Info édition : + 18 pages de croquis et illustrations sur l'album
Résumé: La nuit où naquit Temujin, le vieux chaman Özbeg était en retard. Quand il arriva sur les lieux les membres de la tribu étaient très agités. Il était trop tard pour sauver la mère et de sombres évènements entouraient la conception de cet enfant. mais tout ça, le chaman le savait déjà. Il avait été contacté par les esprits pour venir en aide à ce petit être, afin qu'il puisse vivre et ainsi donner libre court à sa fabuleuse destinée ! Entre Histoire et Fiction : Le scénariste Antoine Ozanam offre là une variation personnelle sur la jeunesse de Gengis Khan ; une fiction, un « revival » de la vie de ce grand chef Mongol. L'idée est que la vie n'est qu'un cycle et que des personnalités fortes, des destinées exceptionnelles peuvent se répéter, mais de façon un peu différente. Ainsi, il s'agit bien de Temujin, qui deviendra Genghis Khan dans un autre temps, dans une autre vie. Adopté par le chaman Özbeg, Temujin bénéficie d'un enseignement proche des esprits. Il s'avère même avoir un talent particulier qui lui permet de récupérer les âmes des défunts. Cette jeunesse chamanique et son lien particulier avec l'Ayami (l'esprit de la Terre Mère) pousseront Temujin à devenir le guide du peuple Mongol : Le grand Gengis Khan. Cependant, le fil des évènements de cette histoire laisse à penser que le destin de ce leader charismatique aurait pu être tout autre dans cette autre vie.
A
u son du tambour, un chaman danse. En transe, il discerne dans les vapeurs ectoplasmiques le futur d’un enfant né de l’étreinte du Loup bleu et d’une humaine. Celui-là est l’élu qui rassemblera les clans mongols pour les conduire vers la gloire.
Lorsqu’Ozbeg arrive sous la tente qui abrite la parturiente rejetée par les siens, l’accouchement se présente mal. Alors, la mère donne sa vie pour que son fils voit le jour. Accueillant le nourrisson, le guérisseur le prénomme Temudjin, certain que le nouveau-né marchera un jour dans les pas du grand khan éponyme. Mais que de chemin à parcourir jusque là !
L’Histoire emprunte des voies qui, si elles se ressemblent, sont rarement tout à fait les mêmes. Les légendes aussi, qui, se construisant sur des bribes de vérités, s’enjolivent de variantes infinies. Il revient au conteur de choisir la ramification qu’il déroulera pour donner au récit, ainsi enrichi, un air familier et unique à la fois. Antoine Ozanam compte parmi ceux qui maîtrisent cet art subtil et délicat. Il s’empare de la figure de Gengis Khan et la fait sienne dans une fable initiatique, imprégnée de fabuleux, qui se penche sur la question de la prédestination et de la place du libre arbitre. Évoluant dans une Mongolie atemporelle, en proie aux querelles intestines et menacée par un général sanguinaire, son Temudjin possède des dons qui lui permettent de s’allier les spectres et de déambuler dans l’entre-monde.
Happant dès la première page, la narration s’avère bien rythmée, malgré une ou deux transitions moins convaincantes. Elle accélère ou ralentit au gré des événements, passe de la réalité tangible, terriblement humaine, à l’univers insaisissable et reposant dans lequel l’Ayami – esprit de la Terre-Mère – reçoit, conseille et soulage le héros. Entremêlés dans l’intrigue, les deux espaces se superposent également dans le texte, puisqu’aux échanges entre Temudjin et son mentor Ozbeg succèdent ceux, mentaux, entre le jeune homme et sa maîtresse, sa mystagogue. Ponctuant l’histoire, les mythes fondateurs mongols, d’abord racontés par le chaman puis par son protégé, renforcent le caractère cyclique s’inscrivant en filigrane du propos, tout en participant pleinement à l’élaboration de la légende à laquelle le lecteur assiste : celle du futur khan. Parallèlement, le scénariste laisse planer l’idée que le chemin de ce dernier aurait pu être tout autre, s’il avait suivi une inclinaison divergente, une infime variante. Suivant cette logique, l’album s’achève sur un commencement et se prolonge dans un cahier qui, tout en apportant une réponse faite d’évidence, maintien ouvert le champ des possibles.
Déjà complice d’Antoine Ozanam dans L’ombre blanche, Antoine Carrion insuffle vie à ce récit par la magie de son trait acéré et semi-réaliste, à l’encrage fin. Sous son crayon, humains et créatures fabuleuses prennent corps, s’animent, prennent possession des planches pour les faire vibrer par leur présence et leurs émotions. Quand ils n’envahissent pas les cases, visages expressifs et chairs en mouvement s’insèrent, voire se perdent, dans une nature omniprésente. Forêts, étendues herbeuses, montagnes s’étalent majestueusement au fil des pages, magnifiées par une colorisation à la palette extrêmement riche et variée. Scènes diurnes ou nocturnes, extérieures ou intérieures, possèdent toutes une atmosphère finement ciselée et aux couleurs délicatement nuancées.
Il est des contes qui, sans fioriture ni vain artifice, captivent ceux qui les écoutent ou les lisent, les enchantent simplement en peuplant leur imaginaire d'images et de mots savoureux. Ce Temudjin en fait partie.
La preview
Les avis
Mercutio_Untold
Le 02/02/2016 à 21:13:13
Un beau voyage dans le monde des légendes mongoles. Ce premier album raconte la naissance de Temudjin, fruit de L'esprit du loup et d'une humaine, son apprentissage auprès du chaman Ozbeg, puis son union avec l'Ayami qui l'aidera à accomplir son destin d'unir le peuple mongol et à devenir le plus grand des chamans. Un superbe graphisme.
willybouze
Le 09/12/2013 à 09:46:54
Plongée dans un monde méconnu de nous, Européens nourris de notre propre histoire et assez ignorants de l'histoire des continents que nous n'avons pas colonisés.
Ainsi, ce superbe voyage graphique nous entraîne sur le parcours mystique et initiatique d'un chaman mongol, avec l'appui des forces spirituelles qui l'ont engendré.
Certains élisions dans l'histoire m'ont parfois gêné, empêchant de se plonger dans le rythme nécessairement lent de l'initiation. Malgré sa longueur, j'aurais apprécié une progression encore plus lente, quitte à faire plusieurs tomes. Se poserait alors le problème de créer des rebondissements là où il n'y en a pas.
Dans cette histoire, 2 ou 3 "aventures" surviennent assez brusquement (combat contre des morts-vivants, lutte contre un ours) sans savoir vraiment comment les personnages y sont plongés ou comment ils s'en sortent.
Alors, oui, bravo pour le mystère et les images superbes (on peut parfois penser à du Pratt en couleurs), mais un petit bémol pour l'histoire trop décousue et pas assez fouillée à mon goût.
Hugui
Le 22/10/2013 à 21:37:14
Cela se laisse lire sans ennui, mais ce n'est pas un coup de cœur pour moi. C'est vraiment trop loin de mon univers et je ne me sens pas concerné un instant. Les dessins sont travaillés et fins, rendent bien l'ambiance chamanique mais pour autant ne me donnent pas envie d'avoir les originaux comme d'autres bouquins publiés chez Maghen.
Une bonne lecture sans plus.
Zelmiro
Le 15/06/2013 à 11:36:46
Un bon album, je dirais même plus , un bel album !
Chaque planche est un régal pour nos yeux.
L'histoire est un cran en dessous mais cela ne gâche aucunement le plaisir de lecture.
Les quatre pages du prologue, magnifiquement composées, valent à elles seules l'achat de ce bel ouvrage.
Fortement recommandé.
bartoo
Le 13/06/2013 à 19:32:53
Quelques superlatifs, très beau , très riche, très dense, une histoire peu commune. Juste la couverture n'est pas a la hauteur du contenu.
dOli
Le 02/06/2013 à 19:23:45
[...]
Le graphisme ressort vraiment bien et donne ce supplément d'âme à Temudjin. Les ambiances sublimées par des jeux de lumières sont parfaitement traitées. Les scènes de combat sont forte et les esprits habilement représentés. Bref, c'est un palette graphique adaptée et surtout entièrement réalisée au format numérique, et pour notre plaisir, mis sur papier !! Le récit quant à lui est plus complexe. Bien développé en introduction, il se complique un peu à la rupture, lorsque l'enfant devient grand... Ce qui est en soit, comparable à la réalité... Notre futur dirigeant est aidé d'esprits (comme le loup bleu...), et son chemin initiatique est loin d'être simple. C'est le rythme qui est intriguant. La vie de Temudjin est passée très vite de l'enfance, à l'âge adulte. Peut-être que j'aurais voulu ne pas le voir grandir... Mais son accomplissement est spirituel, comme son parcours est intemporel.
Au final, c'est le mot grandeur qui me vient pour présenter Temudjin d'Antoine OZANAM et Antoine CARRION !
Igalma
Le 24/05/2013 à 23:03:44
Tout simplement sublime.
Enfant d'un loup et d'une mère qui s'est ouvert le ventre pour le faire naître, Temudjin est élevé par un chaman qui lui apprend à exorciser et capturer les esprits des morts. Après un long voyage initiatique et mystique, il accomplit sa destinée : devenir le nouveau Gengis Khan.
C'est une œuvre atypique qui s'offre à nous : rite initiatique, contes et légendes mongols, philosophie chamanique, avec Temudjin, on marche dans un monde onirique et atemporel, une sorte de rêve coloré.
Il est difficile de décrire la sensation, l'expérience mystique ressentie à la fermeture du volume, peut être celle de se réveiller d'un long sommeil paradoxal.
Superbe! Jetez vous dessus!