Info édition : Format 170 X 245 mm. Avec un marque-page cousu.
Résumé: Le métro à l'heure de pointe, à la caisse d'un supermarché, une grasse matinée ou un jogging dans un parc, autant de lieux et de situations banales souvent jalonnées de petits incidents dérisoires et anodins... Chabouté renoue avec la nouvelle dans ce recueil de onze histoires courtes... Sans jugement ni moralisme, il dépeint simplement la banalité de ces petits accrocs du quotidien, ces broutilles ordinaires qu'il envoie avec talent à la face du lecteur, ces terribles futilités qui ne peuvent que laisser un goût amer ...104 pages où les silences de ces "tout petits riens" en disent long...
L
e quotidien, un mauvais jour. Après la mer et l’isolement, Christophe Chabouté se replie vers la ville et ses habitants. Il y raconte, avec une application soutenue, la cruauté quotidienne que génère la vie moderne.
L’auteur de Purgatoire semble s’être assis dans un coin et avoir ouvert les yeux. De ses observations, il a ensuite sélectionné, systématiquement, les anecdotes les plus sombres. Onze petites nouvelles pour autant d’incidents dramatiques, cette liste à la Prévert sous Prozac peine, évidemment, à provoquer beaucoup de gaîté. Un peu comme un flash France-Info, l’information est bien là, mais le temps d’en prendre conscience et, déjà, une autre a pris la place. Certains épisodes sont néanmoins des plus réussis. L’histoire de Melissa ou celle de Nahema et sa maman en sont de très bonnes illustrations, en quelques cases quasi muettes, l’auteur résume magistralement tous les espoirs et toutes les blessures de l’enfance.
Graphiquement, Chabouté délecte le lecteur grâce à sa maîtrise du noir et blanc. Le dessinateur de Terre-Neuvas retranscrit, avec autant de talent, les pavés parisiens que les Grands Bancs. Avare de mots, il arrive, néanmoins, grâce à des cadrages recherchés et un trait solide, à transmettre toutes les émotions et les détails nécessaires pour illustrer ses propos. Le très court récit à propos de la lampe verte, mélangeant un plan fixe en contre-plongée et un lent zoom arrière, est une véritable leçon de narration.
Il manque à ces Fables amères un élément important, peut-être une morale qui aurait permis de les lier en un ensemble plus homogène. Un album à réserver en priorité aux amateurs du travail graphique de Christophe Chabouté.
À lire également :
La chronique de Terre-Neuvas par F. Mayaud
La chronique de Tout Seul par F. Mayaud
Les chroniques contrastées de Construire un feu par L. Cirade et J. Briot
Les avis
Erik67
Le 19/11/2020 à 15:20:41
Cela faisait un certain moment que je n'avais plus lu un Chabouté. C'est un auteur que j'aime bien pour avoir par exemple la plupart de ces oeuvres dans ma collection. On se souvient encore du magnifique Tout seul ou encore dans un autre genre sa version du Henri Désiré Landru. Alors que valent ces fables amères ?
Sur la forme, c'est toujours un excellent dessin en noir et blanc avec une patte assez caractéristiques qui fait qu'on reconnait son style. C'est un dessinateur hors-pair qui a une réelle maîtrise du noir et blanc. Peu de gens dans cette noble profession égalent son niveau.
Cependant, je n'ai pas aimé le format trop petit par rapport à l'édition ce qui nous change des grands formats auquel l'auteur nous avait habitué. Par ailleurs, je n'avais pas compris qu'on passait d'une nouvelle à l'autre. pas de sous-titre et pas d'introduction. Une première nouvelle assez difficile à comprendre. Bref, la confusion.
Bon, au bout d'un moment , on se rend compte qu'il s'agit d'une petite compilation de récit, de tranche de vie qui ont toute un sens. La plus marquante reste pour moi celle de la reconduite à la frontière. L'auteur parvient à nous faire susciter des émotions de façon assez magistrale en quelques cases.
En conclusion, une oeuvre qui ne sera pas la meilleure de l'auteur mais qui a le mérite d'être efficace.