Résumé: Premier opus signé par Manu Larcenet, croisement improbable et hautement jubilatoire entre Les Oiseaux du maître et Bill Baroud, un sommet d'humour décalé pour un album indispensable.
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i>L'armure du Jakolass aurait aussi bien pu s'appeler Valérian chez Francisque. Certes, le fan de l'agent spatio-temporel créé par Christin et Mézières en aurait eu quelques sueurs froides, mais au moins aurait-il été préparé au tour joué par Manu Larcenet à son héros adoré.
Avec la bénédiction des pères spirituels de Valérian et Laureline, l'auteur du Combat ordinaire et de Bill Baroud, entre autres, est le premier à revisiter l'univers de cette série de référence en matière de science-fiction. Si le décalage est évident, le respect pour l'œuvre originale l'est tout autant. Entre délires éthyliques et missions aux enjeux plus que sérieux, blagues de potache et inventions dignes des meilleurs épisodes de la série, Larcenet trouve le juste équilibre, imposant sa marque sans se complaire dans le simple pastiche. En effet, tandis que le personnage de Valérian est malmené comme jamais auparavant, les autres sont fidèles à eux-mêmes, d'un Monsieur Albert au calme olympien à une Laureline délicieusement sauvageonne, en passant par des Shingouz au meilleur de leur forme, c'est-à-dire roublards comme personne et gentiment gaffeurs.
Ce genre de série parallèle peut parfois être considéré comme un travail de commande – il y a des précédents fâcheux – mais Larcenet fait montre d'une rigueur qui ne se dément pas et qui transparaît avant tout dans un dessin soigné aux petits oignons. Si les trognes des acteurs relèvent parfois de la caricature, les décors et autres visions intersidérales ne dépareilleraient pas dans un album à la tonalité plus sérieuse. L'auteur impose une ambiance oppressante qui, malgré la légèreté des dialogues loufoques qui ponctuent jusqu'aux scènes les plus réalistes, permet à l'intrigue de conserver toute sa crédibilité.
En fin de compte, L'armure du Jakolass est à la fois le meilleur Valérian paru depuis longtemps, rappelant l'âge d'or de la série, et un Larcenet du meilleur cru. Incontournable.
Les avis
Eric DEMAISON
Le 29/04/2019 à 09:34:27
Fan de Valerian, j'étais curieux de découvrir la transformation pensée par Larcenet. J'avoue que c'est globalement assez réussi. Tous les personnages mythiques y sont. Bien sur tous un peu triturés et caricaturés. Il y a un fond jubilatoire à certains moments de la BD.
Par ailleurs le dessin est réussi on est à la fois dans le monde de Valérian et c'est aussi différent.
Bref on passe un agréable moment à lire cet album, mais il faut connaitre Valérian par ailleurs pour profiter de cet exercice.
herve26
Le 14/10/2017 à 18:22:18
Au risque de m'attirer les foudres de beaucoup de lecteurs, je dois avouer que je suis passé complètement à côté de ce pastiche de Valérian par Larcenet.
Pourtant amateur de Larcenet (mais je préfère nettement le Larcenet sombre comme dans Le Rapport de Brodeck ou des fabuleux Blast et Le Combat ordinaire ), j'aime beaucoup "les aventures rocambesques de ...", mais là rien.
Je n'ai pas du tout été transporté dans cette histoire où René-Valérian vit des nouvelles aventures inter- galactiques.Sinon les pérégrinations sur la planète Walawalla, la planète carcérale" m'ont laissé de marbre.
J'avoue n'avoir lu qu'un seul voire deux Valérian canal historique, mais je ne pense pas que le fait d'avoir lu ou non cette série ait un impact réel sur la lecture de cet album.
Seule la fin a trouvé grâce à mes yeux avec cette pirouette scénaristique bien trouvée.
Etienne HUOT
Le 20/11/2015 à 14:27:04
L'histoire est géniale. Indispensable quand on aime Valérian et l'humour déjanté de Larcenet. Cet album annonçait en 2011 une nouvelle série. Valérian vu par... comme une histoire de Spirou par... Je trouve l'idée excellente. Malheureusement aucun nouvel album depuis. Nous sommes en 2015. Est-il trop difficile de passer après Larcenet ?
willybouze
Le 15/05/2012 à 16:50:26
Donner un avis sur cet album, c'est pas simple quand on aime Valérian et Larcenet. Surtout que, généralement, on n'avait pas le même âge quand on lisait Valérian que quand on a découvert Larcenet !!!
N'empêche, Larcenet s'est bien emparé des mécanismes des histoires de Mézières/Christin, de leur univers graphique avec des bestioles toutes plus improbables les unes que les autres, de leurs personnages emblématiques (dont la sublime Laureline... qui n'en était pas amoureux à 10 ans ?). Et il a habilement mixé ça avec ce qu'il maîtrise parfaitement, la détresse humaine, le malaise social et la recherche de chacun pour sa propre heure de gloire.
L'ensemble est servi par un dessin superbe, à la mise en couleurs inhabituelle pour du Larcenet, et il s'enrichit de la participation en clins d'oeil de plusieurs vedettes de la BD dont certains dessins sont très difficiles à dénicher (mais on ne pourra s'empêcher de chercher quand même !)
A lire pour l'exercice de style et pour se mettre de bonne humeur.
minot
Le 27/04/2012 à 15:06:45
Avant toute chose, je tiens à signaler que je n'ai jamais lu aucun album de la série VALERIAN. Et pourtant, cela ne m'a pas empêcher d'apprécier à sa juste valeur ce petit bijou. Un sommet d'humour burlesque et décalé, avec des personnages improbables et d'une drôlerie effarante.
Le fait de ne pas connaître l'univers de base de la série VALERIAN ne gêne en rien la compréhension de cet album, au contraire, il donne même envie de (re)découvrir cette "vieille" série.
Je me suis bien poilé en lisant cette histoire, Larcenet s'est vraiment surpassé, aussi bien au niveau de l'intrigue - sacrément drôle et gentillement débile - que des dessins où la colorisation est superbe.
A lire pour se vider le cerveau; fous rires garantis !
excessif
Le 28/11/2011 à 00:02:39
Jusqu'à présent, hormis l'excellent travail d'Emile Bravo pour Spirou, la reprise de personnages iconiques de la BD Franco-belge par d'autres artistes n'a engendré que des déceptions : célébrons donc le mini-coup de maître de Larcenet, qui confronte sans complexes son univers (le café de chez Francisque, la médiocrité moderne, diluée dans une tendresse désespérée qui rachète toutes les bassesses humaines) avec celui de Valerian (foisonnement de races dans un melting pot délirant). Le résultat est un vrai album de "Valerian", pas si loin que cela des meilleurs de l'époque de l'âge d'or, et en même temps, une histoire 100% politico-sociale à la Larcenet (illusions et désillusions, mais sans aucun cynisme, découverte du potentiel de ceux qui n'ont plus rien, etc.). Si "L'armure du Jakolass" est un simple divertissement sympathique - esthétiquement remarquable, il faut le souligner -, c'est aussi un exemple étonnant de synthèse de deux styles a priori incompatibles.
Hugui
Le 13/11/2011 à 19:26:13
Exercice de style jouissif réussi par Larcenet qui réussit à parodier la série culte sans la déshonorer. Le récit est plaisant, on retrouve tous les poncifs du genre, mais détourné par des anti-héros truculents.
Et je suis bluffé par les dessins de Larcenet qui réalise deux pleines pages de toute beauté, et qui réussit à merveille aussi bien les ambiances urbaines que intersidéral.
Bref un hommage à ne pas manquer.
dixsept
Le 05/11/2011 à 17:43:13
Par la faute de l’infââââââme Jesperiank de Jakolass, Valérian est désormais prisonnier dans le corps de René, alcoolique anonyme et pilier de comptoir notoire... Les chemins de l’Espace sont parfois sinueux, voire un brin tortueux !
Nous pensions tous que les Portes de L’Ouvre Temps s’étaient définitivement refermées et que Valérian et Laureline vivaient désormais une adolescence heureuse loin de foudres d'Hypsis ou des pays sans étoile. Erreur ! Surgissant des limites connues de la Grande Nébuleuse Dargaud, Manu Larcenet nous rappelle que les vrais héros ne meurent jamais.Exercice délicat que de reprendre une série comme Valérian sans tomber dans le pastiche (pour René ce sera un Pastis !), le spin-off ou la mauvaise copie. Il faut reconnaître que Manu Larcenet s’en tire plutôt bien puisqu’il sait donné le juste équilibre à cet album en développant sa propre interprétation de l’Univers imaginé par Jean-Claude Mézière et Pierre Christin. Sans être un chef d’œuvre inoubliable, l’armure de Jakolass est à prendre comme un bon moment de détente, un tantinet déroutant et un rien jouissif. Et cerise sur le gâteau, en faisant de René Perouillaud le véritable héro de cet album – merci les Shingouzs - Manu Larcenet donne à l’ensemble cette petite pointe d’irrévérence somme toute (très) respectueuse qu’il sied d’avoir pour se démarquer de l’œuvre originelle.
Ceci dit, ceux qui voudront également s’essayer à l’exercice vont souffrir…