Résumé: Le vin, un acteur-clé de la vie des soldats dans les tranchées.1916. Dans la Vallée de la Marne, les soldats français englués dans la boue des tranchées se donnent du courage avec une ration quotidienne de vin. Mais ils sont nombreux à juger ce breuvage imbuvable. Certains prétendent que le bon vin de Bourgogne est réservé aux officiers, tandis que les soldats hériteraient de la piquette ! Parmi eux, Gaston, un jeune homme dont le père était vigneron prend le débat à coeur. Les différentes appartenances régionales liées à la production de vin avivent parfois les tensions entre les poilus qui restent attachés à leur terroir. Alors, quand le mercanti, le marchand civil, vient ravitailler les tranchées, Gaston commande sa ration en évitant l'absinthe dont d'autres raffolent... Pendant ce temps, à Reims, des kilomètres de caves abritent un trésor que les obus n'ont pas encore détruit : le champagne !
La collection s'agrandit avec un album qui revisite l'histoire viticole de la France, prise dans la tourmente de la Grande Guerre de 14-18. Une période noire pour la production au cours de laquelle le marché mondial du vin prend un tournant. Un portrait documenté qui rend hommage à la diversité des cépages et nous rappelle l'effort de guerre des femmes pendant le conflit.
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i]Le vin des Poilus est la quinzième cuvée de la collection Vinifera. Ce sous-thème de la Grande Guerre a été traité par de nombreux historiens, tels Hubert Bonnin ou encore Christophe Lucand. Il souffre encore d'idées préconçues, parfois véhiculées dans les cours du secondaire. Aussi, l’approche par la bande dessinée peut se révéler pertinente, d'autant plus dans le cadre d'une collection dédiée à la passion du vin.
1916. Dans la vallée de la Marne, les soldats français, les fameux "poilus" fuient un quotidien morbide et stressant avec l'alcool. La ration de vin est faible et franchement imbuvable. Les combines se multiplient pour acheter en douce de bonnes bouteilles. D'autant que les rumeurs assurent que le bon vin est réservé aux officiers. C'est dans ce climat que Gaston, un jeune descendant de vigneron, arrive dans sa nouvelle unité où les amateurs de crus sont nombreux. Chacun ne jurant que par sa région natale bien entendu...
Le cahier des charges de la série est rempli. Éric Corbeyran mêle les évènements historiques et les anecdotes pour raconter le vin, la vigne ainsi que les femmes et les hommes qui en vivent. L'équilibre est délicat sur un seul tome pour un sujet si vaste, mais le scénariste parvient à sortir la tête du tonneau. En axant son récit sur le front de Champagne, l'auteur tente de résumer l'importance de l'alcool chez les soldats ainsi que les conséquences du conflit pour les petits producteurs et les grandes maisons d’Épernay et de Reims. Ce challenge est ambitieux. Ce qui fait que "l'attaque" de la première lecture laisse un sentiment de frustration. Le traitement du sujet est rapide, greffé à une intrigue convenue sur les classes sociales. Cela génère un aspect résumé, puisqu'un grand nombre de faits sont survolés et d'autres ne sont pas abordés. Là-dessus, c'est le petit dossier de fin qui rempli partiellement cette mission.
Lucien Rollin assure la "robe", autrement dit l’apparence visuelle du tome. Son style est classique, ce qui peut plaire à un lectorat d'un certain âge, mais rebuter les autres. Quelques planches manquent de dynamisme ou d'audace, ce qui laisse un "arrière-goût" amer. Toutefois, le résultat est acceptable.
En dépit d'un postulat de départ intéressant et d'un sujet passionnant, Vinifera manque encore de "corps".