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ienvenue dans un monde où des anges virtuels veillent sur chaque homme, orientent ses pensées, ses actes afin de le rendre heureux. Bienvenue dans un monde où tous auront la possibilité de séjourner sur des îles paradisiaques. Tout le monde y est accueillant, gentil, la vie s’y révèle être une sucrerie à savourer chaque jour, loin du stress, du malheur et des difficultés du quotidien. Bienvenue à Bonheur-Park.
Le talent de Rodolphe s’exerce dans des genres aussi nombreux que variés, et les séries L’Autre Monde, Kenya ou Mister George sont autant d’exemples de son aisance à manier des sujets différents. La Voix des Anges se situe dans le registre d’une science-fiction proche tant la société décrite paraît contemporaine. Ceux qui croient au complot mondial vont être servis, imaginez qu’un groupe d’hommes puissants ait décidé de prendre en main le bonheur de la population mondiale avec toutes les dérives qui en découlent. Ce troisième et dernier tome se révèle de loin le plus intéressant du cycle. Les deux premiers étaient plus confus, moins attractifs et l’on voyait mal dans quelle direction Rodolphe souhaitait emmener les lecteurs. Bonheur-Park est plus incisif, le ton est plus direct et l’idée d’une béatitude programmée, encadrée, fait frémir. Tout l’intérêt de l’album se situe donc dans cette capacité qu’à l’homme à gérer sa propre vie, à choisir son destin et vivre, puisqu’il s’agit bien de cela, pleinement son bonheur.
Cet album est particulier car Bignon est parti avant d’avoir pu terminer son ouvrage. En souvenir de leur ami, plusieurs auteurs ont décidé de lui rendre hommage et ont ainsi participé à la conclusion de ce récit. Annie Goetzinger, Maucler, Léo, Ferrandez, Juillard, Rossi, Mezières et Cabanes ont chacun réalisé une planche, adaptant leurs styles, tout en gardant leurs traits si caractéristiques. Le découpage a été assuré par Rossi, la mise en couleur achevée par Tranlé, et l’on doit la couverture à Guarnido. Le résultat est un peu déroutant, l’exercice n’étant pas courant, il se révèle pourtant relativement homogène. L’important reste sans doute l’élan de générosité de ces dessinateurs pour un ami.