Le 17/12/2019 à 20:28:53
Une sorte de coutume chez moi est que, lorsque je me suis procuré et lu la dernière bande dessinée parue, de Yoko Tsuno ; je me mets à relire toute la collection au grand complet dans leur l’ordre chronologique (en passant, je fais cela depuis que j’ai eu mon premier livre de cette série soit, les titans [No.8]). J’étais sur le point de commencer par l’album numéro 4 quand je me suis souvenue de ce roman. N’ayant pas très envie de m’investir dans un manuscrit à cet instant-ci, j’aurais pu facilement passer outre, mais… si je voulais rester dans « l’esprit » ce rituel, je devais en principe démarrer par cette aventure. Ceci étant fait, voici donc mon analyse : Yoko est apparue pour la première fois en 1970 dans le journal Spirou, no. 1693… mais ce ne fut qu’avec le neuvième album intitulé « la fille du vent » (paru en 1979) que nous en apprenons un peu plus sur la jeunesse de Yoko. Jusqu’à ce moment, seule la mention du nom de son père, Seiki Tsuno (ou Seiki San), lors de sa première aventure (Hold-up en Hi-Fi), nous indique qu’elle a un foyer et, de ce fait, un passé. Ce fut donc en se basant sur les révélations énoncées dans la fille du vent que Roger Leloup a bâti ce roman. Les points forts ; après une brève introduction sur le décorum et la situation familiale, nous rencontrons Yoko pour la première fois le jour de ses cinq ans. Cette fois-ci, l’auteur produit littéralement un tour de force. Il réussit à nous amener, tel un adulte se mettant à genou pour être au niveau des yeux d’un enfant, à la hauteur de ceux de Yoko. C’est comme ça que nous découvrons notre interlocutrice : déjà prompte et combative, elle était aussi orgueilleuse et très sensible. Notre championne en devenir, à la fois fier et fragile, se transformera sous nos regards en la jeune femme qui nous sera familière et ce, grâce à la sagesse et bonté de son père, de son grand-père, Onoué Tsuno, mais aussi celle de son amie Aoki, un moine bouddhiste. Et il est là le tour de force : le créateur de Yoko arrive à nous faire vivre son évolution en même temps qu’elle au travers de ses expériences et tribulations… ce que peu d’écrivains réussissent. Les points faibles ; il n’y en a pas… ou encore, il faut vraiment chercher la petite bête. Selon moi, le seul et unique point sombre serait peut-être, au niveau de la culture japonaise. Celle-ci étant très complexe, pleine de rituels et de traditions ancestrales ; j’aurais aimé voir une plus grande influence de celles-ci sur le récit. Cependant, comme cet ouvrage fut d’abord et avant tout destiné à un jeune public ; cette lacune n’en est pas une, car la difficulté de ce sujet en aurait découragé plus d’un… jeunes et moins jeunes. Mon opinion ; au fil du temps, j’ai remarqué qu’un antépisode (ou prequel) avait la possibilité de, soit rehausser une série, soit la handicaper (voire la détruire) complètement. Heureusement, ce roman non seulement ne nuit pas à la série principale, mais au contraire lui donne une profondeur insoupçonnée. Au fur et à mesure que Yoko grandit, on la voit se transformer au travers de ses expériences et découvertes. De l’enfant tumultueuse et pleine de vie, elle deviendra au cours des pages de ce récit la femme aux qualités exceptionnelles de courage, d’intelligence, de bonté et de générosité que nous connaîtrons plus tard. Lors de ma première lecture, j’ai parcouru cette histoire comme je l’aurais fait de n’importe laquelle de ses aventures. Ce qui a été une belle erreur, car ce ne fut qu’à ma deuxième lecture seulement, que j’ai pu vraiment concentrer toute mon attention sur Yoko. C’est ainsi que j’ai pu mesurer et comprendre, toute la portée de la métamorphose que notre héroïne préférée a subie au cours de son cheminement. Cette transformation qui se produit sous nos yeux est beaucoup plus profonde qu’elle n’y parait. Et lorsqu’on le réalise, on ne peut qu’apprécier encore davantage l’aventurière dont nous suivons les péripéties depuis bientôt près de cinquante ans. Cependant, c’est souvent une certaine tristesse qui me prend à chaque fois que je tourne la dernière page de ce roman. Triste non pas parce que l’histoire l’est... Non ! Triste parce que ce récit me laisse toujours sans réponses à plusieurs questions. Questions tel que : que sont devenue les tantes de Yoko, Hiromi et Chizuka ? Sont-elles encore vivantes ? Quant à ses amis d’enfance Akina et Shinji, où sont-ils rendus ? Et enfin, est-ce que Wai, le fils de Mme Kwan, a réussi à guérir ses jambes ? Ces personnages rencontrés par Yoko sont tellement attachants (presque autant que notre vedette) que l’on ne peut s’empêcher de s’interroger sur leurs sorts. Mais, en fait, la plus grande question concerne tout ce qui entoure cet énigmatique Monsieur Chu : qui est-il ? Où est-il rendu ? Et surtout, dans quels autres méfaits est-il impliqué ? Hmmm… aurions-nous ici les graines d’une nouvelle aventure ? Qui sait ? Aux finales, le plus frustrant, après avoir lu ce roman, est de se rendre compte que ; bien que nous en avons découvert énormément sur l’origine de notre belle héroïne, celle-ci garde encore bien des mystères. Mystères tels que : Que s’est-il passé entre son retour au Japon, et son arrivée en Europe ? Ou encore, comment a-t-elle appris le français ? Il y a là de quoi faire une nouvelle histoire ou même deux. En conclusion, ce roman est un incontournable pour connaître Yoko avant qu’on la rencontre officiellement pour la première fois dans soit dans « Hold-up en Hi-Fi » ou encore soit dans « Le trio de l’étrange ». Bonne lecture à tous.BDGest 2014 - Tous droits réservés