Le 02/10/2020 à 17:21:35
On se rappelle que l'auteur Frank Miller avait réalisé 300 vers la fin du XXème siècle que j'avais bien aimé d'ailleurs. C'était une claque non seulement visuelle mais scénaristique également. Frank Miller est une sommité en matière de comics. Le cinéma s'était emparé de son oeuvre pour le meilleur ou le pire. Il y avait eu des débats concernant les thèmes traités qui frisait un peu la xénophobie. A vrai dire, j'étais passé un peu à côté car cela ne m'avait pas marqué. Deux décennies après, voici une suite où nous sommes encore au beau milieu d'une bataille qui s'engage entre un général athénien et les armés du roi de perse en déroute. Là encore, il y a des effets assez impressionnants. On est emporté par la passion qui anime les personnages jusqu'à leurs destins tragiques. Cependant et malgré toutes ces audaces, je dois bien reconnaître que ce n'est pas du même acabit que 300 car j'ai été un peu lassé au fil de ma lecture. Cela souffre de cette comparaison avec ce chef d'oeuvre. C'est déjà pas mal mais sans avoir atteint l'exceptionnel comme jadis.Le 28/06/2019 à 16:53:49
Un album particulier. On est d'abord saisi par l'intensité des dessins, c'est spectaculaire et violent. Quant au récit il faut un petit moment pour rentrer dededans et se laisser bercer par celui-ci. J'avais des réserves quant à la première moitié de l'histoire mais une fois l'album fermé tout prend son sens et j'en suis ressorti conquis.Le 14/06/2019 à 16:37:20
Cet album est un événement. Un peu comme l’Histoire de Siloë dont le dernier volume est sorti récemment après seize ans d’attente, le nouvel album du dessinateur Frank Miller, auteur qui a révolutionné la narration et le dessin de la BD américaine avec sa radicalité sur Hard Boiled (dessiné par Geoff Darrow, le designer de la saga Matrix), avec son ombre et lumière sur Sin City, avec son design sur 300… Xerxès est totalement lié à 300 sans aucunement en être une suite. Pour comprendre cet album il convient de faire un petit regard dans le rétro. Miller naît artistiquement en 1985 avec la publication du Dark Knight return, en pleine époque Reagan, qui redéfinit totalement le Chevalier noir (autant que le fera bien plus tard Sean Murphy en… 2018). Toutes ses publications ont été marquantes mais celle-ci définit un comic mature qui se destine à un publique réellement adulte. N’ayant personnellement jamais vraiment apprécié cet album, trop daté, Frank Miller reste pour moi l’auteur (en 1991) de l’incroyable Sin City où, s’inspirant des dessinateurs sud-américains et du roman noir, il crée une œuvre unique par son approche graphique. Car Miller n’est pas un bon dessinateur et scénaristiquement un réactionnaire assumé… C’est donc dans la forme, le design, l’atmosphère que se trouvent la force de ses albums. Tirant parti de ses lacunes techniques il pousse le contraste et la recomposition des cases à l’extrême, ce qui donnera envie au très graphique réalisateur Zach Snyder (aucun lien avec le scénariste Scott Snyder) d’adapter au cinéma 300, album singulier notamment par son format à l’italienne qui permet une horizontalité étonnante en comics. L’histoire narre la bataille des Thermopyles où 300 spartiates tinrent tête aux légions de l’envahisseur perse Xerxès. Là commence une nouvelle histoire liée au cinéma. L’adaptation de 300 suite d’un an celle de Sin city où Miller a fait ses premiers pas derrière la caméra comme co-réalisateur de Robert Rodriguez. Le succès des deux films donne des envies à la fois aux producteurs et à l’auteur qui, malade et fatigué de dessiner comme beaucoup d’artistes de BD, tente un solo catastrophique sur une adaptation du Spirit de Will Eisner. Une suite à 300 est annoncée chez Dark Horse, devant lancer un film. Mais Miller ne dessine plus… Finalement le film 300: naissance d’un empire sort six ans après le film de Snyder et reprends la partie la plus intéressante de la BD (les quelques planches alors dessinées) abordant la jeunesse de Xerxès derrière son roi de père, le grand Darius. L’histoire devait alors porter sur les batailles de Marathon et Salamine mais le scénario de Miller a totalement glissé pour aborder l’ensemble des guerres Médiques jusqu’à la conquête d’Alexandre. Non que cette option ne soit intéressante. Mais, d’abord, le titre est bien celui du roi grandiloquent, vaguement drag-queen que Miller avait inventé en 1998. Le personnage, comme tout bon méchant, intéressait. Il n’occupe finalement que quelques pages avant que le lecteur ne voit des coupures chronologiques assez incompréhensibles: on passe de 490 avant JC à l’assassinat de Xerxès en 465 (séquence assez cryptique bien que graphiquement superbe, à base de drippings et de noirs puissants), puis l’on revient à -479 avant de sauter directement à Darius 3 en -336 et les conquêtes d’Alexandre. Guère de continuité entre tout cela (sur un album relativement bref). Sans doute Miller n’est que trop peu historien pour construire une histoire cohérente. Son propos est graphique et sur ce plan c’est très beau, original, spacieux. Mais Xerxès ne devait pas être un art-book, n’en est pas un…Matériellement superbe, cet ouvrage doté de 14 pages bonus fait la part belle aux pleines pages et propose sur une bonne partie des visions aussi puissantes que celles des albums précédents de Miller. Mais l’histoire chaotique de son accouchement a produit une dilution du scénario qui de matrice à blockbuster a glissé vers un enchevêtrement de plusieurs projets pas nécessairement mis en cohérence. Pour ceux qui chercheront une vision de l’antiquité il faudra repasser. Pour ceux qui attendaient une suite à 300 également. Les fans de Frank Miller eux seront comblés mais pas forcément rassurés sur la capacité de leur idole à réaliser de nouvelles BD de lui même dans les années qui viennent. Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2019/06/12/xerxes-la-chute-de-lempire-de-darius-et-lascension-dalexandre/BDGest 2014 - Tous droits réservés