Résumé: Ourson abandonné par sa mère, Waluk se sent l'être le plus malheureux de la Terre entière. Tiraillé par la faim et le manque de sommeil, il ne peut survivre tout seul. Jusqu'à sa rencontre avec Esquimo, un vieil ours qui le prend en affection. Commence alors l'apprentissage du jeune Waluk pour une vie où l'insouciance n'a pas sa place. Il doit surtout se défier d'un adversaire redoutable : l'homme.
O
urson polaire, Waluk a perdu sa mère et erre sur la banquise, seul et le ventre creux. Avisant une bande de volatiles en train de couver, il les effraie et déguste leurs œufs quand il est chassé par un de ses congénères. Il rencontre alors un vieil ours édenté, Esquimo, qui devient son mentor. Le duo chasse et pêche, chacun profitant des atouts de l’autre. Confrontés à de multiples dangers, Waluk et Esquimo doivent aussi affronter le plus grand de tous : l’homme qui appose sa marque polluée partout où il passe.
Après À la recherche de la licorne, Corps à corps et Mano en mano, Emilio Ruiz et sa compagne Ana Miralles (Djinn, Eva Medusa) collaborent de nouveau sur un one-shot et une série, orientés sur deux de leurs passions communes. Alors que Muraqqa’ prévu pour la mi-novembre aux éditions 12Bis, s’intéresse à l’univers de la calligraphie arabe, Waluk est une BD pour le jeune public mettant en scène des animaux, en l’occurrence des ours polaires.
D’emblée, l’objet séduit : d’abord par son format à l’italienne (le même que celui de la version d’origine espagnole) qui permet une bonne prise en main et rappelle les albums jeunesse ; ensuite par la bouille particulièrement craquante du petit héros poilu sur la couverture. La lecture confirme le plaisir anticipé. En effet, les protagonistes plantigrades s’avèrent vite très attachants, tandis que le récit s’attache à montrer les difficultés rencontrées par les ours dans la quête de nourriture et les méfaits de la civilisation humaine qui grignote leur territoire et les oblige à s’adapter. L’aventure est donc au rendez-vous de cette fable gentiment écologique, mais pas moralisatrice, et est augmentée d’un zeste d’onirisme en l’évocation récurrente (par Esquimo) du mythique Nanook – référence directe au film documentaire de Robert Flaherty –, qui finit par être entraperçu par Waluk. Le tout est porté par le dessin délicat et élégant d’Ana Miralles dont le trait tout en rondeurs convient parfaitement à cette jolie histoire. Les tronches des animaux comme celles des quelques hommes croisés sont d’une grande expressivité. Enfin, la mise en couleurs, jouant essentiellement sur les blancs et les bleutés, s’avère très réussie, tout en créant de belles ambiances qui culminent avec la scène de l’aurore boréale.
Aussi adorable que l'ourson qui en est le héros, Waluk saura séduire les plus jeunes et touchera probablement aussi les grands qui ont conservé leur âme d'enfant.