V
aléry et Alain, deux amis inséparables, se perdent de vue à la suite d'un événement tragique : la mort de Xavier, le petit frère de Val'. Des années plus tard, à la naissance d'Estelle, la fille d'Al', ils se retrouvent mais rien ne sera plus jamais comme avant. Qui est vraiment Xavier? Qui l'a poussé dans la rivière? Et surtout, pour quelles raisons? Patricia, une amie des deux hommes, va tenter de mettre à jour une vérité enfouie depuis trop longtemps.
Dès les premières pages de Xavier, le ton est donné. Le thème principal est une amitié masculine contrariée par un drame familial. Le lecteur s'interroge ainsi tout naturellement sur les circonstances exactes du drame et sur les raisons profondes qui ont provoqué la séparation des deux amis. L'auteur utilise de nombreux flashbacks, remonte jusqu'aux enfances des deux jeunes garçons dont les pères respectifs ne sont pas exempts de tout reproche. Le premier est un militaire tyrannique, obtus et intransigeant tandis que le second, infidèle, est surpris par son fils dans les bras de sa maîtresse.
A cet instant, le récit prend une autre tournure, l'homosexualité de Val' étant révélée plus ou moins explicitement. Là où Fabrice Néaud dans Journal s'adonnait à un véritable travail d'introspection, Arnaud Floc'h, lui, choisit de survoler le sujet, de le traiter de façon très superficielle. Il laisse au lecteur le soin de reconstituer les pièces du puzzle disséminées ça et là tout au long de l'histoire. Il passe allègrement d'un personnage à l'autre sans approfondir leurs sentiments. Cette liberté offerte s'avère au final plutôt frustrante. Trop de questions demeurent sans réponse et même la révélation (trop?) tardive de la mort de Xavier ne parvient pas à captiver et à émouvoir. Au final, l'album laisse une désagréable impression d'inachevé voire d'incompréhension.
Le dessin n'est pas plus lumineux que le texte. L'utilisation douteuse d'une bichromie jaune et noire renforce cette sensation de flou. Les traits des acteurs, à peine esquissés, les rendent intangibles, quasiment irréels.
Xavier est une oeuvre aux thèmes forts malheureusement desservie par une narration trop confuse et brouillonne mais surtout privée de toute émotion. Arnaud Floc'h a laissé de nombreuses portes closes en oubliant trop souvent d'en donner les clés.