Info édition : DL non précisé (parution 06/2011).
• Album cartonné au format 25*35 cm
• 300 exemplaires numérotés et signés
• Sérigraphie format 25 x 35 cm
• Impression en N/B sur papier couché 200 gr
• Avec un cahier de croquis de 8 pages en couleurs.
I
talie, XVIe siècle. Certaines provinces du Nord ont fondé une République à l’antique qui règle ses conflits par l’intermédiaire de combattants professionnels prêts à tout sacrifier au nom de leur office. Mais un vent d’idées nouvelles, soutenu par le sénateur Rembrandt opposé à ce système judiciaire, souffle et pourrait mettre en péril l’avenir de l’institution, au même titre que les menées de l’ambitieux Cardinal Rouge. Désireux d’éloigner ce double danger, les recteurs des deux académies de bretteurs s’allient et envoient six duellistes assassiner Rembrandt. À la tête de ce groupe se trouve Horacio d’Alba, un des meilleurs bretteurs, marqué par la perte de son épouse dans le duel qui les a vu s’affronter quelques années plus tôt. Une mort que leur fils Lucius, acquis à la cause de Rembrandt, ne peut accepter.
Première bande dessinée de deux jeunes auteurs, Horacio d’Alba conquiert dès les premières pages. Le contexte choisi – l’Italie, morcelée et en proie aux guerres, de la Renaissance -, a de quoi séduire, de même que le postulat d’une enclave relativement épargnée grâce à ses principes judiciaire et l’idée même des duels pour vider les querelles sur le pré. Ajoutez-y la grande maîtrise narrative dont fait preuve Jérôme Le Gris, et vous obtiendrez un album de présentation fouillé, précis, qui maintient en éveil la curiosité du lecteur.
En effet, rien n’est laissé au hasard et le scénariste mène brillamment un récit consistant, étoffé, posant les personnages, esquissant leur rôle et leur caractère. Il n’oublie pas non plus de donner une bonne idée du système régissant la République, d’en souligner les limites, d’appuyer – sans insister inutilement néanmoins – sur la rivalité existant entre les académies démocrate et timocrate. Il développe également une épaisse intrigue politique, collant parfaitement à la période choisie, et exprime avec autant de puissance que de retenue le drame personnel vécu par son héros. Le retour à l’Antiquité et l’humanisme, accompagné de ses progrès – chirurgicaux entre autres -, sont aussi largement évoqués. S’enchaînant sans heurt, l’histoire se déploie donc sur le ton de la légende, ce qui lui confère un petit goût de chanson de gestes digne des plus fameuses épopées. D’emblée, la tragédie sourd des pages et s’avère palpable dans ce récit très « fin d’une époque ». Voilà, peut-être, le seul point susceptible de faire sourciller les plus difficiles : le terrain est si habilement préparé que les événements des dernières pages sont un peu trop attendus. Un bien moindre défaut, pourtant, au regard du reste.
Pour ne rien gâcher, le graphisme de Nicolas Siner porte agréablement ce premier volet. S’appuyant sur un découpage clair et dynamique, il offre des planches détaillées et travaillées, tant pour les plans rapprochés que pour les quelques pleines pages. Le dessinateur a également largement soigné les décors, donnant ainsi corps aux paysages italiens évoqués et aux intérieurs dans lesquels évoluent les protagonistes. Le tout est encore sublimé par une mise en couleurs maîtrisée qui parvient à créer de belles ambiances en restituant avec goût et réalisme l’atmosphère propre à chaque scène.
Agréable à lire, dotée d'un récit prenant et bien dessinée, La République du point d'honneur constitue une entrée en matière convaincante pour une série qui s'avère d'ores et déjà prometteuse.
Les avis
Shaddam4
Le 12/04/2018 à 09:22:15
La série a commencé à paraître chez 12bis avant sa disparition et a ensuite été reprise par Glénat en même temps que la sortie du tome 3. La maquette de couverture de l'édition Glénat est franchement moins élégante que l'originale, de même que l'illustration.
Dans une Renaissance italienne uchronique, les cités du Nord de l'Italie se sont unies en une République transposant tout conflit dans des duels réglementés. Depuis cent ans l'art du duel est enseigné dans deux puissantes académies sous la coupe d'un Sénat empruntant aux traditions de la Rome antique. Le plus doué des duellistes est Horacio d'Alba. Pris entre son respect des traditions, l'obéissance au chef et les bouleversements politiques qui se trament dans l'ombre, il devra faire des choix... qui impacteront jusqu'à ses plus proches.
Horacio d'Alba est une très belle série historique politique au format court et à l'ambition importante, pour deux jeunes auteurs (c'est la première BD du dessinateur, la seconde du scénariste). Les trois tomes semblent écrits par un chevronné tant ils sont équilibrés dans leur exposition et la montée en régime. Le côté dramatique, shakespearien est assumé et porté par des tableaux d'intérieur relevés par le dessin très encré de Siner, par des dialogues nombreux et des personnages tragiques (dès la scène d'introduction où Horacio tue sa femme en duel). J'ai trouvé le dessin très classe extrêmement proche de ce que faisait Alex Alice à ses débuts (regardez le premier volume du Troisième testament et celui d'Horacio d'Alba, Siner n'a pas à rougir), avec la même puissance mais aussi les mêmes défauts. L'illustrateur est en progression et propose tantôt des plans magnifiques de contrastes, d'encrages, de superbes visages, quand sur un certain nombre d'autres cases sa gestion des regards est un peu flottante. Il y a une grande proximité avec le travail de Dimitri Armand, tous deux ayant un vrai talent mais quelques défauts à corriger. Le second volume est l'un des plus réussis que j'ai lu en BD historique depuis quelques temps, avec notamment une scène d'affrontement à grande échelle entre les deux académies extrêmement puissante.
On sent néanmoins le plaisir de dépeindre une époque faite d'art et d'artisanat. Ainsi le compagnon de route d'Horacio est un imprimeur et les auteurs présentent maintes digressions sur les avancées scientifiques ou médicales de la Renaissance, ce qui habille le contexte et donne un fonds très intéressant à la série. Une petite connaissance des périodes historiques aidera à s’immerger dans Horacio d'Alba mais n'est pas indispensable, le lecteur pouvant aussi se laisser porter par le récit comme il le ferait dans de la Fantasy. Car la série est à cheval entre les deux: un peu comme Servitude, elle revête un traitement résolument historique dans un contexte fictif et fantasmé (ce qui permet selon moi d'allier le meilleur des deux genres!). La dimension politique est centrale, avec une République soumise aux assauts d'un cardinal en passe d'être élu au pontificat, un roi de France observateur mais interventionniste et des conflits internes entre les Anciens et les Modernes de la Républiques du point d'honneur. Les dessins insistent sur les détail des objets, des costumes et des paysages (ces derniers ne sont cependant pas le point fort de la série) pour retranscrire une époque fascinante dont Horacio d'Alba propose d'être un moment caché, comme la chute du scénario l'amène très intelligemment. J'aime toujours quand la première case réponds à la dernière en bouclant la boucle, procurant une grande satisfaction de lecture.
Avec ses quelques petits défauts graphiques, Horacio d'Alba donne pourtant envie que l'histoire continue tant les personnages et cette histoire sont originaux, dans la même idée que celle du Troisième Testament ou du Château des étoiles: une passion de l'Histoire et des histoires, en proposant de la BD d'aventures politiques et d'action à la fois grand publie et intelligente. On souhaite en tout cas de beaux projets pour ce couple d'auteurs qui confirme leur talent sur leur première série.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/04/11/horacio-dalba
sulli
Le 10/08/2013 à 11:12:03
Les 2 premiers tomes de cette série prévue en 3 épisodes sont brillamment ficelés. La construction de l’intrigue est bien menée et elle permet au lecteur de mesurer le poids des enjeux. Le contexte historique mêle l’époque de la renaissance et des références de l’antiquité. C’est un choix risqué mais payant. Le dessin de Nicolas Siner et son travail soigné sur les décors portent également cette bande dessinée dont le résultat est tout à fait agréable.
Je suivrai avec attention la sortie du 3ème tome.
http://bdsulli.wordpress.com/
DixSept
Le 25/04/2011 à 20:34:58
En des temps où ils étaient l’objet de la convoitise de leurs voisins, les États du Nord décidèrent d’instituer une nouvelle gouvernance. Exit les luttes fratricides, les Duellistes sont désormais là pour régler les différents et garantir la paix interne. Mais l’apparente harmonie qui règne désormais n’est que de façade et Horacio d’Alba, duelliste renommé, en sait quelque chose…
Scénario dense (sans être complexe) utilisant avec talent toutes les recettes d’une bonne intrique, graphisme léché et soigné maîtrisant lui aussi (avec brio) tous les codes actuels du genre, “Horacio d’Alba” est parfaitement dosé et calibré, trop peut-être !
Toutefois, ne boudons pas notre plaisir à lire cet album d’excellente facture et gageons que Jérôme Le Gris et Nicolas Siner sauront nous livrer un second album de même acabit.
herve26
Le 05/04/2011 à 22:13:45
Véritable petite surprise que ce premier tome d'Horacio d'Alba.
J'étais pourtant assez septique avant que mon libraire (loué soit son nom!)m'en conseille la lecture.
Bien sûr dès les premières pages, on ressent l'univers de Lauffray, d'Alex Alice mais , fort heureusement, le dessin de Nicolas Siner, tout en s'inspirant, possède des qualités propres et intrinsèques. En privilégiant les personnages par rapport au décor (les fonds des cases sont souvent exempts de décors), Nicolas Siner nous oblige à nous focaliser sur ces hommes et femmes , tous dévoués aux duels, sur l'intrigue.
Entre uchronie et récit historique, Jéröme Le Gris arrive à nous livrer un scénario original et parfaitement maitrisé. L'unvers choisi, entre empire romain et renaissance,(sans oublier l'autorité pontificale) est criant de vérité.
Il fallait oser camper des personnages aussi fort en couleur.
Car ces duellistes sont assez charismatiques et j'avoue qu'a la dernière page , j'ai eu hâte de connaître la suite car la dernière case est vraiment belle et surtout nous laisse dans une situation angoissante.
Bref, une petite pépite que je conseille vivement.