Résumé: Voltaire, Newton et Miss Barton, en montant à bord du Forslo, ne s'attendaient pas à être envoyés chacun dans une civilisation inconnue. Le philosophe atterrit dans un citée ressemblant aux Incas, le scientifique dans un univers peuplé de machines fabuleuses, et sa nièce parmi une tribu de femmes à l'ère glaciaire. Ils tentent par tous les moyens de revenir à leur époque mais surtout de s'en sortir vivants !
V
oltaire, Newton et la nièce de ce dernier sont montés à bord du Forslo, un appareil qui les expédie au même endroit, mais à trois époques différentes. Le monde précolombien pour le Français, le futur pour le Britannique et l’âge de glace pour la gamine. Dans tous les cas, ils se trouvent au cœur d’une lutte de pouvoir dans une structure sociale aux allégeances totalitaires.
D’abord prévu en trois volets, Voltaire & Newton se conclut en deux. Alors que le premier se concentrait essentiellement sur les péripéties du philosophe des Lumières, le second s’attarde principalement sur la préhistoire, avec de fréquentes incartades dans l’univers des automates. Le bédéphile devine que le plan consistait à consacrer un tome à chacun des protagonistes ; la nécessité d’abréger est d’ailleurs tangible dans les dernières pages où la conclusion s’avère un tantinet précipitée.
L’idée n’est pas inintéressante. Peu importe la civilisation, il y aura toujours un groupe pour tenter d’imposer sa loi. Les femmes dans une société matriarcale préhistorique, les hommes, puis les androïdes.
La proposition repose cependant sur une suite de malentendus. Le titre indique Voltaire & Newton, même si les deux intellectuels ne se côtoient pratiquement pas. La rencontre s’annonçait pourtant palpitante. Les couvertures des deux livres affichent un grand classicisme ; alors que le lecteur pouvait s’attendre à une joute intellectuelle, il découvre un récit d’aventures. Semblant s’adresser à un public adulte, les albums se révèlent destinés aux préadolescents. Bref, la finalité du projet est difficile à cerner.
Après avoir collaboré à quelques ouvrages collectifs, Sylvain Bauduret se fait la main sur une première entreprise d’envergure. Il choisit de représenter ses personnages principaux sous la forme d’animaux alors que tous les autres sont humains. Ses bêtes sont particulièrement réussies et l’illustrateur leur donne beaucoup d’expressivité. Les outils figurant dans le segment futuriste se montrent également éloquents (incluant les clés à molette). Paradoxalement, le jeu des humains est moins concluant. Enfin, le mélange des styles réaliste et caricatural crée un étrange décalage.
Les deux auteurs débutent dans le neuvième art. Leur premier essai n’est pas parfait, mais il présente tout de même des qualités. Le scénariste a de l’imagination et l’histoire apparaît dans l’ensemble plaisante, même si quelque peu échevelée. Le dessinateur a un beau coup de pinceau, surtout quand il s’éloigne de la parodie. Peut-être le duo aurait-il gagné à adopter une ligne directrice plus forte, quitte à mettre de côté certaines bonnes idées et à les recycler dans d’autres albums. Les gaillards ont du potentiel et le meilleur est certainement à venir pour eux.