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ans Le bruit des mots (Le Tripode, 2019), Germain Huby s’était fait remarquer par son esprit acide et un savant talent d’observation. Il était donc normal que James le repère et l’attire derechef dans la collection Pataquès. C’est chose faite avec Vivons décomplexés, cinquante-deux pages de remarques décalées dans la maintenant bien connue tradition « fabcaresque » (la dernière tendance à la mode chez les amateurs distingués).
Le copinage avec les travaux de l’auteur de Formica est immanquable. Même étonnement désabusé devant le monde contemporain et incompréhension similaire à propos des inaptitudes sociales de ses contemporains. Il y a cependant une grosse différence, plus passeur qu’acteur, Huby raconte simplement des petites saynètes de tous les jours et en fait ressortir leurs côtés absurdes. Pas bêcheur pour autant, il profite évidemment de l’occasion et allonge des énormités du plus bel acabit, le rêve inavouable de tout d’un chacun cela va sans dire.
Le couple, les amis, le boulot, la télé et même la COVID, tout est sujet à sa curiosité et à son désarroi complice (pour un bon mot, il est capable de beaucoup). Le résultat s’avère amusant et les piques sont souvent bien adressées, mais aussi passablement entendues ou téléphonées. Une bonne moitié du catalogue de la collection étant basée sur les mêmes mécanismes, l’ouvrage n’apporte pas vraiment de gros bouleversements, tant sur le fond que la manière. De plus, l’originalité formelle dont faisait preuve son précédent album est nettement moins marquée, voire absente. Pas de doute, l’ensemble fait quand même rigoler, mais, sur la longueur, les rires deviennent un peu mécaniques, tant les ficelles scénaristiques se font visibles.
Exploitant le genre à la mode du moment sans vraiment se poser de question, Vivons décomplexés est un ouvrage très drôle. Par contre, il se repose un peu trop confortablement dans l’humeur de son époque pour vraiment détonner.