L
a petite Louise n'a pas eu une enfance facile. Abandonnée à la naissance, ballottée de famille en famille, elle devient voleuse, plus par nécessité que par vocation. Dès lors surnommée "Vilaine", elle commet ses menus larcins dans une époque moyenâgeuse où la survie est des plus difficile. Recueillie par une troupe de troubadours, elle promet de soigner sa cleptomanie pour se consacrer à son numéro de haute voltige dans lequel elle doit se transformer en oiseau volant ! Sa vie de nomade l'amène à Toulouse où elle est enlevée par le caïd local qui l'oblige à reprendre du service en détroussant les notables de la ville.
Spécialisé dans les contes et récits pour enfants, Gérard Moncomble (Sa Majesté de nulle-part, Les chroniques de Zilda T....) récidive avec l'histoire d'une petite rouquine au caractère bien trempé. Pickpocket experte, elle a beaucoup de mal à rentrer dans le droit chemin. Les efforts de "Baronne", la directrice de la troupe, et de Fastap, un bouffon alcoolique, semblent vains face au vice de la fillette.
Destiné avant tout à un jeune public, cet album évite les écueils d'un récit trop moralisateur ou trop manichéen. Louise a ses défauts, soit... mais l'auteur prend soin d'en expliquer les raisons, avec délicatesse et humour, sans tomber dans le larmoyant et le mélodramatique. Ainsi, les petits lecteurs pourront d'autant mieux comprendre l'héroïne et suivront certainement avec plaisir le cours de ses aventures. Dans une autre époque et dans un autre lieu, il est difficile de ne pas comparer Vilaine à Oliver Twist de Charles Dickens.
La mise en images d'Alain Grand est plutôt réussie. Le trait est agréable, parfois naïf mais ne tombe jamais dans la mièvrerie. Les décors sont soignés, particulièrement pour représenter les rues et les bas-fonds de Toulouse. Quant aux couleurs de David François (déjà aux manettes dans L'Etrange affaire des corps sans vie), elles parviennent à rehausser le dessin et rendre l'ensemble très harmonieux.
Mont-Borgne lance avantageusement cette nouvelle série. Sans être extraordinaire ou terriblement originale, elle a le mérite de proposer aux juniors une histoire sympathique et récréative loin du puéril et du superficiel, si communs à ce genre de thème. Il faut espérer que la collaboration entre Gérard Moncomble et Alain Grand connaisse un autre sort que pour Les chroniques de Zilda T., arrêtée après la sortie du premier tome.