Ame en peine, âme vagabonde…
A 2 ou 3 tomes par an chaque achat d’un nouveau tome devient un calvaire parce qu’il nous oblige à nous resituer. Mais surtout on a le désagréable sensation que le rythme de parution chaotique affaiblira la force et l’impact de l’œuvre.
Dès la couverture on sent tout de meme une grande réussite de la part de l’auteur, mais surtout elle est évocatrice des aspirations profondes de Miyamoto Musashi, pour le formuler autrement, très souvent, on dit que : « Les yeux sont le reflets de l’ame et de l’etre ». En se servant du sabre comme d’un miroir, notre cher bretteur ne cherche-t-il pas à entrepercevoir son psyché, et a fortiori celui des autres personnages présent dans « son monde ».
Sujet casse gueule, au demeurant, dans lequel Inoué s’en sort brillamment.
Matahashi se révèle etre un mégalomane revant de gloire et de richesse noyant ses bonnes résolutions dans le premier Saké venu. Le personnage de Sasaki, trop souvent décrié, a probablement été perçu par l’auteur comme un défi, un challenge parce qu’il est muet. D’ou le traitement le plus abouti et le mieux structuré dans les impressions et sensations en fonctions des évènements. ( L’exemple du Dojo Yoshioka est frappant ou les images de la jeunesse de Kojiro Sasaki font le lien avec l’exercice potache de la traduction. C’est cet épisode qui révèle les compétences D’Ueda qui en plus d’etre un expert au sabre, est aussi un habile tacticien. Sans s’en rendre compte, il surclassera Denshichiro et sera exclu du Dojo. ( l’un ne va pas sans l’autre !)
Le fait que Miyamoto Musashi rencontre un forgeron à la « retraite » les pousse évidemment à la conversation sur leur lien à tous les deux c’est-à-dire: « le sabre ». Le raisonnement que tiens ce vieil homme est particulièrement esthétique ( au crane mou !) : « Tout d’abord dans sa fonction d’armurier puis par la suite d’une manière intrinsèque ». C’est un retour en force de « l’en soi », d’une quete spirituelle du néant qui avait heureusement disparu lors de l’apparition de Kojiro Sasaki. ( J’aurais largement préféré que l’auteur prenne ses aises vis-à-vis de cette quete médiocre, comme ça l’auteur aurait été en continuité avec ses libertés dans la narration. Et meme si il nous ressert le jeux du chat et de la souris qui existait déjà entre le jeune Yoshioka et Miyamoto la narration n’en pâtissait pas vraiment, alors que là en s’endormant sur les dogmes préexistant dans l’œuvre originelle il rend son écriture faiblarde.)
Meme si à ce moment là l’esprit de Miyamoto Musashi se réveille ( le fantome du vieux maitre devenu conscience !) et cogite, au final c’est peine perdue car l’acte qui suit en dit long…
Il faut comprendre que nous ne pouvons retraduire fidèlement une œuvre ancienne, et donc le propre d’un auteur c’est d’adapter son œuvre en fonction de l’époque dans laquelle il vit. Préférez-vous, franchement, les traductions littérales ? ?
Que ce soit du point de vu spirituel ou narratif le fait de les modifier peut se révéler etre une excellente exploitation pour le lecteur et l’auteur. Mais en se vautrant dans de vieilles pensées néantistes, il amoindrit la portée, l’impact et la force de son titre.
Inoué, sur le coup, se l’est joué trop facile, dommage…
( à noter qu'un marque page est offert avec ce titre !)
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