Résumé: Nicolas Marlin, surfeur professionnel, traverse une passe difficile. Sa participation au contest de San Telmo, un spot qu'il déteste, s'avère encore une fois un désastre. Les vagues sont traîtresses, la chaleur étouffante, d'étranges manœuvres militaires ont lieu dans la baie – et pour couronner le tout, son grand-père, un personnage charismatique mais autoritaire, réapparaît après plusieurs années d'absence. La survenue d'une vague extraordinaire sera l'occasion pour Nicolas de se plonger littéralement dans sa mémoire et ses angoisses les plus profondes.
Jouant avec les codes du récit de surf et convoquant une esthétique rétro inspirée des jeux vidéos des années 1990, emg réalise une œuvre surprenante, à la fois grave et légère, tenant autant du conte psychanalytique que de la série B.
Comme avec son premier album Tremblez enfance Z46, emg propose un récit d'aventure trépidant et hors-norme qui explore les possibilités du dessin électronique. Il met ici au point une sorte de pointillisme 2.0 pour dépeindre les éléments déchaînés qui submergeront Nicolas Marlin.
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urfeur professionnel, Nicolas Marlin est dans le dur. Il aime encore son sport, mais ça ne passe plus. Son manager et sa copine essayent de le motiver ; l’épreuve de San Telmo arrive et il est crucial de bien figurer dans cet événement important du circuit. Pas de chance, c’est un spot qu’il déteste, trop de souvenirs pénibles sont associés à cet endroit. Mauvaises ondes, ambiance étrange et une rencontre redoutée avec son grand-père qui s’impose, tout ça va mal se finir, c’est certain.
Récit psychologique sur fond de relations familiales, La vague gelée mêle jeu de plage et crise existentielle. Pour ce faire, EMG (Tremblez enfance Z46) joue la carte de l’exotisme et du mystère afin de raconter les démêlés intérieurs de son héros. Si le nœud de l’intrigue s’avère très rudimentaire, le traitement de celle-ci se montre habilement mené. L’opposition entre le côté relax de l’univers du surf et les sombres pensées de Nicolas apporte un contraste percutant à la situation et souligne bien le désarroi que la détresse mentale provoque, autant chez le malade que sur son entourage. Campé sur sa planche, l’auteur file sa métaphore sur les flots tout en ménageant quelques surprises à la limite du fantastique pour asseoir son propos.
Graphiquement, le dépaysement est aussi de mise avec le choix d’un dessin 8 bits semblant avoir été réalisé avec Paint 1.0 sous Apple II. Passé le choc visuel et esthétique, cette démarche stylistique radicale ne gêne pas outre mesure la lecture. Par contre, le choix de celle-ci reste énigmatique du fait de sa rigueur tout au long des pages. En effet, si elle s’insère à peu près logiquement dans l’idée du scénario, elle perd pas mal de son impact du fait de son omniprésence continue dans l’album.
Exercice de style total au service d’une histoire touchante, mais un peu simple, La vague gelée est une curiosité éditoriale à découvrir en tant que telle.