Résumé: Il y a le maladif, talentueux et cultivé Malard ; l'insatisfait débordant d'idées Inscht ; le poseur et dragueur Alpodraco ; le cynique et grognon Greul. Ils sont écrivains, et leur seule base solide est le troquet parisien qui leur sert de QG. Là, ils débattent, déplorent ou débinent leurs livres, leur métier, la littérature et tout ce qui tourne autour. Mais comme autant de quilles dans un jeu de chiens, il y a aussi un prof en voie de clochardisation, une célèbre auteure à succès, une stagiaire-secrétaire-pigiste qui couche, un jeune écrivain qui vient les flatter et demander conseil... Tout s'emballe quand le bistrot est mis en vente : la bande des quatre décide de tout faire pour l'empêcher.
Q
uatre romanciers se retrouvent régulièrement dans un petit troquet parisien qui leur sert de QG. Inscht, le moulin à idées non-concrétisées, Greul, le cynique, Malard, le cultivé, et Alpodraco, le dragueur, ne jouissent pas d’une notoriété particulière, mais prennent plaisir à discuter de leur métier autour d’un verre. Que ce soit pour débattre de leur art ou pour se lancer dans des concours d'épithètes, juste pour passer le temps, ces rencontres rituelles au «Rendez-vous des amis» ont quelque chose de sacré. Alors, quand le patron décide de mettre la clef sous le paillasson pour prendre sa retraite, il est temps de faire preuve d’ingéniosité …
La première partie de ce diptyque, écrit par Anne Baraou et dessiné par François Ayroles, se découpe en onze séquences ayant pour seul fil rouge la fermeture de ce bar ringard, faisant office de métaphore à une profession en perdition. À coups de dialogues savamment construits et non dénués d’humour, la scénariste partage le quotidien de quatre écrivains lambda et propose une vision plutôt désillusionnée du monde de la littérature. Des obligations commerciales d’un milieu littéraire sous l’emprise grandissante du marketing à leurs propres névroses, en passant par les éditeurs, les confrères et les attachés de presse, personne n’échappe à cette chronique acerbe. Dans ce café où le verbe coule à flots alors que la pompe à bière reste trop souvent muette, le lecteur a néanmoins tendance à s’ennuyer de ces bavardages finalement assez peu goûteux. Outre le manque de rythme et de structure, l’exercice se révèle vite trop hermétique et les discussions peinent à accrocher.
Malgré le décor assez monotone de ce bar de quartier miteux et le nombre limité d’intervenants, François Ayroles parvient tout de même à tirer son épingle du jeu. Porté par la mise en couleur efficace d’Isabelle Merlet, le graphisme s’adapte parfaitement au ton du récit et plonge ce verbiage culturel dans l’atmosphère adéquate.
Un travail d’écriture réservé aux passionnés du monde littéraire.