Le 06/02/2025 à 09:26:45
Fils de la nouvelle société de l’information web, Allan Barte est devenu progressivement l’un des dessinateurs de presse les plus affutés jusqu’à être repris régulièrement sur Mediapart (où il tient un blog d’édition) et dans d’autres médias. Associé au petit éditeur militant Ant (qui vient malheureusement d’annoncer la cessation de son activité), le dessinateur formé en sciences politiques et en communication remplace dans mon cœur Martin Vidberg, l’auteur de l’Actu en patates qui avait acidulé les pages du Monde ces dernières années. Barte tient une chronique quasi quotidienne du premier et second quinquennats de Macron, dont les dessins sont regroupés dans un volume par année édités via un financement participatif (mais que vous pouvez également trouver dans les meilleures librairies. Et mine de rien se replonger avec une année d’antériorité sur les évènements récents a quelque chose de vertigineux dans la rapidité d’évolution du monde et de déliquescence de toute barrière civilisationnelle dans la course vers l’Abîme que nous constatons… On retrouve ainsi, exercice d’humour acide oblige, les séquences les plus absurdes et les plus horribles du règle de Macron 1°: les frasques de Marlène Schiappa, les violences policières et les sorties factieuses du premier syndicaliste du syndicat de police Alliance, j’ai nommé Gerald Darmanin, l’épisode Sainte-Soline, l’horreur du génocide à Gaza bien sur, avec au détour d’une page un petit Benalla qui se rappelle à notre bon souvenir entre un Trump et un roi Charles à Versailles. Je dois dire que par les temps qui courent et une objectivité journalistique se réduisant comme peau de chagrin, de tels dessins de presse ont la même saveur qu’un Gorafi ou qu’une chronique de Charline Vanhoenacker ou jadis les Guignols (dont on a sans doute minoré ce que représente leur sabordage par Bolloré). Et le personnage de Macron avec son sourire permanent, omniprésent dans l’album, est tout à fait savoureux, comme un Chirac autrefois… Quand l’oppression domine, l’humour reste la dernière arme de la liberté d’expression en allant toucher à l’émotion positive et directement à l’essence de l’évènement en dégageant tout le vernis social et bien-pensant qui abouti à la censure des esprits. Les Lumières l’illustrent comme jamais et les régimes dictatoriaux créent souvent le meilleur humour noir. Et en la matière Allan Barte est l’héritier d’un certain Plantu dont le regard acéré d’autrefois, devenu rance, manque diablement. Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2025/02/03/vivre-en-macronie-7/BDGest 2014 - Tous droits réservés