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ien de moins évident pour un garçon avide de découvertes que de passer son temps à prier et à obéir aux préceptes du Chan, sans jamais y déroger. Poussière, moinillon turbulent, en sait quelque chose. Dès que le maître regarde ailleurs ou que les frères moines tournent la tête, il quitte sa position d’orant et ses récitations de sûtras pour multiplier les tentatives créatives. Faire pousser de l’herbe dans un coin désert du jardin, s’occuper de l’orchidée du vieux sage et l’abandonner aux caprices de la nature, finir sur le toit du temple après avoir aidé un oisillon à rejoindre son nid, ce sont autant d’expériences qui mettent à rude épreuve la patience balbutiante du petit bonze, le faisant vite basculer vers une colère inutile.
Imprimé sur un papier épais à la trame légèrement apparente, paré de somptueuses couleurs aquarellées où dominent les verts, Le printemps de Poussière fait pénétrer dans un monde de paix, qu’on croirait sorti d’un recueil d’estampes anciennes. Ce bel objet propose en trois chapitres de suivre le dur apprentissage de la sagesse par le jeune Poussière. Ji An (Niumao, Léa Graslin) parvient à rendre avec justesse la longueur des journées de méditation qui est au cœur du Chan, l’envie de l’enfant de s’adonner à n’importe quel jeu amusant ainsi que ses caprices et ses sautes d’humeur rapides dès qu’une contrariété survient. Dans un environnement dédié à la prière et à la contemplation, le garçon, pétillant de vie, arrive difficilement à calmer ses ardeurs et passe son temps à s’enthousiasmer ou à pester contre les grands qui semblent contrecarrer ses désirs. Le ton empli de sérénité et de tendresse drôlatique se marie joliment avec le dessin de l’auteur, au trait d’une grande simplicité. L’accent est mis sur les émotions et les sentiments successifs de Poussière, passant, au gré des évènements, de l’émerveillement à la colère, de la crainte à la joie et à la gratitude. Le tout est entouré d’un écrin de végétation luxuriante aux nuances fraiches et apaisantes, laissant goûter au lecteur, comme au petit moine, tout les bienfaits de la nature et la saveur de l’existence.
Un petit bijou reposant.
Les avis
Erik67
Le 22/11/2020 à 18:48:46
C'est un conte bien gentillet mettant en scène un moinelet dans un couvent bouddhiste quelque part en Chine au milieu d'une belle forêt. Le petit moine va découvrir la voie de la sagesse à commencer par apprendre à dominer sa colère car celle-ci pourrait être à l'origine d'une orchidée qui se fâne. L'image de la destruction du monde se profile derrière des paroles bien sensées.
Il faut avoir un minimum d'ouverture d'esprit pour y voir clair. Sinon, les dessins en aquarelles sont de toute beauté. On retiendra une idée forte: le bonheur est en soi.
Pour le reste, l'initiation de ce petit garçon est assez intéressante. Cependant, la fin arrive trop vite avec un sentiment d'inachevé.