D
e tous les puissants guerriers que la Chine a comptés, un seul a atteint des sommets inégalés. Véritable montagne de muscles, maître de la hallebarde et de l’arc, nul n’est plus féroce et inébranlable que Lü Bu. En 196, alors que les troupes du général Ji Ling assiègent la cité de son allié Liu Bei, le combattant se présente seul face à l’ennemi, prétendant mettre un terme aux hostilités. Piqué au vif, son adversaire lui soumet un défi réclamant une force incommensurable…
Si vous aimez les montagnes de muscles, les abdominaux saucissonnés, la débauche de testostérone et que vous n’êtes pas insensibles aux rictus carnassiers, La Légende de Lü Bu est probablement fait pour vous. Ce spin-off de Valkyrie Apocalypse (dix-huit volumes déjà parus chez Ki-oon) a pour ambition de s’attacher à la destinée d’un des protagonistes humains qui a roulé sous le tapis en affrontant Thor, dans la série-mère. Personnage historique (il a vécu entre 153 et 199), le « général volant » était un seigneur de guerre aux alliances mouvantes dont la renommée a été largement popularisée grâce à L’Histoire des Trois Royaumes, un roman chinois du XIVème siècle. Sans doute est-ce dans ce matériau que Takeo Ono a puisé pour nourrir son récit qui dévoilera sept hauts faits de son héros.
Que ce soit le dessin ou la narration, la surenchère est de mise. Après une introduction que ne renierait pas le présentateur d’un show de catch, le contexte est posé à la va-vite et le guerrier attendu ne tarde pas à débouler pour régler la question à sa manière. Tout cela va de pair avec des biceps gonflés à bloc roulant sous la peau, du sang qui gicle, quelques chevaux décapités, des visages tordus par la terreur ou des tronches goûtant jusqu’à plus soif le plaisir de pourfendre quiconque se dresse sur le passage. L’orgie martiale bat son plein et, graphiquement, ne recule devant aucune exagération anatomique ni expressive. En cela, la mise en image est assurément efficace, dynamique et ne manque pas de varier les angles de vue. Quant à l’intrigue, elle peine difficilement à émerger au milieu de cette démonstration de force brute. Portion congrue, les dialogues restent limités. Cependant, quelques éléments de compréhension sont tout de même donnés et permettent de distinguer peu ou prou ce qui se joue. Cela devient plus évident dans la deuxième partie du volume, malgré une transition abrupte.
Pour qui cherche un manga d’action pure ne s’embarrassant guère de décorum, Valkyrie apocalypse – La légende de Lü Bu constituera un divertissement sans prise de tête. Les autres passeront leur chemin, sans risque de représailles.