Résumé: Je crois que j'ai toujours voulu faire découvrir cet endroit à quelqu'un. Parce que cet endroit me hante. Et parce que je t'avais sous la main. C'est peut-être simplement pour ça que j'ai séquestré le fils d'un mort... "Regarde bien la vue, Tim. Retiens bien tout ce que tu vois. N'attends pas de deuxième chance."
L
a vie est bizarre ! Allez savoir pourquoi Blackowski a fait - partiellement - émasculer deux hommes de main de Pazzo. Pour assouvir une vieille vengeance ? Pas évident. En tout cas, à cause de ce fâcheux concours de circonstances, Vladimir Marchak se retrouve avec le jeune Tim sur les bras.
Venise est ce qu’il est convenu d’appeler un thriller psychologique. Thriller, car le scénario s’attache au destin d’une petite frappe qui, sans œuvrer dans le grand banditisme, n’est pas pour autant un ange, ou alors, aux ailes passablement noircies. Psychologique car, sans réelle complaisance et avec un certain cynisme, Nicolaï Pinheiro s’attache à mettre en exergue la personnalité de protagonistes qui, pour la plupart, ne brillent pas par leur grandeur d’âme. Dans le milieu de l’usure, il est rare de faire dans la dentelle et le réalisme du dessin sait retranscrire cette ambiance lourde, n’hésitant pas à utiliser les plans serrés pour mieux détailler l’expression des personnages ou à utiliser une gamme de couleurs centrée sur des jaunes pesants. Au final et malgré son titre, cet album est l’histoire d’un homme qui souhaiterait pouvoir effacer quelques années d’errance dans l’alcool et les combines faciles et donner ainsi un semblant de sens à sa vie. Sa fuite - à moins que ce ne soit un retour - à St Laurent, n’est-elle pas en définitive une manière de solder ses comptes avec lui-même, son père et un amour d’enfance quelque peu idéalisé ?
Un rien introspectif sans pour autant verser dans l'analyse psychanalytique, Venise est un bon album et... un bien joli prénom !
Les avis
Erik67
Le 22/11/2020 à 21:57:32
Quand on pense à Venise, on voit la magnifique cité lacustre au bord de l'Adriatique où il fait bon flâner sur les gondoles. En l'occurrence, il s'agit plutôt du prénom d'une jeune fille laissée au village. Un souvenir des 16 ans d'un garçon qui a mal tourné.
Nous sommes dans le milieu des petites frappes, du banditisme et de ses règlements de compte à coup d'émasculation. Ce n'est pas le genre de milieu qu'on aime fréquenter car même les combines faciles sentent toujours mauvais.
J'ai beaucoup apprécié le réalisme du dessin. L'auteur semble avoir un certain talent. On remarquera également que le ciel est toujours jaune, jamais bleu ce qui donne un ton assez particulier à cet album.
En ce qui concerne le récit, il faudra attendre le second tome de ce diptyque pour se faire une idée plus précise du scénario de ce polar psychologique.