Résumé: Kuro poursuit son voyage accompagnée de Sen et des jumelles Sanju et Nijuku. Un matin, les deux petites filles se rendent compte que des ailes ont poussées dans leur dos. Le problème, c’est qu’elle n’en ont qu’une chacune... Arriveront-elles à voler avec une seule aile ? Le mystère qui entoure la petite compagnie s’épaissie encore !
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ntièrement vêtue de noir, Kuro parcourt le monde en compagnie de Sen, une chauve-souris bavarde, et un cercueil sur le dos. À chaque ville ou village, elle interroge les habitants méfiants sur la présence ou non d’une sorcière versée dans la magie noire. Les rumeurs l’orientent alors vers telle herboriste vivant dans une cabane isolée, tel vieillard soliloquant sur ses exploits imaginaires ou tel scientifique farfelu… Mais aucun de ces excentriques ne correspond à la magicienne qu’elle recherche afin de lever la malédiction qui la touche. C’est lors d’une des ces rencontres atypiques que Kuro fait la connaissance de Sanju et Nijuku, des fillettes dotées d’oreilles et d’une queue de chat. Espiègles, celles-ci n’ont de cesse d’attirer les problèmes et de percer le mystère qui entoure leur nouvelle amie…
Dans Le voyage de Kuro, Sataoko Kiyuduki met en scène une quête interminable dans un univers fantastique aux accents gothiques, saupoudré d’une large dose de mignonnerie et d’humour bon enfant. Elle y fait évoluer une galerie de personnages aussi singuliers qu’étonnants et attachants, à commencer par son héroïne, d’apparence taciturne et solitaire, qui n’en éveille pas moins la gaité sur son passage. Elle l’associe à un trio explosif composé d’un chiroptère dont le corps métamorphosé est constitué d'une myriade de ses congénères, ainsi que de jumelles aussi remuantes qu’amusantes. Se joignent à ce groupe déjà haut en couleurs une kyrielle de personnages, tantôt inquiétants ou mystérieux, tantôt loufoques ou sympathiques, rencontrés au cours de leurs pérégrinations.
Les premières pages plongent immédiatement dans une ambiance chargée de mystères et de relents sulfureux, avant que l’auteure n’entame un premier flash back permettant de comprendre comment les routes de Kuro, Sanju et Nijuku se sont croisées, après de nombreuses rencontres marquantes. Puis, dans le deuxième volume, elle remonte le temps encore plus loin pour dévoiler, ici et là, la façon dont son héroïne s’est retrouvée sur les routes ou encore comment elle est devenue la victime d’une terrible malédiction. Chacun de ces retours en arrière affleure lors d’un échange innocent entraînant une vague de mélancolie ou d’une fragrance rappelant quelque vieux souvenir. Narrées sur un mode teinté de douce nostalgie, les aventures se succèdent en offrant sans discontinuer de nouvelles péripéties pleines de charme. Cependant, la forme choisie, en colonne de quatre cases (les yonkoma) casse par moments le dynamisme du récit, malgré l’effet « cahier intime » ou « carnet de voyage » qu’elle lui confère. Enfin, pour parfaire l’ensemble, le graphisme de Satoko Kiyuduki s’avère très agréable et expressif. Son coup de crayon campe des protagonistes aux allures très kawaï, tout en parvenant à ne jamais sombrer dans la mièvrerie grâce, entre autres, à la couleur noire des pages qui soutiennent et amplifient l’atmosphère créée, sans la surcharger.
Très plaisants et bien menés, ces deux premiers tomes invitent à un voyage poétique et fascinant. Vivement la suite !