Le 27/02/2024 à 07:33:34
Il ne faut surtout pas croire qu'il s'agit d'une œuvre destinée aux enfants qu'on va lire un soir de Noël. Ce récit est plutôt une antithèse totalement trash d'une autre vision du Saint-Nicolas qui était le protecteur des enfants en leur offrant des cadeaux et en accomplissant des miracles. Cette œuvre est destinée aux fragiles, aux rebelles, aux opprimées, aux mutilées, aux sens dents, aux exilées, aux sans-papiers, aux minorités, aux sans domicile, aux invalides, aux militants, aux activistes.... Clodo, Crevard, Epave, Hobo, Mendiant, Crève-la-faim, Sac à vin, Sans-abri, Sans domicile fixe, Traîne-savates, Vagabond, Va-nu-pieds, Zonard, Sans-Dents... Tous ces mots pour désigner une population qui n'a décidément pas la vie facile. C'est souvent sombre, cruel et sordide comme pour rappeler le manque d'humanité de la plupart de nos congénères. Ainsi va le monde ainsi que cette société qui isole certains êtres qui se débattent pour survivre. Le Saint-Nicolas est désormais là pour les aider et les accompagner à fuir. Cette œuvre est muette sur une très grande partie avant l'introduction des premiers mots pour se révolter contre un ordre oppressant. Les CRS sont partout pour matraquer les enfants. On les mange également dans des dîners gastronomiques réservés à la haute société. Bref, comme dit, c'est trash et violent sur la forme comme pour souligner une allégorie parodique de notre monde capitaliste très égoïste. Les vignettes sont présentes pour marquer le malaise et le dégoût, c'est voulu. Je n'ai pas bien compris la fin qui se termine en queue de poisson au milieu d'une mer agitée vers une destination inconnue. Je n'ai pas trop aimé cette vision très pessimiste des choses et sans doute trop exagéré pour être crédible même si certains éléments peuvent nous interroger sur le devenir de nos sociétés qui ne protègent sans doute pas assez les plus faibles.Le 03/02/2024 à 21:16:13
Une BD avec matière à penser... qui en surprendra plus d'un. C'est le présent qui nous y est raconté, mais à la manière d'une histoire de saint médiévale : il y a des passages absurdes et on ne comprend pas tout. Cependant, ce néo-Saint-Nicolas, à l'allure d'un playmobil, finit par faire des miracles. Évidemment, les lecteurs d'extrême-droite ou les béni-oui-oui n'y trouveront pas leur compte... ...Parce que ce bouquin est une façon de dénoncer l'hyper-sécurisation, les politiques anti-migrants, le rapprochement de Macron et de Le Pen (planche 71), les problèmes écologiques et autres catastrophes climatiques... en bref, les difficultés qui s'annoncent pour nos enfants... ...Mais les autres pourront profiter de cette bouffée d'oxygène, cette liberté de ton, ces graphismes puissants, ce découpage personnel (de deux cases par page, l'auteur complexifie ensuite son découpage comme pour la planche 46). Une lecture sensible et résolument engagée... Qui laisse une lueur d'espoir.BDGest 2014 - Tous droits réservés