Résumé: Quand le royaume est en danger, c'est lui qu'on vient chercher. Alors qu'il s'est depuis longtemps écarté des troubles d'une vie d'aventures, Waldor, renard intrépide et astucieux, est dérangé de sa calme retraite sous les bosquets par Bromir, un vieil ami. Un coffre royal d'une importance inestimable a été dérobé dans la citadelle de Bagnum et le mage Stupendor a chargé Waldor de résoudre cette épineuse affaire.
Non sans regret, ce dernier quitte son paisible foyer armé d'un pessimisme auquel il préfère donner le nom de lucidité. Tombé rapidement entre les griffes de l'orgueilleux Duc Avengine, Waldor découvre son intention de reconstituer OBOR, une bête infernale et légendaire vaincue par de puissants mages en des temps immémoriaux. Cet être monstrueux et immortel, pour être défait, a été découpé en morceaux éparpillés dans le royaume et un de ces morceaux loge dorénavant dans le coffre royal volé.
Au coeur d'une épopée faite de légendes et provoquée par la sempiternelle quête de pouvoir Waldor peut compter sur son courage et sa détermination pour empêcher le pire de survenir. Marquée par l'empreinte de La planète des chats, 4e album du Docteur Poche de Wasterlain et influencée par le travail de Macherot, l'apparence joviale et naïve de Waldor est renforcée par des personnages incarnés associés à des thématiques profondes et une intrigue pleine de rebondissements.
Empruntant, par de nombreux aspects, aux classiques du récit d'aventure jeunesse, cette nouvelle bande dessinée de David De Thuin se démarque par la modernité de son ton, son rythme soutenu, et la fraîcheur de son univers médiéval fantastique anthropomorphe. On y perçoit la force d'un auteur capable de jongler entre récits adultes et jeunesse.
S
tupeur au royaume ! Les caisses contenant chacune un morceau d'Obor le terrible dragon, ont été dérobées ! Si elles parviennent à être mises en contact les unes avec les autres, alors la bête se reconstituera d'elle-même et pourra, comme jadis, semer la terreur dans tout le pays. Pour empêcher cela, le mage Stupendor n'a guère d'autre choix que de faire appel aux services de Waldor. Futé et intrépide, le renard, qui s'était retiré des affaires, doit se rendre à l'évidence : il lui faut reprendre du service.
Imaginez un monde médiéval envahi de personnages tous plus invraisemblables les uns que les autres, anthropomorphes pour la plupart d'entre eux, monstrueux et sans la moindre apparence humaine pour ce qui est de la seconde et dernière espèce qui le peuple. David De Thuin (Coup de Foudre, Le Roi des Bourdons) fait cohabiter tout ce drôle de petit monde, y incorporant les notions malsaines de la cupidité et de la convoitise pour donner un sens fort à son récit et créer un réel engouement. De ce fait, le justicier, incarné par un goupil malin et sûr de sa force, mal secondé par une horde de bras cassés, devra s'employer à identifier et tanner la couenne de ceux qui, dans l'ombre, ourdissent un complot visant à renverser le pouvoir en place. L'auteur parvient à jouer avec les paradoxes et à les équilibrer soigneusement : de prime abord loufoques et enfantins, le propos comme le dessin réussissent à rassembler et mettre d'accord toutes les générations de lecteurs. De même, l'humour vient croiser le fer avec le sérieux dans un premier tome qui n'oublie pas d'incorporer les codes habituels de la fantasy. Cette ouverture pleine de rebondissements, publiée dans la collection « Tchô », fait la part belle à l'aventure ainsi qu'à une intrigue séduisante et accrocheuse. Un épilogue qui lui est propre, laisse la porte grande ouverte à une suite prometteuse.
Le coup de crayon de « Deth » - le diminutif de De Thuin - qui se veut volontairement imprécis voire grotesque (au sens fantaisiste), caricatural, finit par être étiqueté "beau" lorsqu'il s'agit de certaines des bestioles. De ce fait, ne se rapprocherait-il pas du style d'un des maitres en la matière, Lewis Trondheim en l'occurence ? Qu'en pensent Bromir le canard, Avengine le pélican ou encore le Borme, une sorte d'animal méchant et hideux, pour ne prendre en exemple qu'un petit échantillon du bestiaire proposé ? Leurs nombreux et différents appendices apportent du crédit à l'ambiance et au décor du scénario.
Crénom de nom, qu'il fut bien agréable de traverser les contrées avec Bromir et de guerroyer aux côtés de Waldor. Reprendre le chemin et les armes en leur compagnie sera, malgré le danger, un plaisir.