Résumé: En 1864, Emile Zola est encore jeune pigiste chez Hachette. Discret mais brillant, il rêve de devenir écrivain. Il rencontre auprès de ses amis, figures artistiques majeures en devenir (Cézanne, Monet, Manet, etc.), la vivante et énigmatique Alexandrine, alias Gabrielle, devenue modèle afin d'échapper à sa condition d'ouvrière. Mutuellement séduits, ils entament une relation amoureuse qui se conclura par un mariage tardif. En plus de sa vie, elle partagera avec Zola son histoire personnelle tragique, et celle de son milieu de naissance misérable, qui servira de terreau à l'une des plus grande saga littéraire, politique et sociale de la seconde moitié du XIXe siècle: les Rougon-Macquart. Dans ce contexte, un troisième personnage viendra compléter ce trio, Jeanne Rozerot, la mère des deux enfants de Zola...
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'adage prétend que derrière chaque grand homme il y a une femme. Mais comme Émile Zola est un géant… il y en a deux. D’abord sa compagne, Alexandrine, une orpheline avec peu d’éducation qui, à force d’acharnement gagne le respect des intellectuels et contribue à établir la réputation de son mari. Sa connaissance du Paris des pauvres inspire par ailleurs une partie de la saga des Rougon-Macquart qui accapare le chroniqueur pendant vingt ans. Vieillissant, elle embauche Jeanne Rozerot ; jeune et enjouée la bonne devient la maîtresse de la célébrité à qui elle offre un garçon et une fille. Une fois le choc passé, la première accepte la seconde.
Le scénario de Méliane Marcaggi s’attarde principalement aux conjointes, réduisant l’auteur à un rôle de soutien. Le lecteur y apprend relativement peu de choses sur l’écrivain, son œuvre ou son engagement politique, mais il apprécie le point de vue sur une époque et sur celle qui, à défaut d’occuper le devant de la scène, tire certaines ficelles. Ce personnage se révèle fascinant. La demoiselle s’affranchit de sa classe en posant pour les peintres, puis s’affirme comme muse et conseillère du romancier, avant d’en être la veuve qui n’hésite pas à bafouer les conventions sociales pour rétablir la mémoire de la sommité.
Le dessin d’Alice Chemama rappelle celui de Clément Oubrerie dans Pablo ou dans Isadora avec, par moments, des accents d’Henri Matisse. Très détaillé, son trait semi-réaliste restitue de façon convaincante la capitale au XIXe siècle pour redonner vie aux halles et aux petits commerces. Le jeu des acteurs se montre toujours juste, particulièrement dans les regards. La mise en couleur à l’aquarelle est élaborée ; quelques pages se détachent, alors que la sombre enfance de l’héroïne est présentée en noir et crème, jusqu’au moment où elle change de nom et s’émancipe en se rebaptisant Gabrielle.
En leur temps, Alexandrine Zola et Jeanne Rozerot ont joué les seconds violons. Cent ans plus tard, deux bédéistes les mettent à l’avant-plan. Et elles le font avec talent.
Les avis
Erik67
Le 10/01/2022 à 08:48:25
Emile Zola a été un immense écrivain. Il a été l'un des romanciers français les plus populaires. Il a marqué le monde littéraire avec un rayonnement dans le monde entier. C'est un fait incontestable.
Cette BD ne va pas s'attarder sur son œuvre. Non, il s'agit de voir la vie privée de cette personnalité. On va se rendre compte qu'il n'a pas été un modèle du genre. Il va tomber amoureux de la belle Alexandrine qui vient d'un milieu social très pauvre. Elle était une orpheline bien courageuse afin d'affronter les aléas de la vie. L'amour va la sauver.
Elle va tout faire pour faciliter la vie de l'écrivain qui n'est pas encore reconnu. Elle va être le véritable artisan de sa future gloire. Elle va le payer très cher car il lui refusera pendant longtemps de faire un enfant afin de se concentrer sur son oeuvre. Il attendra qu'elle est dans la quarantaine mais cela sera trop tard. Il jettera alors son dévolu sur une servante de la famille en menant une double vie et avec qui il fera deux enfants pour compenser.
En vérité, le grand Emile Zola était un individu sans scrupule qui agit envers sa dévouée épouse d'une façon ignoble. Il s'est comporté misérablement dans sa vie privée ce qui ne préjuge en rien de son talent littéraire qui demeure incontestable. Le lecteur va découvrir au fil de sa lecture les contradictions de cet homme qui a tout donné à la littérature.
Le titre de la BD ne s'intitule pas Zola mais les Zola et cette indication revêt toute son importance. C'est une véritable réhabilitation du rôle de sa fidèle épouse à savoir Alexandrine Zola qui est la véritable héroïne de cette oeuvre.
Il sera également abordé dans la dernière partie l'affaire Dreyfus et le fameux « J'accuse » de l'éditorialiste Zola qui va avoir pas mal de problèmes. En effet, il y aura l'exil suite à une décision de justice assez inique mais également les menaces concrétisée d'ailleurs par cette mort mystérieuse en 1902. Alexandrine restera digne jusqu'à la fin. Bref, une femme exceptionnelle au service d'un homme qui récupérera toute la gloire comme c'est souvent le cas.
ramses 12
Le 26/12/2019 à 13:53:01
Ayant plus subi Zola au lycée, que réellement apprécié, j’étais un peu perplexe quand ai reçu « Les Zola » en cadeau. Mais, après la lecture je recommande moi aussi cette BD. Le scénario, où la place est faite aux femmes de Zola, est appuyé par des dessins soignés. Seul regret, un seul album n’y suffi pas et une série en deux volumes aurait permis de détailler un peu plus la vie de l’auteur et la page d’histoire qui nous est présentée.
foufou62
Le 26/11/2019 à 16:54:21
Très belle BD sur l'auteur des Rougon-Macquart et J'accuse. Sa vie plus personnelle et familiale racontée et dessinée par deux femmes dans un album frais, colorié (on ne peut s’empêcher de penser aux impressionnistes...) joli et vraiment très agréable. Hautement recommandable !!!