Info édition : Achevé d'imprimer en 2009 en Chine (pas de mois indiqué). Noté "N001" au 4e plat. Numéro 2 de la collection.
Résumé: Un grand nom de la bande dessinée et un grand nom du livre de voyage unissent leur expérience éditoriale et le talent de leurs auteurs pour inventer, ensemble, une nouvelle génération de city guides.
Idée force de cette nouvelle collection Lonely Planet / Casterman : conjuguer la force des textes et l’impact des images dessinées pour donner à voir et à découvrir autrement de grandes métropoles du monde, à travers des choix d’itinéraires délibérément subjectifs ou éminemment personnels. L’identité des auteurs joue évidemment un rôle central dans le dispositif : choisie pour son expérience et sa proximité avec la ville traitée, chaque équipe auteur / dessinateur évolue au plus près de son sujet, afin d’offrir au lecteur regards neufs, chemins de traverses ou conseils inédits.
Ce qui n’empêche pas, bien au contraire, la rigueur et l’exigence. Comme toujours chez Lonely Planet, précision et fiabilité des informations proposées sont au cœur de chaque livre. Et comme toujours chez Casterman, c’est le meilleur des dessinateurs qui s’exprime en images, aux couleurs de l’imaginaire et de la liberté.
Quatre titres lancés simultanément inaugurent cette nouvelle collection, consacrés respectivement à New York, Bruxelles, Rome et Venise.
Le guide Bruxelles est signé par le plus cosmopolite des grands dessinateurs belges, François Schuiten, et Christine Coste, spécialiste de cette grande cité.
L
es éditions Casterman et Lonely Planet innovent dans l'univers des city [guides] en associant un auteur de bande dessinée à une ville. Quatre guides sortent simultanément : New York, Rome, Venise et Bruxelles.
Les auteurs qui ont pour muse une ville et qui, par leur célébration, en font un acte fondateur de leur œuvre, ne sont pas légion. Si Tardi est largement identifié à Paris, il est vraisemblable que Schuiten aurait eu une trajectoire artistique différente s'il n'avait pas vécu à Bruxelles. Dès lors, le choix fait par Casterman et Lonely Planet pour illustrer leur nouveau guide Bruxellois devient évident.
Délaissant l'aspect pratique et gastronomique qui a fait la renommée de Lonely Planet, c'est plus sur l'histoire de la ville que s'attarde cette nouvelle collection. Itinéraires, comme son nom l'indique, propose d'emprunter huit trajets pour découvrir la métropole. Décrit avec minutie par Christine Coste, avec des zooms historiques ou culturels, ainsi que des anecdotes en marges décorées de vignettes dessinées par Schuiten, chaque parcours invite à entrevoir le foisonnement architectural des différents quartiers de la capitale.
Au premier chef, le fameux palais de justice, gigantesque superstructure avant l'heure qui pèse sur la cité, inachevé, aux plans définitifs jamais dévoilés et dont l'épopée oscille entre Kafka et Courteline. Autre thème récurrent chez le dessinateur et dans l'urbanisme de la ville, l'enchevêtrement hétéroclite d'architectures, mélangeant époques et origines sociales, fruit de promoteurs immobiliers sans scrupules, de plans d'aménagements inaboutis, aussi frénétiques que fugaces. Enfin, c'est avec grand plaisir que l'on retrouve l'évocation de l'œuvre de Horta, disséminée ici et là dans la métropole. Ce sera aussi l'occasion, au gré des monuments, de ses pièces maîtresses et de ses recoins, d'en apercevoir la richesse historique.
S'il accrédite de manière tacite et ludique la théorie d'un point de passage entre la réalité et le monde des cités, ce guide décontenance le voyageur sur le départ en le mettant en appétit de découvertes par un rédactionnel enthousiaste et rigoureux mais abondamment illustré par une Bruxelles fantasmée, déformée par le filtre de la perception Schuitennienne. Au final, le futur visiteur ne sait pas véritablement à quoi s'attendre sur le plan visuel, ou risque une certaine déception en passant de l'autre côté du miroir, celui que lui réserve la réalité. En revanche, le bédéphile familier de l'univers de Schuiten prendra sans doute plaisir à redécouvrir les édifices in situ, dépouillés de leurs attributs "obscurs".
Consulté dans un salon, ce guide incite à se convaincre que la série maîtresse du duo bruxellois ne raconte peut-être qu'une seule et même ville : Bruxelles.