A
près un cataclysme sans précédent au cours duquel la quasi-totalité des terres émergées disparurent, l’humanité n’a pas eu d’autre choix que de se réfugier dans la cité-monde de Venezzia, dernier continent perdu au milieu d’un unique océan. Cette gigantesque cité, toute en hauteur, où vivent plus de deux cent millions d’êtres humains, est à l’agonie, étouffée par la surpopulation et écrasée par les déchets et les pénuries en ressources naturelles.
Kassian, aristocrate extrémiste, membre d’un gouvernement totalitaire est convaincu qu’il existe un endroit sur Venezzia encore inconnu où la nature aurait été préservée et où l’eau douce coulerait à flot : Wardelia. Pour y arriver, Kassian n’hésite pas à enlever la princesse Nitya et à pourchasser le jeune voleur Riguel, car eux seuls connaîtraient le chemin secret menant à cet Eden. Kassian fait immédiatement capturer les deux adolescents, sans se douter qu’une poignée de gosses des rues courageux, s’organiseraient pour les sauver.
Venezzia ne manquera certainement pas de titiller les neurones des afficinoados des mangas et de l’animation japonaise tant cet album s’inspire, parfois adroitement, parfois maladroitement, de nombreuses œuvres venues du pays du Soleil levant. Au niveau de l’intrigue, la recherche d’un Eden perdu face à une civilisation pollueuse n’est pas, par exemple, sans rappeler Wonderful Days. Tout comme dans l’œuvre de Kim Moon-Saeng, l’intrigue de Venezzia peut apparaître intéressante au premier abord tant le contexte de la série (pollution, drogue généralisée, conflits sociaux, dictature) aurait permis une description intéressante de cette civilisation en déclin (à la manière des Ames d’Hélios). De plus, la très réussie course-poursuite à travers les égouts ainsi que l’ambiance steampunk empruntée, adroitement cette fois, à l’anime Last Exile ajoutaient un certain cachet à l’histoire de Laurent Koffel. Malgré ces bons points, Venezzia s’est vite avérée n’être qu’une suite d’actions sans réelle profondeur, ni enjeu, le manque d’intérêt porté à la vie sur Venezzia par le scénariste rendant le lecteur indifférent au destin de cette ville et à celui des protagonistes. Néanmoins, le cliffhanger de la dernière page pourrait être susceptible de changer la donne.
Heureusement, le dessin de Noë remonte le niveau de la série et ce, malgré une certaine déception. En effet, la couverture peut s’avérer trompeuse, le dessin dans l’album étant plus caricatural et moins détaillé. Malgré cela, le trait de Noë, fortement inspiré des mangas et tout en couleurs pastel, est agréable et chaleureux à la manière, par exemple, de la série L’Anneau des 7 Mondes.
A la fin de la lecture de cet album, on ne peut s’empêcher d’être partagé entre deux sentiments contradictoires. Au rayon des points positifs, le caractère sympathique et maîtrisé tant de l’intrigue que du dessin plairont certainement. Malheureusement, un certain manque d’originalité et d’enjeu concernant l’histoire conseillerait d’attendre que cette série prenne un peu plus de maturité.