Résumé: Voltaire, vingt-quatre ans, à peine sorti de la prison de la Bastille, triomphe déjà au théâtre avec sa pièce première tragédie Œdipe. À la fin d'une représentation le tout jeune auteur est mené, sous les acclamations du public, à la loge de la Duchesse de Villars qui veut le rencontrer. C'est le début d'une histoire absolue et dévorante qui passer le futur philosophe par tous les états.
A
u mois d'avril 1718, cela fera un an que François-Marie se morfond dans une geôle de la Bastille pour un pamphlet dont il n'est même pas le créateur. Avec du temps libre à foison, il est une proie idéale pour l'inspiration volage. Elle le fait passer dans des états extrêmes et surtout prendre conscience qu'il ne peux décidemment garder ce nom, Arouet, celui d'un père avec qui il est en désaccord total sur sa vocation. Fi des notaires, c'est décidé, il sera Voltaire ou ne sera personne. Place au nouvel Homère, au prochain Virgil qui éclairera un siècle ignorant et sot !
Clément Oubrerie (Les royaumes du Nord, Pablo) s'intéresse à la jeunesse d'un pilier de la philosophie française. De ses débuts dans le théâtre, qui lui permettent de côtoyer de nombreuses personnalités féminines mettant à mal son cœur de romantique, à la première lecture de son Henriade au public, les péripéties mouvementées de ce passionné de la vie se déroulent sous les yeux captivé du lecteur. À travers elles, de multiples facettes s'exposent : profondément hypocondriaque, séducteur dans l'âme, l'esprit vif et un aplomb impertinent, sa volonté de justice et d'équité n'a d'égale que son désir de briller dans la haute société. Mondain et populaire à la fois, il plait dans les salons et dans les rues. Fidèle à la femme en général, mais frivole dans ses relations, ses aléas sentimentaux le désarçonnent, le désespèrent puis l'exaltent. Léger et enjoué dans le ton mais sérieux sur le sujet, le scénariste insère régulièrement des paragraphes en voix off, conférant un caractère intime à la narration et rendant le penseur vraiment attachant.
Le tempérament fougueux et railleur du personnage s'épanouit dans le trait semi-caricatural du dessinateur. Son style alerte et spontané se manifeste par la finesse des contours et un aspect brossé dans les décors et les costumes, ajoutant de la structure et du relief. Les couleurs, naturelles sans jamais être fades, restituent le charme du Paris de l'époque, dans ses côtés fastueux ou misérables, ainsi qu'à sa campagne environnante.
Voltaire amoureux met en scène, avec un cachet certain, le jeune âge d'une personnalité hautement intéressante dans ses contradictions et sa complexité. Ce portrait dépoussière et apporte un vent de fraîcheur à l'image de la figure classique qui a pu rebuter certains lecteurs sur les bancs de l'école. En effet, la compréhension d'un ouvrage passe d'abord par la connaissance et l'appréhension de son auteur. Ainsi fait et de manière plus qu'agréable, pour cette série prévue en quatre tomes.
La preview
Les avis
minot
Le 22/08/2020 à 10:19:25
Le dessin de Clément Oubrerie est bourré d'imperfections mais convient bien à ce genre d'ouvrage, dont le mélange aventures rocambolesques / philosophie / humour / érotisme rappelle certaines séries de Joann Sfar ou Christophe Blain. La lecture de ce "Voltaire" est donc sympa mais sans plus pour moi. L'ensemble est en effet beaucoup moins abouti que ce que propose ces deux derniers auteurs.
Yovo
Le 17/11/2017 à 13:03:25
Les tribulations poético-libertaires de François-Marie Arouet avant qu’il ne devienne Voltaire... Et c’est un régal de suivre le trublion de Bastille en salons et de tavernes en boudoirs… Un Voltaire attachant, bel esprit, anticlérical, volage et séducteur, souffrant d’immodestie chronique !
Au scenario, Clément Oubrerie démontre son implication et sa capacité à faire d’une biographie potentiellement austère un récit astucieux et passionnant, plein de punchlines percutantes, de drôlerie, et de réflexions philosophiques. Le rythme est soutenu, les personnages nombreux et l’irrévérence salutaire. Le ton enlevé, à la fois grave et impertinent, est élégant et les répliques cinglent, fusent et touchent (au risque de rendre certains passages un peu trop bavards…).
Quant au dessin, il est parfaitement adapté à l’histoire. Les tronches sont habilement croquées en quelques traits incisifs et les décors fouillés, documentés et texturés; cela confère une belle cohérence à l’ensemble et crée de superbes ambiances.
« Voltaire amoureux » est un hymne à la liberté d’expression et un rappel du prix qu’il a fallu payer pour la faire valoir…
Une grande réussite à suivre !