K
arl, le petit à lunettes fan intégriste de Star Trek et Freddie, son acolyte Belge à la légère surcharge pondérale et à l’inséparable Jogging reprennent du service et continuent de charcuter du zombie dans Poppypop ne répond plus, troisième tome des Zombies qui ont mangé le monde. Mais cette fois-ci, il semblerait bien que la folie des grandeurs se soit emparée des deux auteurs de cette série pour le moins « rafraîchissante » car, non content de passer pour ce troisième volume à une histoire de 46 planches là où les deux premiers étaient des recueils d’histoires courtes, ils nous offrent une pluie de guest stars de renommée internationale. En vrac, le lecteur ébahi aura l’occasion de croiser Caligula et Genghis, deux authentiques princes belges adeptes de la tronçonneuse et de la traîne bordée d‘hermine, il savourera l’apparition très spéciale de Jésus et retrouvera avec délectation l’ex-président George W. Bush, malencontreusement lobotomisé dans une aventure précédente.
Bref, on l’aura compris, si la longueur des histoires des Zombies qui ont mangé le monde a changé, l’esprit lui est bel et bien resté le même : mauvais goût à tous les étages, dialogues percutants, viscères et humour vachard restent la marque de fabrique de la série, qui déroule son intrigue aussi fine qu‘une feuille de cigarette à un rythme effréné. L’intérêt des Zombies qui ont mangé le monde réside toujours dans le duo Karl Neard/ Freddie Merckx, sortes de Laurel et Hardy trash qui se concurrenceraient pour le concours du crétin le plus kitsch. Leurs tenues improbables, les saillies de Freddie sur l’art, ses commentaires sur la Belgique et l’Europe en général la collectionnite de Karl et son amour pour une zombie qui le trompe avec son propre père, tout cela relève la saveur de ce qui ne serait autrement qu’une bonne série B transposée en bande dessinée. Un petit bémol, tout de même : bien que les piques acides se référant à notre société soient toujours présentes, leur nombre a tout de même fortement diminué. Les zombies sont en effet relégués pour la plupart au rang de chair a mandalles pour l'amusement de Freddie et de ses amis, là où ils révélaient auparavant les tares de notre fin de XXe siècle. L'intrigue perd donc un peu en profondeur ce qu'elle gagne en punch, et si l'on ajoute le dessin toujours délicieusement crade de Guy Davis, Les zombies qui ont mangé le monde reste une des meilleures séries d’humour du moment.