Résumé: Présent, passé et futur convergent toujours vers un même mystère : Vedder le Voyageur. Le jeune Fish, qui ne sait pas encore qu'il deviendra Vedder le Voyageur, poursuit le terrible apprentissage de son destin. Chassé de Granparis rivgauche depuis que son créateur, le sombre Markovich, y a lancé ses troupes de choc, le jeune homme s'adonne à l'activisme forcené, utilisant ses dons de téléportation pour réaliser des attentats contre l'homme qu'il a appelé « Père » durant toute son enfance, à l'époque où ce dernier comptait sur lui et ses compagnons Lou et Lili pour réaliser un étrange et machiavélique projet... Lou, pour sa part, qui vit avec plus de difficulté sa condition de rebelle, se découvre un nouveau pouvoir, celui de la téléportation temporelle. Voyager à travers les âges pourrait être une formidable expérience. Si ce n'est que l'on y rencontre parfois de vieilles connaissances. Et de quoi faire vaciller le plus équilibré des esprits...
P
rojet ambitieux qui avait plutôt séduit au premier volet, Voyageur s’était payé le luxe de déraper dès le second, perdant en chemin de nombreux lecteurs au milieu d’un scénario à la fois confus et trop prévisible. Ce troisième tome (en un an, voilà au moins une promesse tenue) a donc la lourde tâche de redresser la barre pour éviter la pire sanction : un relatif anonymat qui semblait pourtant impossible au regard des forces en présence.
Le début de l’album rompt avec le scepticisme suscité par le précédent récit, en faisant la part belle aux scènes d’action. Fish s’engage dans la voie du terrorisme tandis que Lou semble plus réservé sur l’usage de la violence… Une approche qu'on peut encore qualifier de convenue, à cause de deux personnages décidément encore trop tendres et peu attachants. Mais dans ce cycle intitulé « futur », c’est le passé qui va ranimer la flamme, en l’occurrence de celui du protecteur à l’allure de gladiateur, Issa. Et pour cause, on le croise dans un décor antique dans lequel comme par enchantement, le dessin parfois emprunté de Stalner semble revivre, conforté par des couleurs plus lumineuses. Toujours bridé par la nécessaire obligation d’étaler les révélations sur treize volumes, le scénario manque encore de simplicité mais redevient plus alléchant. Ce voyage temporel introduit en effet des possibilités plus excitantes que le fastidieux apprentissage de la téléportation, et permet d’appréhender les héros sous un jour moins monotone.
Boisserie se complaît malgré tout dans certaines fausses ou vraies pistes (la cicatrice sur le front) qui finissent par agacer, et n’exploite peut-être pas assez ses personnages secondaires. A moins que ce ne soit encore cette volonté d’en garder pour la suite, mais à ce compte-là, il aurait peut-être fallu viser moins long. Le cycle « futur » s’achèvera avec le prochain épisode, sans qu’on puisse réellement statuer sur le potentiel de cette série : simple divertissement, distrayant mais superficiel, ou poids lourd au démarrage poussif. L’avenir le dira… c’est-à-dire le « présent », nom du cycle à venir.