Résumé: Tandis que son père est enrôlé dans l’armée hongroise, Miriam et sa mère sont contraintes de quitter Budapest, fuyant les persécutions nazies à l’encontre des Juifs. Elles se font passer pour une servante russe et sa fille illégitime. Elles vivent dans la plus grande clandestinité, croisent des officiers allemands, des paysans dépassés, des soldats soviétiques sans foi ni loi, des traîtres et des collaborateurs mais aussi des personnes de cœur qui les aideront. En noir et blanc, le trait de Miriam Katin brosse rageusement des violences indicibles ; en couleurs, son dessin est naïf et malicieux. Une façon magistrale de rendre compte du paradoxe qu’elle vivait, les douceurs de l’enfance et la dure réalité de la guerre.
Pour cette édition, sept ans après la parution de l’album au Seuil, seule la couverture a changé. Format et mise en page respectent la version d’origine. Futuropolis a tout de même choisi un écrin plus clair, avec une couverture blanc beige et une immense photo de Myriam Katin au dos, tandis que le Seuil avait choisi un habillage totalement noir. Au même moment paraît le nouvel album de l’auteure, Lâcher prise, ou elle raconte sa vie d’aujourd’hui, troublée par les échos du passé.
Seules contre tous n’est pas un titre réellement approprié. Autant le dire tout de suite, j’ai beaucoup apprécié ce témoignage réel de l’une des survivantes juives de la répression nazie qui sévissait partout en Europe. L’action se situe en Hongrie en 1944 où l’auteure qui avait trois ans au moment des faits se souvient du combat de sa mère pour sauvegarder sa vie. C’est vrai qu’il y avait la lâcheté des habitants qui soutenaient l’envahisseur en spoliant impunément les biens de cette communauté martyrisée.
Cependant, il y avait aussi ceux qui faisaient preuve d’humanité en les recueillant chez eux au péril de leur vie. Donc, on ne peut pas dire qu’elles étaient seules contre tous. Il y avait des hommes bons et des hommes mauvais dans chaque camp sans tomber dans de la démagogie à deux balles. Ainsi le soldat soviétique ne s’est pas comporté de façon admirable avec sa mère dans un épisode pour le moins glauque. Bref, le titre souligne un effet victimisation du plus mauvais effet. Pourtant, l’auteure a su faire la part des choses dans son œuvre. C’est quand même bizarre ! L’éditeur lui a-t-il imposé cela ?
Ce témoignage est marquant car c’est du vécu. On ne verra pas les camps de concentration mais on sait qu’ils ne sont pas loin. On assiste à une véritable fuite qui aura des implications d’un point de vue familial. Fort heureusement, on en tirera quelque chose de très positif au final.
edgarmint
Le 15/11/2006 à 17:26:28
Tout d'abord, très bel objet BD : superbe couverture, papier de grande qualité. Seule petite inquiétude : ces couvertures dont les tranches sont tranchées au sens propre du terme vont-elles bien vieillir...
Le dessin au crayon de bois fait penser à des esquisses et personnalise l'ensemble (il y a un côté proche du trait de N. Maslov). C'est un récit vécu, l'histoire est assez bien narrée : il s'agit de la fuite d'une femme et de sa petite fille juives du nazisme à la fin de la 2ème guerre mondiale et de la rencontre, non moins plaisante, avec l'avancée communiste... Cette première BD, dont l'auteur n'est autre que la petite fille est intéressante, particulièrement pour sa vision de l'époque, de la clandestinité, du rapport au divin et le recul face aux événements.