Résumé: Forgée dans les cieux par les divinités japonaises, l’épée légendaire Kusanagi, aussi connue sous le nom de "Faucheuse d’Herbe", possède une longue et sanglante histoire, passant de mains en mains et changeant les destins au cours des siècles, avant de finalement trouver le repos dans le Temple d’Atsuta. Mais l’épée à Atsuta est une fausse, une imitation destinée à contrer ceux qui voudraient l’utiliser comme instrument politique, alors que la vraie Faucheuse d’Herbe est sous la protection du prêtre Sanshobo. Sachant qu’il ne pourra la dissimuler éternellement, ce dernier fait appel à Miyamoto Usagi pour l’aider à la replacer dans son sanctuaire, avant qu’elle ne tombe entre de mauvaises mains...
L
’épopée de l’épée légendaire « Kusanagi » (Faucheuse d’Herbe) n’est pas finie. Le prêtre Sanshobo, à qui la charge de protéger cette relique a été confiée, sent qu’il est temps de l’amener à sa vraie place, le Temple d’Atsuta. La mission est périlleuse, la précieuse lame intéresse les différentes factions luttant pour le pouvoir impérial. Sanshobo demande à Usagi Yojimbo de l’aider dans sa tâche. Le voyage sera dangereux et rempli de rebondissements, les fantômes des ennemis d’hier se mêlant à ceux d’aujourd’hui.
Les aventures d’Usagi Yojimbo, le lapin samouraï, est le parfait exemple de la diversité de la bande-dessinée américaine. En effet, celle-ci ne se résume pas aux super-héros en collant ou aux histoires « underground » parfois extrêmes. Stan Sakai fait partie de la génération des Jeff Smith (Bone) et autres Terry Moore (Strangers in Paradise), des auteurs qui ont voulu garder leur indépendance pour produire sans contraintes éditoriales des récits originaux. Usagi Yojimbo est une série jeunesse comparable, toute proportion gardée, à Johan et Pirlouit de Peyo. Sous la forme de récits d’aventures classiques, Stan Sakai décrit le monde tel qui l'est ; il y a certes les gentils et les méchants, mais la frontière entre les deux n’est pas toujours aussi nette qu’on voudrait bien le croire. Dans ce tome 15, Usagi, samouraï suivant le bushidô à la ligne, sera obligé de pactiser, pour un moment, avec une fraction ennemie et sera confronté à l’assassin de son ancien maître, lui-même partagé entre ses ambitions passées et son honneur. L’histoire et les personnages sont bien plus complexes que le trame générale le suggère.
Le style de Stan Sakai se caractérise par une très grande lisibilité et un sens du découpage très développé. En quelques cases, il parvient à rendre compréhensible une mêlée générale ou à réaliser une séquence muette de plusieurs pages. Comme en attestent les personnages anthropomorphes, Usagi Yojimbo n’est pas une série réaliste. Cependant, tous les détails (vestimentaires, architecturaux, culturels) sont réalistes. Stan Sakai attache une grande importance à la véracité de l’univers qu’il décrit ; la plupart de ses scénarios trouvent leur origine dans la cosmogonie japonaise et autres les légendes populaires nippones. L’apparence sympathique des personnages (anthropomorphisme oblige) est trompeuse, ce n’est pas du Disney ! Les combats sont nombreux et les victimes s’additionnent. Malheureusement, et c’est fréquent dans les médias américains, la violence est un peu trop « propre » : on se découpe à l’épée et étrangement le sang ne coule pas. Pourtant, le dessinateur montre les conséquences des combats en dessinant une petite « âme » qui s’envole au-dessus de chaque cadavre, c’est déjà plus que dans la majorité des titres américains.
Ce tome 15 s'inscrit bien dans la lignée de la série : aventures, combats et humour sont au rendez-vous. Chaque personnage - même secondaire - va se retrouver devant ses choix et ses responsabilités. Un récit très bien construit associé à un dessin efficace, tout ce qui fait une bonne BD.