Résumé: White River Junction est une petite ville américaine : une rue, un café... et une école de Bande Dessinée créée par des passionnés il y a six ans.
Étrange petite école éloignée de tout, elle a fait de la ville un lieu phare du médium. Il y a plus d'auteurs au mètre carré que dans n’importe quel état, et si on s'y attarde on peut y croiser diverses gloires de la planche.
Alec Longstreth, auteur du remarqué Phase 7 chez L'employé du moi, y est professeur et propose un poste de “fellow” (invité) à son ami belge. Il n'y a pas d’hésitation chez Max qui accepte, tout en voyant bien ce qu’il va devoir laisser derrière lui durant ce séjour : de sa petite amie à la bonne chaire.
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a href="http://www.cartoonstudies.org/index.php/contact/"> White River Junction , un bourg paumé du Vermont soumis la moitié de l’année au frimas de l’hiver. C’est là que James Sturm (Jour de marché, America chez Delcourt) a choisi d’installer son atelier-école. Max de Radigues ( L’âge dur chez L’employé du Moi, Frangins chez Sarbacane) raconte son séjour en tant qu'invité au sein du Center for Cartoon Studies.
Une succession d’instantanés, qui ne s’embarrassent pas du carcan chronologique, présente ces quelques mois vécus dans cet endroit reculé. Dans un style qui privilégie l’épure graphique, les strips (raccourci pour nommer les saynètes de six cases qui composent la majorité de l’album) se succèdent au gré des anecdotes, sur un faux rythme qui traduit bien le tempo propre à l’endroit. À côté, rien - ou si peu - à propos de l’expérience acquise en matière de technique ou de création (mea culpa si elle imprègne ce qui nous est donné à voir) ; un peu plus sur l’expérience humaine, si tant est qu’il n’est pas totalement idiot de vouloir séparer le dessinateur de l’homme. Quand bien même cette précaution prise, les souvenirs rapportés laissent sur sa faim. Ceux qui venaient avec l’espoir d’explorer les coulisses du CCS en seront pour leurs frais. L’auteur, expert lorsqu’il s’agit de transmettre les moments les plus sensibles (les jolis moments de couple), ne parvient pas à transcender les instants plus anodins, y compris en les exposant au prisme d’une naïveté apparente, utilisée à bon escient dans ses livres récents.
Après deux réussites notables publiées ces derniers mois, Max de Radigues laisse un sentiment plus mitigé avec White River Junction, même si l'objectif pouvait être de s'inscrire, sans se renier, dans la mouvance de certains auteurs américains, ce qui transparaît globalement. Si la notion du temps qui passe effleure l’esprit, si le style a son charme, sur le fond, ce recueil restituant des instants laisse dubitatif là où on se serait préféré songeur.