Résumé: Que peut-on refuser au fantôme de Louis Armstrong ?
Alvin, Oscar, Joe et Cornélius sont repartis sur les routes. Après les premiers jours d’enthousiasme, la dure réalité de la vie de musicien s’impose aux organismes usés. Les mauvais plans s’enchainent les uns après les autres, et les vieilles recettes qui permettaient de survivre dans ce milieu difficile sont maintenant passées de mode. Même le fantôme de Louis Armstrong, leur ange gardien, est à deux doigts de la résignation... Mais tout va basculer lorsque le groupe décroche un contrat dans le club réputé du Bâton Rouge suite à un désistement. Angélina, l'accident, le passé refait surface...
A
lvin, Oscar, Daroll et Cornélius ont convaincu un producteur de leur laisser une chance. Sous l’œil protecteur du spectre de Louis Armstrong, les compères partent dans un périple qui tourne très vite à la galère. Les papys se rendent compte rapidement que leur musique n’intéresse pas grand monde, les cachets sont misérables et cette vie nomade difficile à supporter. De plus, le passé pèse sur les évènements.
Après la Nouvelle-Orléans, théâtre de la réunion de quatre jazzmen septuagénaires, le fantôme de Louis Armstrong nous invite à suivre le quartet dans la tournée qui doit les conduire à la gloire que le destin leur a refusée jusqu’ici. Il s’agit aussi, pour Alvin et Cornélius, de retisser les fils d’une amitié profonde détruite lors de la mort d’Angélina, la sublime chanteuse de leur premier groupe. Le parcours plein d’enthousiasme au début se transforme en désastre et la formation ne tient que grâce à la volonté et la foi d’Alvin. De plus, les démons d'antan ne se sont pas tus et Cornélius et Alvin devront les affronter afin de trouver paix et rédemption. Les flash-back habilement placés nous font découvrir les origines du drame qui fit basculer la vie des deux amis. Sur fond d’amour, d’amitié, de ségrégation, de jalousie et de swing, le sort s’est montré bien peu clément.
Philippe Charlot conclut admirablement ce diptyque, sur un rythme lent, empreint de nostalgie, s’attelant à faire ressortir les émotions des différents protagonistes. Sans jamais trop en faire, il offre au lecteur des personnages attachants, une histoire pleine d'humanité basée sur des déchirures et des rêves. Les dialogues sont justes et soignés. Cette magnifique partition est mise « en musique » par Alexis Chabert. Son style réaliste, crayonné, livre des personnages qui ont « de la gueule » au sein de décors précis. Il parvient joliment à rendre l’atmosphère de la Louisiane et, ainsi, à créer celle du récit, bénéficiant d’un somptueux travail sur les couleurs de Sébastien Bouet. Le rendu final est impressionnant.
Même en préférant le single malt, il serait dommage de ne pas goûter ce Bourbon Street. La cuvée est généreuse, dévoile des arômes riches sur lesquels se fixe une pointe d’amertume, pour finir sur une douceur apaisante.