Info édition : Noté "Première édition". Format 200 X 280 mm.
Résumé: Magistralement adapté en deux volumes par Riff Reb's, Le Vagabond des Étoiles est un sublime hommage à l'un des chefs-d'oeuvre de Jack London.
San Quentin. Dans la prison d'État, Darrell Standing, toujours soumis à la torture de la camisole de force, poursuit ses voyages extracorporels.
Il s'incarne dans de nouvelles vies - hommes, femme, enfant - à travers l'histoire du monde, qui nous font voyager du western au péplum en passant par la préhistoire. Pour garder la raison, Darrell Standing recherche et trouve des preuves de la réalité de ses vies antérieures.
S'ouvre également pour lui un abîme de réflexions sur l'immuable destin de l'humanité partout et toujours inféodée à l'amour, la superstition et la violence.
Finalement en marche vers la potence, il esquisse un sourire car il a cette phrase en tête :
« Il m'a fallu mourir et mourir encore pour m'apercevoir que la vie était inépuisable. »
M
ountain Meadows : des prairies, du soleil... Dans ce cadre et cette ambiance pittoresques, l'attention a tendance à se relâcher. Il n'en faudra pas plus pour que les peaux-rouges lancent leur attaque sur le convoi de chariots où se trouvent Jess et sa famille de migrants, en route vers l’Ouest et ses promesses. Jess, ou plutôt Darrell Standing. Tandis que son corps est toujours emprisonné à Folsom, son esprit continue de voyager dans l'espace et le temps. Encerclé par les indiens ou enfermé entre quatre murs, même dans les rêves, la liberté est interdite.
Moins d'un an après sa remarquable première partie, Riff Reb's offre la suite et fin de son adaptation du roman de Jack London. D'une force narrative et visuelle indéniables, oscillant entre fantastique, aventure, critique politique et sociale, cet album se révèle passionnant et, s'il est certes reconnu pour être un vibrant réquisitoire du système carcéral de l'époque, il est, surtout, dans une vision universelle, un puissant hommage au pouvoir de l'imaginaire. En effet, la détermination sans faille du héros est formidablement décrite et mise en avant face aux tentatives de dressage et de soumission des autorités. La suprématie de l'esprit domine et maitrise le corps pour qui sait s'en détacher, c'est ce que prouve le rebelle prisonnier, engoncé dans sa camisole mais le sourire aux lèvres. L'évolution du personnage se constate par la comparaison des deux couvertures et le changement d'attitude : avachi, il se redresse, convaincu de sa valeur. L'immortalité de l'âme s'atteindrait-elle par l'instinct de survie ?
L'évasion mentale comme seule échappatoire à la folie et aux châtiments corporels, ce diptyque le démontre avec talent, autant sur le fond que la forme.
Les avis
Yovo
Le 11/01/2021 à 20:08:05
Une suite directe du 1er tome avec lequel elle forme un vaste et poignant pamphlet contre le régime carcéral en vigueur aux États-Unis au début du 20°siècle, et par extension contre l’oppression de l’individu en général. Mais nul discours partisan ou grande tirade moralisatrice ici. Riff Reb’s adapte Jack London avec intelligence et livre un diptyque plein d’aventure et d’inconnu, humaniste, poétique et puissant, davantage axé sur un dessin à la fois réaliste et onirique que sur les mots. Il parvient à en dire beaucoup plus ainsi et révèle la puissance de l’imaginaire, qui ne sert pas seulement à rêver, mais bel et bien à vivre.
Une œuvre troublante et passionnante à lire absolument.
Shaddam4
Le 09/11/2020 à 13:41:46
Ce projet aurait pu être porté par Alejandro Jodorowski tant l’on retrouve ces thèmes et le traitement rude et poétique dans son œuvre. Comme expliqué sur la première partie, la découpe de l’ouvrage en deux volumes crée une césure artificielle qui fait commencer l’album sur une des incarnations, au Far-west au sein d’une caravane de colons. On enchaîne ensuite sur des bribes de vies éparses que le narrateur confesse avoir vécues de façon discontinue avant d’arriver à l’époque romaine dans le corps d’un orphelin viking devenu légionnaire dans la Judée de Ponce Pilate. L’incarnation suivante, la plus intéressante est celle d’une femme naufragée sur une ile déserte (apparemment un des seuls changements de Riff Reb’s par rapport au roman où le personnage est un homme), puis la dernière section nous transporte à l’âge de pierre avec un chasseur en quête d’un Totem, façon de boucler l’idée des visions et lien entre l’esprit et le Temps. Entre ces épisodes historiques l’auteur insère quelques séquences de conscience du prisonnier-supplicié avant une dernière séquence le menant à la potence.
Ce volume est donc très différent du premier en ce qu’il se concentre essentiellement sur des séquences sans lien entre elles ni véritable message hormis le fait que contrairement aux premières les personnages vont au bout de leur existence malgré des aléas tout à fait exceptionnels. Si le tome un dressait un pamphlet saisissant sur la condition carcérale, ce thème est ici plus lointain hormis sur la dernière séquence qui nous rappelle l’aberration du système et de ses « lois ». wp-1604400206798.jpgOn sent dans le déroulement de l’album le détachement de cet homme qui a appris tel un ascète à ne plus subir les tourments du corps jusqu’à se demander malgré les témoignages « paranormaux » qu’il nous livre, si la succession de ces différentes séquences d’existence ne trahit pas l’évolution psychologique de Darrel Standing vers un mysticisme détaché lui permettant d’accepter la mort.[...]
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https://etagereimaginaire.wordpress.com/2020/11/04/le-vagabond-des-etoiles-seconde-partie/
Lakazdelonclepol
Le 06/11/2020 à 15:28:46
Par son dessin virtuose Riff Reb's établit des ponts temporels vertigineux entre les grands auteurs dont il s'inspire et sa propre interprétation actuelle de leurs oeuvres. Le Vagabond des Etoiles est une véritable mise en abîme de cette fusion artistique à distance, le dessinateur joue une partition graphique éblouissante tout entière au service du roman éponyme.
Riff Reb's n'a pas fini de nous surprendre, j'attends avec impatience son prochain opéra de papier.