Info édition : Noté "Première édition". Pas d'indication du mois de dépôt légal, celui indiqué ici correspond au mois de sortie.
Résumé: Suite et fin de Perico, polar noir bien serré de Régis Hautière et Philippe Berthet... Au programme : corruption, Mafia, Cuba, jolies filles et suspense !
Ce second tome de Perico s'ouvre quelque part entre Miami et Hollywood. Pour un service rendu à son frère, la vie de Joaquin a basculé. Le jeune serveur sans histoire s'est retrouvé au coeur d'une affaire de blanchiment d'argent et de trafic de drogue. Il devient alors l'homme à abattre. À ses trousses : les sbires du président cubain, les truands de la pègre locale et... la Mafia ! Il est totalement inexpérimenté ; eux sont des tueurs professionnels. La chasse à l'homme a commencé et, déjà, les cadavres jonchent leur parcours. Un pur polar...
2e volet du diptyque Perico... une histoire qui inaugure « Ligne noire », une nouvelle collection de bandes dessinées dédiée au polar.
P
endant que Livia succombe au charme et à l’insouciance de Sean, Joaquin est abordé par un des amis de ce dernier chez qui ils se sont réfugiés. Il se voit proposer de financer un trafic de drogue. Il refuse et comprend que l’accalmie est terminée et qu’il est temps de se remettre en route. C’est d’autant plus vrai que Santo Trafficante Jr n’a pas oublié l’humiliation et le vol. Ses hommes, faisant jouer leurs alliances sur le territoire américain, se rapprochent et le pardon n’est pas d’actualité.
Le premier tome de ce diptyque était plutôt convaincant, même si certains pouvaient lui reprocher son classicisme un peu mou. C’était sans doute nécessaire afin de s'offrir le temps nécessaire pour donner de l’épaisseur aux personnages et de bien mettre en place tous les éléments pour l’emballage final. Cette deuxième partie est finalement tout aussi classique, dans le sens où elle ne bouscule pas les codes, mais elle s’en empare pleinement. Ce sont ceux du polar tendu et violent. Au programme, une chasse à l'homme, la pègre cubaine, la mafia, un tas d’argent qui, normalement, n’a pas d’odeur, mais qui n'en attire pas moins les ennuis comme les cadavres qui s’accumulent aimantent les mouches. L’inexpérience de Joaquin et le détachement de Livia – qui semble vivre dans ses rêves de divertissement et de paillettes – ne semblent pas constituer les meilleures armes pour échapper à la mort promise. Le scénario de Régis Hautière est incisif et maintient fugitifs et lecteurs sur le fil du rasoir, entre espoir et désespoir.
Philippe Berthet est parfaitement à l’aise dans cet exercice du « noir ». S’il ne prend pas spécialement de risque dans sa mise en scène, son talent et son expérience, ainsi que l’élégance de son trait, suffisent à restituer toute la tension de ce road-movie. Ses cadrages serrés et ses plans sur les visages confèrent un rythme très cinématographique à l'ensemble.
Avec cet opus dense et haletant, cette première œuvre de la collection Ligne noire constitue un très bel hommage au polar.
Les avis
thieuthieu79
Le 26/10/2018 à 21:36:34
Un excellent dyptique Cubano-Américain, porté par 2 auteurs au sommet de leur art.
Le scénario, sur fond de crise Castrique, est mené de façon très intelligente et nous emmène avec les 2 protagonistes dans leur Road Trip.
De multiples rebondissement viennent alimentés l'histoire déjà très prenante et divertissante.
L'ambiance Seventies est très bien retranscrite à travers la patte graphique de Berthet.
Perico est un cocktail explosif, exotique et dépaysant qui mérite d'être lu tout en sirotant un bon cocktail cubain.
FUM2014
Le 06/02/2015 à 14:15:38
Très bon diptyque au scénario solide, au dessin très agréable avec des couleurs qui décrivent l’ambiance de Cuba et des USA des années 50 et 60 au plus juste. Les automobiles sont superbes (les filles aussi) et les sentiments des protagonistes sont parfaitement déclinés, pour un final cruel mais très bien orchestré.
Moka
Le 09/10/2014 à 20:50:08
Point final du dyptique de Régis Hautière et Berthet, cet album s’inscrit parfaitement dans l’esprit de cette collection ligne noire. Tout au long de ce voyage aux allures de chasse à l’homme, le jeune Joaquin grandit très vite et prend une belle et sombre envergure, déployant toutes ses forces pour assurer la protection de la belle Livia. Ainsi, il tentera par tous les moyens de s’affranchir de cette image un peu trop lisse dans laquelle il était enfermé dans le premier opus. Il s’affirme et prend les décisions que la course-poursuite leur impose dans un combat où tout semble pourtant perdu d’avance. Tenace, intrépide, il file droit. Le lecteur est emporté avec lui dans cette course folle et sentira tout comme lui le poids du danger qui rôde et le souffle chaud des prédateurs qui guettent leur proie, dans un silence que seuls les coups de feu savent rompre sans scrupule. Le scénario tissé par Hautière est efficace, sombre et tranchant et me réconcilierait presque avec le polar. Les dessins de Berthet sont, quitte à me répéter, assez éloignés de ma sensibilité graphique, mais force est de constater qu’ils servent à merveille l’univers et les codes du genre. Berthet joue sur les nuances, s’amuse des contrastes. Des parkings sordides noyés sous une pluie glaciale qui se mélange au sang des cadavres aux paysages désertiques où les corps sont enfouis sous un soleil de plomb, les décors se succèdent au rythme de cette diabolique fuite en avant et confèrent au récit un rythme vif et haletant. Il y a juste ce qu’il faut de ce trait un peu surannée qui transporte le lecteur dans une Amérique en pleine mutation, déjà nécrosée par une poignée d’hommes de pouvoir qui ne jurent que par la grisante corruption et les billets verts tachés de sang tout en se délectant de leur sale or blanc dans l’ombre et la sueur des étreintes coupables.
http://aumilieudeslivres.wordpress.com/2014/10/08/perico-t2-hautiere-et-berthet/