C
e n’est pas sur une note d’espoir que se concluait le premier tome. La somme des côtés s’ouvre sur un nouveau venu, agent du F.B.I. de son état, pour lequel la vie n’a rien de rose. Un de plus. Travaillant sur des disparitions, des recoupements l’amènent à envisager un déplacement sur la paisible bourgade de Hope. Pendant ce temps là, Scott égrène les bières dans un bar enfumé où se mêlent outre un épais nuage de fumée, des relents de sueurs et des visions de vergetures. Quant à Cody, il sort à peine des rêves où il avait été plongé bien malgré lui et reprend peu à peu conscience du cauchemar dans lequel il s’est fourré. Et tout ça n’est qu’euphémisme.
Welcome to Hope porte bien son nom ! Si c’est un récit contemporain, le lieu où il se situe semble avoir arrêté son développement à l’époque prisée par quelques grands du roman noir, tels J. Thompson et autres C. Williams. Il y fait terriblement chaud, l’air est sec, l’alcool permet de tenir et les combines de minables font tourner l’économie locale. Le quotient intellectuel des protagonistes est au plus bas, comme si était réunie là toute la descendance des personnages de Les rêves de Milton : malades mentaux, loosers patentés et brutes épaisses.
La narration poursuit sur le principe initié dans Deux droites parallèles ..., à savoir une alternance régulière des trajectoires de Scott et Cody, auxquelles viennent s’ajouter celle de l’agent spécial Borman. L’impression de lenteur qui sied bien à ce type d’histoire est cependant trop marquée dans le cas présent et tasse quelque peu le rythme. Les auteurs ont sans doute voulu insister sur l’ambiance, par un usage des couleurs très en phase avec les lieux, mais aussi à grand renfort de voix-off et de dialogues qui, à force de chercher le bon mot ou la bonne répartie, plombent un peu le déroulement de l’intrigue. Maintenant, le résultat est là pour ce qui concerne l’atmosphère.
Le trait des visages est toujours aussi expressif et les physiques évocateurs, un œil averti sera même comblé par le respect des codes vestimentaires d’usage, ils sont à la hauteur de leurs différents propriétaires. Les vrais méchants ont la gueule de l’emploi, avec une mention spéciale pour les jumeaux, les fiers à bras une façade qui n’arrive même pas à dissimuler leur étroitesse d’esprit. Quant aux perdants, ils portent leur statut sur eux. Enfin, que dire du sort réservé aux femmes, si ce n’est que le quotidien de ces régions n’est définitivement pas des plus propices à une saine émancipation.
Contrairement au premier épisode qui avait fait monter la pression crescendo jusqu’à son point culminant à la dernière planche, cet album se conclut avec une ouverture brutale sur la suite et n’en laisse pas moins le lecteur sur sa faim. Rendez-vous est pris pour la suite qui doit clôturer le cycle.
Chronique du tome 1 : Deux droites parallèles ...
Les avis
Hugui
Le 09/12/2007 à 19:59:14
Le 2 tient les promesses du 1, les faibles croient toujours qu'ils vont s'en sortir, mais un nouveau coup du sort leur tombe dessus.
Toujours aussi bien raconté et dessiné, on attend la conclusion avec impatiente.
madlosa
Le 11/08/2007 à 23:50:33
Autant comme le tome 1 m'avait laissé dubitatif, autant comme la somme des côtés m'a séduit. Les personnages ont pris de l'épaisseur et le scénario nous emmène en laisse dans ce voyage qui broie du noir. On sent que rien de bon ne peut arriver car à Hope, tout est brutal et sans pitié comme ces combats de chiens dont la violence est érigée en passe temps le samedi soir...