Résumé: Un récit plein d'humour qui plonge dans les coulisses de cette institution nationale ! La Comédie-Française est l'une des plus anciennes institutions de France, qui a fêté ses 400 ans en 2022. À la fois indépendante et soumise à l'autorité, c'est l'Histoire de France qui s'est jouée entre ses murs. On attribue sa création à Molière, ce qui est faux... mais pas tout à fait !
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rois coups frappés. Les lourdes tentures cramoisies s’ouvrent lentement, dévoilant la scène, son décor, côtés cour et jardin. Les spectateurs impatients peuplent orchestre, baignoires, corbeille, balcons et galerie. La troupe s’élance, la pièce commence.
« Simul et singulis » - autrement dit « être ensemble et rester soi-même » -, la devise de la Comédie-Française, et sa ruche symbolique traduisent le foisonnement de cette institution quadri-séculaire. L’histoire de cette dernière, tout aussi riche que ses talents, a inspiré Michaël Le Galli et Virginie Augustin qui en livrent un premier tome, paru chez Rue de Sèvres.
Scénarisé à quatre mains, C’est la faute à Molière ! remonte aux prémices de ce haut lieu du théâtre et expose les nombreux rebondissements qui l’ont bousculé dès sa création. Plein d’allant, le récit montre d’abord comment la Comédie-Française a été l’héritière des Mystères médiévaux et de la Commedia dell’ arte. Il développe ensuite les querelles intestines entre les diverses troupes parisiennes financées et soutenues par nobles et princes, en s’attardant sur l’existence du célèbre Molière. Ce n’est qu’ailleurs que sept ans après la mort de Jean-Baptiste Poquelin que Louis XIV met fin aux rivalités en plaçant toutes les compagnies sous son patronage et en fondant le Théâtre français le 21 octobre 1680. Évidemment, tout ne s’arrange pas en un instant entre les acteurs de sensibilités et de genres différents et les soubresauts de l’Histoire s’en mêlent également. Ainsi, de la fin du règne du Roi Soleil jusqu’au début du Premier Empire, en passant par les Lumières et la Révolution, les scénaristes brossent un tableau contrasté des tribulations qui secouent l’institution, des dramaturges et sociétaires qui se succèdent. Ils s’attachent aussi à mettre en lumière le statut des comédiens et tragédiens (excommuniés d’office en raison de leur métier), de même que leur influence intellectuelle, sociétale voire politique, et montrent comment le répertoire classique s'est construit et étoffé.
Narré sur un ton léger, teinté d’humour, le récit n’a rien d’ennuyeux, bien au contraire. Il est, en outre, parfaitement servi par le dessin enlevé de Virginie Augustin. Son trait semi-caricatural croque avec bonheur les nombreux protagonistes, permettant aux lecteurs de reconnaître aisément les grands noms évoqués et de découvrir avec plaisir les figures moins connues aujourd’hui qui ont cependant fait la gloire de la Comédie-Française à leur époque. Le découpage et la variété dans la mise en page, laquelle s’affranchit parfois des cases ou de leurs contours, assurent une bonne dynamique malgré les nombreuses informations dispensées dans les phylactères.
Joyeux autant qu'instructif, Une histoire de la Comédie-Française. C'est la faute à Molière ! se déguste avec plaisir et saura séduire aussi bien les amateurs et amatrices de théâtre que les curieux et curieuses.