Résumé: Suite à sa promesse de tuer Henri Castillac, Erik, le pilote à l’Edelweiss, survole l’aérodrome des cigognes et lance un message de défi, un vrai duel aérien, juste lui et Henri Castillac, la semaine suivante.
Ce dernier, pétrifié de peur, part en permission à Paris. Contrairement à ses habitudes, pas de Folies-Bergères ni de parties fines. Il est soucieux et laisse ses amis seuls s’amuser, pour un rendez-vous secret. Il rencontre son frère jumeau Alphonse pour lui proposer un terrible échange. Il devra prendre sa place aux commandes de son tout nouveau Spad-canon pour affronter Erik. Alphonse est interloqué mais rêve de repiloter, lui qui a été viré de l’aviation…
I
l est des combats difficiles à mener. Pour d’obscures raisons, Henri Castillac ne peut affronter en duel aérien un adversaire arborant un énigmatique blason. Alors, avec Alphonse, il met au point un stratagème qui lui permet de préserver son honneur et qui redonne, provisoirement, ses ailes à son frère.
Avec Le pilote à l’edelweiss, Yann, comme Romain Hugault, savent aller au-delà du convenu d’un récit de jumeaux utilisant leur ressemblance. D’abord le contexte, celui de la Der des Ders, puis l’indéfectible liberté de ceux tutoyant les nuages et, enfin, toute l’ambigüité d’un passé refoulé, constituent un cadre propice à une belle histoire. Une fois encore, Yann rend une copie parfaitement maîtrisée et sait se jouer de l’attendu en proposant des variations tout en équilibre, à l’image de ces flashbacks qui donnent tout leur sens aux décisions prises par les deux soldats. Relançant judicieusement l’action en répondant aux questions par de nouvelles interrogations, le scénariste ménage le suspens à l’instar de la furtive Walburga et de son edelweiss tatouée sur l’épaule, fleur qui se retrouve sur les flancs d’un Fokker Dr.I !
À l’inverse de Folies bergère pour qui la mort ne fait pas de différence entre les anges déchus et les fantassins fous, Sidonie reste dans le visuellement correct et la qualité, pour ne pas dire l’esthétique, du graphisme de Romain Hugault en ferait presque oublier les affres de la guerre. Toutefois, il ne faut pas se méprendre sur le propos de ces superbes planches relatant les dernières joutes chevaleresques. Les Spad XII ont remplacé les destriers de Bouvines, mais l’esprit est là. "Intensément, mais brièvement", telle pourrait-être la devise de ceux dont le dessinateur retranscrit si bien les évolutions.
Si ce deuxième opus ne peut éviter certains clichés attachés au monde de l’aviation, mieux vaut y voir des clins d’œil malicieux plutôt que quelques facilités ! Un album qui se lit d’une traite, du moins pour les amateurs d’envolées… aériennes.
La preview
Les avis
Saigneurdeguerre
Le 12/01/2020 à 18:46:31
Novembre 1917.
Sur le front, trois poilus veillent. Soudain, ils voient un homme ramper vers leur position. Prêts à tirer, ils s'aperçoivent que c'est un pilote français empêtré dans les fils de fers barbelés. le plus jeune, fraîchement arrivé au front, se rue hors de la tranchée pour tailler les barbelés et le secourir. le lieutenant Henri Castillac est sauf mais son sauveteur ne verra plus jamais le soleil se lever…
Critique :
C'est le deuxième tome d'une série de trois qui ravira à coup sûr les amateurs d'histoire et ceux que l'aviation passionne. La qualité des dessins et des couleurs de Romain Hugault est tout simplement fabuleuse. Rien que pour cela, il mérite la cote maximale…
J'ai lu des critiques quant au scénario qui n'est pas assez ceci, pas assez cela… On ne peut pas plaire à tout le monde, mais les efforts faits par Yann pour coller à la réalité de l'époque méritent un coup de chapeau. Hé, oui, pas de science-fiction, ici ! Certains pourraient être surpris par le SPAD-canon. Celui-ci a pourtant bel et bien existé. « le SPAD XII fut très peu produit. Il possédait l'inconvénient d'être, pour les novices, très difficile à manier. de la fumée remplissait le cockpit après le tir et l'avion alourdi avait une tendance à piquer du nez. Cependant, aux mains d'as tels que Fonck et Guynemer, il obtient de nombreuses victoires. » : https://fr.wikipedia.org/wiki/SPAD_S.XII
Je ne vais pas m'étendre quant au récit parce qu'en parler serait spoiler l'intrigue, car pour peu crédible qu'elle puisse paraître, nous sommes tout de même dans une construction romanesque, elle est située dans un contexte qui colle de très près à l'histoire. C'est ainsi que j'ai découvert, non sans surprise, qu'un pilote japonais, Kiyotake Shigeno, avait fait partie de la célèbre escadrille des cigognes ! Un article très complet sur ce pilote : http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/Pilotes_Japon.htm
aldo 1975
Le 13/01/2014 à 16:00:55
Ce deuxième volet se concentre plus sur le scénario.
Moins spectaculaire que le tome précédent mais toujours aussi beau ce deuxième opus étoffe la relation des deux frères Castillac, le ton est plus grave et la tragédie familiale prend le dessus.
Un album de transition donc, ou la supercherie organisée par les frères Castillac risque de leurs couper les ailes.
Hugui
Le 01/01/2013 à 12:44:27
Scénario très malin où on se perd entre les jumeaux qui nous entrainent dans des péripéties romanesques qui arrivent à faire oublier le tragique de la guerre. D'autant que la précision et la beauté des dessins sont un régal.
Au total une lecture très divertissante et Yann laisse les deux frères dans une situation impossible qui sait nous donner très envie de découvrir le dernier tome.