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lors que ses deux sœurs ne rêvent que de se marier, Françoise de Noiselles, l’aînée, refuse toutes les demandes qui lui sont soumises et laisse aller sa langue acérée pour faire part de ses opinions. Mécène plein de mansuétude, son père ne sait plus comment la faire rentrer dans le rang et décide finalement de l’utiliser afin d’échapper au désastre d’une faillite. Il envoie donc Françoise en Egypte à la recherche d’une expédition de cartographes perdue dans le désert. Fraîchement accueillie par l’ambassadeur français sur place, la jeune femme découvre avec curiosité et envie les mystères de l’Orient et se retrouve prise au milieu d’une sombre affaire d’espionnage.
Du voile de mariée abandonnée dans une boutique parisienne à celui qui vient dissimuler le visage de l’héroïne au cœur d’un harem, la nouvelle collaboration de Renot et Ersel ( Médée , Le Zouave) entend jouer sur les apparences, souvent trompeuses, et les non-dits en y ajoutant une large dose d’exotisme, d’érotisme et d’aventure. Ces trois derniers ingrédients, joints au titre de ce premier album (Orient) et à une couverture évocatrice, n’ont rien de nouveau et peuvent même rappeler – toute proportion gardée - le cycle ottoman de Djinn. Mais la comparaison s’arrête là, car le talent narratif et l’élégance du trait font malheureusement défaut aux deux auteurs.
En effet, le récit sonne creux, manque de substance et s’avère totalement dépourvu de subtilité, en particulier concernant l’intrigue autour des cartographes disparus qui est un peu trop cousue de fil blanc. L’absence de charisme de la majorité des protagonistes n’aide pas non plus, à commencer par Françoise qui oscille sans cesse entre la parole libérée, voire rebelle, choquant son entourage et une recherche, encalminée par la peur, de sa propre identité sexuelle. Dommage que même cette quête-ci pâtisse d’un certain manque de passion et d’audace. Restent, cependant, une plongée plutôt plaisante dans le Paris de la Belle Époque – plus précisément à la veille de l’Exposition Universelle de 1889 -, un rendu crédible de la fascination exercée par l’Orient sur nos sociétés européennes à cette même période, ainsi que l’intervention de quelques sommités culturelles (Oscar Wilde, Toulouse-Lautrec, etc.). De même, le jeu des apparences, entre convenances bourgeoises et désirs secrets ou libertinage en catimini, est-il plutôt bien amené et mis en scène. Enfin, en dehors de la couverture plutôt agréable, le trait épais et gras d’Ersel, quelques défauts de perspective ou d’alignement ici ou là et la colorisation informatique peu inspirée d’Aurélie Lecloux peinent à convaincre. Sans compter l’ennui de scènes érotiques dépourvues de sensualité et d’intérêt, sauf celle du harem en fin d’album, et la gratuité, si ce n’est l’incohérence, de certains détails.
Trop plat dans sa narration et son contenu, doté d’un graphisme sans relief, ce premier tome des Voiles s’oublie aussi rapidement qu’il a été lu.
Les avis
Cooltrane
Le 19/05/2013 à 08:41:08
Rarement tombé sur un truc aussi peu convaicant. Si je connaissait les dessins d'Ersel - il n'est pas au top ici, avec des perspectives douteuses et de certains faciès parfois raté (les pommettes trop appuyées), je n'étais pas familier avec les scénars de Renot (qui n'a apparement travaillé qu'avec Ersel, jusqu'à présent).
Et c'est surtout là que le bas blesse: un mélange de fiction historique Glénat (coll Grafica/Vécu) avec un érotisme Djinn-esque peu crédible. Des dialogues parfois un peu cucul, des flash-backs maladroits, des situations de nu rocambolesques (surtout dans les immensités ensablées et dans les rues égyptiennes), exploitant et racolant les phantasmes Européens sur les harems du moyen-orient, etc...
Bref, de l'assez mauvais, et je suis surpris que Casterman aie laissé cette daube arriver jusqu'au rotatives, et de confirmer avec ce T2 (légèrement meilleur) récemment publié. C'est ce dernier qui m'a convaincu d'essayer ce T1, qui était passé en-dessousde mon radar, il y a deux ans. Maintenant, je sais pourquoi. J'ose espérer que le duo est plus convaincant dans leurs autres projets communs, mais pour être franc, je n'essaierai pas de vérifier.
philcb
Le 02/05/2011 à 11:01:41
je me suis profondément ennuyé;autant le scénario que le dessin et la colorisation,tout est plat et sans saveur. d'un naturel optimiste, je laisse aux auteurs la possibilité de se racheter sur le deuxième album, si l'éditeur y croit encore!