermique et couperosé que le nez de son anti-héros. Un dessin à fleur de peau, à fleur d’un mal dont on sait déjà qu’il adviendra.
Avec Blast, Larcenet livre une œuvre sombre et poétique même s’il s’aventure, ce faisant, sur des terrains qu'il emprunte depuis longtemps. Ainsi, on y retrouve des thèmes qui lui sont chers : la mort, la dépression et l’angoisse, mais aussi les désillusions de la lutte des classes, une tendresse pour la faconde des ivrognes de même qu’un certain goût pour les déclassés, les laissés pour compte, ceux pour qui la solitude est un refuge aussi bien qu’une souffrance. Ainsi cette "République Mange misère" où s’est recréée – pour combien de temps ? - une solidarité instinctive, celle de la débrouille entre miséreux.
La conclusion s’annonce pleine de sécheresse et de violence émotionnelle. L’issue semble inéluctable et pourtant, le voyage est captivant.
» La bande-annonce de l’album.
La preview
Les avis
Thomaswae
Le 22/05/2019 à 23:42:49
Il faut persister sur les 2 premiers tomes pour entrer dans l’histoire , les méandres et dans la tête de Mancini.
C’est difficile pour ceux que les dessins rebutent aindi que ceux qui espère du positif et une réponse limpide à chaque étape ...
Mais blast est à lire absolument en entier avant de se faire un avis
Random-
Le 19/04/2019 à 16:14:50
Avec Blast, Manu Larcenet signe une œuvre très sombre, où l'on suit les explications et le chemin d'un personnage marginal et ambigu. Le rythme est lent, le malaise omniprésent... mais tout cela est fascinant et on tourne frénétiquement les pages sans pouvoir s'arrêter . Une œuvre à part!
Bakum_babo
Le 21/12/2015 à 19:07:50
J'ai été retourné par la lecture de ces 4 tomes, et surpris jusqu'à la fin. Une séri qui vous change !
Je me suis permis de faire une chronique vidéo sur le sujet :
https://www.youtube.com/watch?v=wzM-9qOZ9X4&feature=gp-n-y&google_comment_id=z12vvnfhslfazvgrq04cjrnykzmls1mp3lg0k
-chris-
Le 17/01/2015 à 21:06:26
Blast fait partie de ces œuvres qui passionnent ou irritent, mais ne laissent personne indifférent. Chez moi, ça marche plutôt bien. Manu Larcenet manie la pleine page à merveille, rythmant ainsi un album qui frappe. Très fort. L'efficacité est de mise. L'agonie du père, la première nuit en forêt, et surtout, surtout, le Blast, que l'on se met à attendre, presque autant que l'ami Polza. L'utilisation des dessins d'enfants, c'est une grande idée. De la couleur dans tout ce gris, ça fonctionne toujours bien. Le personnage quant à lui est grand de laideur et de décalage. On part loin tout en conservant quelque part un ancrage terrestre : je n'ai pas décroché.
raitto13
Le 22/07/2014 à 14:24:14
Il aura suffit d’un seul tome à Blast pour déjà s’imposer comme un chef d’œuvre. Manu Larcenet y sonde l’esprit et l’âme de Polza Mancini, obèse répugnant et hypersensible mais terriblement charismatique et touchant. Le récit fonctionne parfaitement et il est bien difficile de décrocher de sa lecture une fois commencé. Le tout est sublimement illustré en noir et blanc par un Larcenet à son top niveau. Venez vivre le blast en compagnie de Polza.
live.D
Le 17/06/2014 à 16:07:48
Je ne comprends pas les avis, j'ai dévoré les 4 tomes avec plaisir . Je n'ai pas vu les pages passées. Pour moi c'est un chef d'œuvre tout y est : poésie, horreur, psychologique, suspens. C'est sombre et prenant comme j'aime. Pleins d'émotions m'ont traversées dans cette lecture. Le dessin est splendide. Je me suis prise une bonne claque. Cette série fait partie de mon top. Si bien que je le recommande dans mon entourage, il plait beaucoup et plait beaucoup aussi au personne habituellement pas fan des bd.
fruitos
Le 17/11/2012 à 21:36:01
très décevant pour du Larcenet, je parle des 2 premiers tomes.
déjà, il se passe pas grand chose, quand on vois la taille de la bd c est surprenant.
un homme obèse est en garde a vue car il est impliqué dans une histoire de meurtre, il nous raconte son histoire (que déjà petit , les enfants le mettaient a l écart etc...), jusqu au fameux meutre de carole (apres 2 tomes on a tjs aucune info sur elle )
il recherche le blast ( sorte de tripe qu on aurais avec une drogue dur)
il quitte sa femme un jour pour devenir sdf, cours tout nu dans la foret etc...
en gros on en sait tjs pas plus sur se qui s est passé
Hugui
Le 11/11/2012 à 13:56:30
Un graphisme réellement intéressant avec des planches de toute beauté. Mais une histoire ou si on retrouve les thèmes chers à l'auteur, c'est sans l'humour. Du coup ça ne passe pas chez moi, je ne me sens pas concerné par ce Blast et cette vie dans la forêt ne me paraît absolument pas crédible.
Du coup j'ai eu de la peine à aller au bout et je ne suis pas sur de faire l'effort de lire la suite.
Pour amateur uniquement.
basilew333
Le 09/06/2011 à 15:32:00
L’histoire proposée par Manu Larcenet est une chronique sociale particulièrement sordide.
Polza Mancini a 38 ans. Il est affreux et adipeux. Il est actuellement en garde à vue pour la violence commise sur Carole Oudinot qui est actuellement dans le coma.
Les policiers qui l’interrogent sont persuadés de sa culpabilité et voudraient qu’il passe immédiatement aux aveux, mais lui a envie de raconter toute son histoire, à son rythme.
Polza était écrivain et il tout quitté pour découvrir la liberté et ce qu’il nomme le « blast » une sorte d’explosion du corps, d’exaltation brève, de flash extatique. Son premier « blast » est lié à la vision de son père agonisant.
L’atmosphère du récit est si bien rendue qu’elle donne l’impression que la pièce sent mauvais tant la crasse et la sueur suintent à travers le livre.
En général, le dessin en monochrome n’est pas ma préférence et j’avais des appréhensions avant de lire cet ouvrage mais au final le résultat est très bon. Cet ouvrage deviendra un classique du genre.
herve26
Le 09/04/2011 à 18:39:22
Manu Larcenet a osé, il nous a, une nouvelle fois après Le Combat ordinaire, concocté un chef d'oeuvre. Dans un format assez inhabituel pour la saison, Larcenet nous offre les aventures de Polza, ou plutôt ses mésaventures.
Prévu entre 3 et 5 tomes (selon que l'on se fie à l'auteur ou à l'éditeur), cette bd mérite que l'on s'y attarde à plus d'un titre.
Dessinée au lavis, cette histoire (pourtant prévue en couleur) n'en est que plus poignante car le personnage de Polza, s'il n'est pas sympathique à première vue (d'ailleurs on se demande quel crime il a commis pour être en garde à vue), se révèle être assez mystérieux, voire misanthrope (voir son attitude avec les réfugiés planqués dans la fôret).
Mais ce qui m'a le plus attiré dans ce dernier opus de Manu Larcenet c'est le chemin parcouru depuis ....pfff...je ne sais plus.
"Blast" est la résultante d'un album , tant décrié à l'époque mais que j'avais adoré, Ex Abrupto et de sa série phare Le Combat ordinaire qui d'ailleurs sont très proches par les thèmes abordés : la mort du père, une sociabilisation difficile, l'incompréhension et une peur de l'autre.
Bref, "Blast" est à ce jour l'album le plus abouti d'un auteur tant controversé, si ce n'est le plus controversé" du net depuis quelques années.
Chapeau bas.
faischier
Le 30/12/2010 à 20:58:52
Le héros est un criminel présumé énorme, le dessin est grossier et en nuance de gris, et l'action principale se passe dans un seul lieu.
On peut dire que cette chose peu commune n'a absolument rien d'attirant. Cependant c'est dans son étrangeté que résulte tout son intérêt, la forme comme le fond nous sortent des sentiers battus et dans ce tome, Manu Larcenet évite les héros fade et commun que l'on peut voir dans d'autres de ses séries.
Le discours qui est tenu dans cette histoire est très intéressant car il invite à la réflexion.
S'il y en a qui trouve qu'il ne se passe rien, je ne suis pas d'accord, il ne se passe pas ce qu'on attendait. On pense avoir le récit d'un criminel et on obtient un moment de vie décalé.
OUI c'est décalé et c'est pour ça qu'on l'aime !
A lire et en vitesse ! (parce qu'en plus ça se lit vite ! )
excessif
Le 03/04/2010 à 20:23:56
Il est assez passionnant de suivre la trajectoire de Larcenet, de l'humour décalé de ses premières œuvres à la noirceur absolue de ce "Blast", qui combine un travail formel remarquable (certaines pages frôlent le sublime) et un scénario au nihilisme beaucoup plus radical que ce à quoi Larcenet nous avait habitué dans ses précédentes œuvres "sérieuses". Ce serait d'ailleurs le seul léger reproche que je ferais à "Blast", que ce goût bien dans l'air du temps pour un récit de haine et de dégoût de soi ("Tu détesteras ton prochain comme toi-même,... ça a certes moins de panache, mais ça a le mérite d'être réalisable"), mais je fais confiance à Larcenet pour éviter la complaisance dans le sordide (le défaut rédhibitoire de son "Chez Francisque") et nous emmener loin, loin, portés par l'onde de choc de son "Blast".
macluvboat
Le 30/01/2010 à 21:14:14
Oui, c'est sûr, il faut aimer....ce style.
Le jeu des nuances de gris, noir et blanc est très bien orchestré par Larcenet, tout comme les scénes de la garde à vue avec de longs silences, des visages qui en disent long....
Mais, comment ne pas ressentir le dessaroi de Polza, enfermé dans cette grasse carcasse, ivrogne, solitaire, dont le seul but est de pouvoir encore s'évader lors d'un 'Blast'.
C'est peut être pas le chef d'oeuvre de l'année (quoique....) mais attendons la suite.
schindou
Le 23/01/2010 à 11:19:43
Très très bien écrit, histoire intéressante, 200 pages mais se lit aussi vite qu'une bd de 60 pages. Vaut le coup d'oeil, mais rien d'extraordinaire. L'histoire est un peu lente, mais on ne s'ennuie durant la lecture, les pages se tournent très vite.
amuna29
Le 05/01/2010 à 18:01:50
8/10 de moyenne générale?
Incroyable ! A se demander si les gens n'ont pas voté sans lire en ce disant que "comme c'est du Larcenet c'est forcément génial..."
Plus critique mais aussi plus lucide, je trouve difficile de noter cet album tant il ne se passe rien dans ces 200 pages.
Je suis d'accord avec la critique de Wilfro, Larcenet semble s'égarer malheureusement dans du déjà vu et dans un "concept" autour du laid pas vraiment défendable.
Passez votre chemin en attendant le volume deux qui devrait mieux nous éclairer sur la réelle valeur de cette série.
gigi42
Le 13/11/2009 à 18:28:21
C'est mou mais c'est mou, au point que je me demande s'il ne va pas falloir une douzaine de tomes pour savoir enfin ce qu'il a vraiment fait pour se trouver en garde à vue.
Sinon au niveau graphisme, c'est gris, sombre, et un tantinet prétencieux. Des pleines pages de gris pour exprimer très peu de choses, on doit pouvoir "sauter" une bonne cinquantaine de pages sans nuire aucunement à la compréhension.
En bref plus mou tu meurs !
wilfro
Le 10/11/2009 à 19:13:46
Ah c'est LARCENET, c'est super méga génial donc, tout le gratin des pseudo intellectuel de la BD se tape sur les épaules.
20.90€ c'est ce qu'il vous faudra dépenser pour lire ce pavé à la couverture extrêmement moche, mais le ton est donné.
Au moins on est pas trompé, c'est laid, très laid, mais ça le revendique. 200 pages de gribouillis ne font pas un dessinateur. On est même encore plus bas que dans le retour à la terre, c'est dire (petite amélioration sur les liants noir et blanc à partir de la page 110).
C'est laid donc ça colle donc bien à l'histoire qui est une histoire laide sur quelqu'un de laid.
Oui et non, c'est loin d'être inintéressant, le principe de la garde à vue est bien trouvée, mais les flics sont quand même peu crédible dans leur rôle de psychologue.
Non la n'est pas le problème, le problème c'est que c'est du déja vu.
Cette chute infinie vers l'abîme de cette ogre, on l'a déja lu.
Comment vous avez déja oublié l'OUTREMANGEUR, même reflexion sur la difficile différence, sur la solitude et le lien ténue à la vie. Ici la chute est plus grande, plus profonde, le personnage s'est pris un BLAST, c'est MICHAEL DOUGLAS dans CHUTE LIBRE, la perte de repère s'accompagnant de passage à l'acte (pour l'instant bien gentillet), car il ne se passe finallement quasiment rien.
Tout est suggéré, qu'a t'il fait à cette fille et à son frère, et bientôt on parlera certainement de la maman, grande absente de l'approche psychologique du bonhomme. Parceque le papa lui il y est, j'en ai ri d'horreur et d'incompréhension, ca se passe page 22, vous pouvez pas le raté.
Au bilan, un exercice de style sur la laideur, avec un trait si forçé que je me suis senti comme un enfant qu'on prend par la main pour lui indiquer le chemin.
Vraiment pas indispensable, investissez ailleurs.