Résumé: Edmée, une opticienne astronome mystérieuse, se passionne pour les étoiles. Un jour, son directeur lui demande de garder sa fille, Violette. Celle-ci délaissée par son père, s'ennuie ferme et trouve en Edmée une grande amie. Cette dernière l'entraîne alors progressivement dans une quête fantastique, sans se douter à quel point la curiosité de la jeune fille prendra le pas sur sa prudence.
A
vec un papa très occupé par son poste de directeur de l’Observatoire et sans maman, Violette a l’habitude de voir défiler les baby-sitters ou, parfois, de devoir se débrouiller seule comme une grande. Ce soir, c’est Edmée, une employée temporaire du laboratoire de son père, qui est chargée de la garder suite à un empêchement de dernière minute. Déconcertée un instant par cette figure inconnue, la fillette se reprend et accueille la nouvelle venue avec enthousiasme. Mieux encore, le courant semble passer entre les deux futures copines et une véritable relation se met en place. Une amie pour toujours, c’est certain. Mais, qui est vraiment cette jeune femme un peu lunaire et amatrice de photographies de météorites et de jardins oubliés ?
Adaptation libre du roman éponyme de Marie Desplechin, Les yeux d’or met en scène différentes solitudes du monde d’aujourd’hui. Conte moderne rempli d’émotion, le scénario fait également la part belle à ceux qui tentent de voir au-delà de la routine du quotidien. D’un côté, une enfant un peu délaissée par un père sur-occupé qui a oublié l’essentiel. De l’autre, un personnage faussement mystérieux qui veut croire au merveilleux ordinaire. Évidemment, quand la poésie est prise comme argent comptant par une gamine prête à tout pour de l’attention et un peu d’amour, le choc peut se révéler funeste. La force de la narration vient de la manière ultra-réaliste dont l’autrice a imaginé cette rencontre. Edmée est la première à être étonnée et affolée quand elle se rend compte des conséquences que ses manies ont sur Violette. La réaction de Jean-Philippe n’est pas moins humaine et aimante. Le choc entre les responsabilités terre-à-terre et les rêves est montré tout en délicatesse et avec une intensité de tous les instants. Mieux encore, Lucie Quéméner n’a pas besoin de monstre inter-dimensionnel ou de quête remplie d’épreuves pour décrire avec acuité et profondeur les émois traversant cette histoire sise aux frontières du fait divers et du thriller psychologique.
La mise en image suit la même formule et baigne dans une douceur enveloppante. Trait ultra-léger, couleurs en demi-teintes, pratiquement patinées et mise en page facile à suivre, le travail de la dessinatrice renforce agréablement l’atmosphère générale du récit. La vie de tous les jours, un peu fade ou générique, fait face aux aspirations pour un peu d’extraordinaire et d’affection. La cohésion entre propos et visuel est sur ces points tout à fait admirable.
Lecture jeunesse en premier lieu, Les yeux d’or peut aussi servir de piqûre de rappel aux adultes pris dans le tourbillon de la vie moderne. Croyez en votre étoile, cultivez votre jardin secret et partagez tous ces trésors avec vos proches !
La preview
Les avis
Zablo
Le 17/04/2024 à 08:56:48
Une belle histoire...
Lucie Quéméner, jeune autrice de BD sortie du Bachelor de Delcourt, adapte le roman de Marie Desplechin avec succès. En effet, elle parvient à nous faire sentir la solitude de la jeune fille, qui pâtit de l'absence de ses parents, ainsi que celle de sa nounou improvisée, qui vient finalement lui apporter une présence réconfortante, un peu d’amour et de poésie dans cet environnement froid et rigide.
Le découpage est dynamique et la composition des planches fait briller les yeux, avec de nombreuses cases, des zooms, sur les mains, les visages, les objets... ou ces étoiles qui crépitent sous nos paupières.
Pourtant, je ne suis pas complètement convaincu par l’esthétisme de cette œuvre. Si j’apprécie le trait fin et épuré de Lucie Quéméner, comme une synthèse enfantine de celui de Bablet, je suis moins convaincu par ses couleurs, malgré leur douce mélancolie, à cause d’une sorte de flou dû à l’outil numérique.
Sélectionnée au FIBD 2024...
...à mettre entre toutes les mains.