Résumé: Dans un futur indéterminé, la technologie côtoit l’ancien code des samouraï, un univers peuplé de formes de vie bizarres divisées en clans, en conflit les uns avec les autres. Space Usagi, héros de son clan, est le descendant de Miyamoto Usagi, samouraï du XVIIe siècle...
Cet album comprend les trois mini-séries précédemment publiées aux USA par Dark Horse et Mirage. "Mort et Honneur », ou la chute de la galaxie de Shiroshi ; "White Star Rising", est la chronique d’une bande de samouraï essayant de reconquérir leur système solaire ; « Warrior » voit Usagi sur la piste du ravisseur de son seigneur. Deux autres nouvelles complètes ce recueil, y compris une rencontre avec l'Usagi Yojimbo original.
D
ans une galaxie lointaine, dans très très longtemps… L’empire Kajitori a déclenché les hostilités et sa soif de conquête semble inarrêtable. Hidaki, chef du clan des Shrohoshi, tente d’organiser la résistance. Alors que sa forteresse spatiale subit une attaque dont elle pourrait ne pas se relever, il confie une mission cruciale à Usagi, son meilleur guerrier. Ce dernier doit protéger Kiyoshi, le jeune hoir de la dynastie et l’aider à former une union avec les Mino.
Space Usagi, titre dérivé d’Usagi Yoshimbo, est étrangement né du désir de Stan Sakai de dessiner des dinosaures. L’ère secondaire ne le tentant pas, il a préféré transporter son héros fétiche vers le futur au sein d’un récit de S-F façon Guerre des Étoiles, sabres lasers compris évidemment. Dans les faits, s’il y aura bien quelques scènes avec des reptiles géants, c’est un véritable space-opéra dont ce projet a accouché. Extrêmement inspiré par l’œuvre cinématographique de Georges Lucas, le scénariste a habilement glissé sa version animalière du Japon féodal dans un cadre spatial rempli de fureur. Très limitée, l’intrigue ne sert vraiment que de prétexte pour présenter un thriller fait d’honneur bafoué, de traîtrise et de combats intergalactiques, sans oublier un peu de romance. De plus, libéré de certaines contraintes de sa série principale, l’auteur s’amuse comme un petit fou avec cette transposition et le lecteur aussi. Les amateurs apprécieront certainement l’apparition de Gen dans un rôle à la Han Solo.
Paru au début des années quatre-vingt-dix, Space Usagi date d’une des meilleures périodes du dessinateur. En effet, après une dizaine d’années à animer mensuellement son rônin à grandes oreilles, Sakai est au sommet de son art. Les planches sont denses sans être étouffantes, le découpage au cordeau et les personnages parfaitement en main. Seul maître à bord de sa création, il en maîtrise tous les aspects et s’autorise même quelques clins d’œil et emprunts subtils qui soulignent bien l’aura que Mœbius a pu avoir aux USA.
Curiosité réalisée avec maestria, Space Usagi est une lecture plaisir avant tout. Action, humour et, comme toujours, une morale sur l’importance de la parole donnée et le respect des codes sont au rendez-vous. À noter qu’en 2014, Sakai refera le même coup avec Senso, une adaptation anthropomorphique et nipponne de La guerre des mondes d’H. G. Wells.