Résumé: La fin de l’hiver approche et la maison de couture Tiffany se penche sur une nouvelle collection. Le prochain bal aura pour thème la mythologie. Mais des tensions entre Bianca et Rachel jettent une ombre sur l’ambiance de l’atelier. Elinor, malgré sa fragilité, multiplie les initiatives et sait se rendre indispensable. Elle ignore que Bianca, qui se sent menacée dès qu’on conteste son autorité, peut faire lui payer cher ses audaces. Les secrets bruissent entre les étoffes et deviennent difficiles à dissimuler. Le temps des révélations approche, qui ne ménagera personne, pas même ceux qui se veulent innocents.
A
lors que l’hiver touche lentement à sa fin, le manoir des Tiffany commence à préparer le bal de printemps sur le thème de la mythologie. Un véritable défi pour Bianca, la fille prodige de la célèbre maison, et pour ses couturières. Mais la difficulté et l’enthousiasme de l’équipe n’empêchent pas la cohésion de se déliter, Rachel ayant refusé une décision inique de sa chef d’atelier. Peu encline à pardonner ce désaccord, Bianca voit sa colère encore accrue par la volonté d’Abel d’impliquer les enfants du village voisin dans la fête, ce qui augmente la charge de travail. Au milieu de cette atmosphère tendue, qu’une disparition vient obscurcir, Elinor s’adonne corps et âme à sa tâche, quitte à y laisser ses forces et sa santé.
Dans la parfaite lignée du premier volet, ce deuxième tome d’Elinor Jones replonge le lecteur dans l’ambiance à la fois délicate, légèrement désuète et raffinée de la maison de couture Tiffany. Les promesses précédentes y sont pleinement confirmées et le huis clos aux airs victoriens se poursuit tout en s’assombrissant un peu plus.
Grâce à l’alchimie bien dosée mise en œuvre par Algésiras (Candélabres), le cadre intimiste et en apparence paisible du microcosme tout de chiffon et de dentelle se lézarde davantage, tandis que les relations entre les différents protagonistes et leurs caractères respectifs s’affirment de plus en plus. Les secrets et les divergences, voilés jusqu’ici, s’avancent sur le devant de la scène, éclatant pour certains au grand jour, ou se précisant progressivement pour d’autres, tout en préservant leurs mystères. Palpables, la tension et les frictions qui règnent se traduisent surtout par de petites touches ici et là : des sourires chargés de sous-entendus, des murmures insidieux, des réflexions peu amènes ou des changements décidés au dernier moment. Tout cela sans fracas direct ni grandiloquence, alors même que le drame est bel et bien présent. Encore une fois, c’est bien dans le naturel intrinsèque à la narration et calqué sur l’existence que réside une grande partie des qualités de cette série. En effet, les événements se succèdent sans recours à d’artificiels retournements de situation, mais suivent plutôt une évolution spontanée qui, lorsqu’elle vient bouleverser le quotidien, le fait sans éclat inutile, de façon si ordinaire, si calme, qu’elle rend les faits, aussi tristes soient-ils, à la fois plus tangibles, plus authentiques et plus profonds.
Au service de ce récit bien rythmé, le talent graphique d’Aurore (Pixie, Kookaburra Universe) ravit de nouveau l’œil en donnant corps et couleurs à ce petit univers aux limites bien définies. Chaque scène est l’occasion pour le trait fin de la dessinatrice, influencée par le manga, de souligner et sublimer différentes atmosphères, grâce à des cadrages soignés ainsi qu’à un découpage clair et précis. Les sentiments, exprimés ou retenus, transparaissent à travers des visages d’une grande expressivité qui en disent souvent plus longs que les mots, tandis que quelques cases, muettes ou non, suffisent par leur seule composition et leur mise en couleurs à planter un décor et une ambiance. Enfin, si cet album est plus axé sur les relations entre les personnages que le précédent, l’aspect festif et très haute-couture lié au bal et au milieu n’est pas en reste et Aurore charme le lecteur par une série de robes, de costumes et de bijoux tous joliment travaillés et d’une grande richesse. Un aspect féérique qui se retrouve dans les belles pages de la fête et, sur un mode plus poétique, dans les allées du délicieux jardin du manoir.
Le bal de printemps constitue une petite perle graphique et scénaristique, qui se révèle délectable et accrocheuse à tous point de vue. Vivement le troisième et dernier tome !
Les avis
Ruya
Le 19/12/2011 à 21:13:08
Ce deuxième tome m'a plu d'avantages que le premier! Par contre je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi Elinor refuse de manger... Ça ne me semble pas être seulement parce qu'elle est trop absorbée par son travail, comme l'auteur semble vouloir nous faire croire... je ne crois tout simplement pas à cette explication trop facile. Elle est anorexique? Dégoûtées par la bouffe? Malade? Soit il y a quelque chose de plus à attendre de cette facette du personnage, soit cette partie a été vachement mal planifiée et/ou exécutée... Bref, à part ce détail bien frustrant, l'histoire tient beaucoup mieux la route que dans le premier tome.